Droits TV : l'OM menacé, vraiment ?

C'est le genre de mauvaise nouvelle qui plonge un peu plus le foot français dans le dur en cette période de crise économique liée au Covid-19 : Canal+, principal diffuseur de la Ligue 1, a annoncé qu'il refusait de payer l'échéance à venir : soit 110 millions d'euros le 5 avril. L'autre échéance, de 85 millions d'euros le 5 juin prochain, est également en suspens. Canal+ argue le fait qu'il ne va pas payer pour des matchs qui ne sont pas joués. Même si le championnat reprend dans quelques mois, le rythme d'une journée de Ligue 1 tous les trois jours obligera Canal+ (et BeIN Sports) à mettre en place un multiplex et donc, il est fort probable que la chaine cryptée voudra négocier les sommes dues à la Ligue.

Les clubs de Ligue 1 en danger

Or, on sait que les clubs de L1 dépendent en partie des droits TV (en moyenne 36% des recettes et même 47% sans prendre en compte les transferts), par conséquent, si cette rentrée d'argent venait à chuter, dans le contexte actuel, cela pourrait devenir dramatique pour certains clubs. "Les clubs se creusent la tête aujourd'hui pour savoir comment ils vont réussir à équilibrer leurs comptes. Il faut savoir qu'ils sont en mode survie, car ils n'ont plus de rentrées d'argent. Plus de billetterie, plus de droits TV et un merchandising en chute libre" nous indiquait il y a quelques jours Thierry Granturco, avocat spécialiste du droit du sport. D'où le recours pour la plupart au chômage partiel pour déjà réduire la facture salariale en ne versant que 70% du salaire brut à leurs salariés. Certains observateurs aimeraient d'ailleurs que cette initiative aille plus loin en demandant aux joueurs, qui ne sont absolument pas dans le besoin financier, de se priver provisoirement de leur salaire.

L'OM a des arguments

Et l'OM dans tout ça ? Si les finances du club marseillais ne sont évidemment pas au mieux avec un déficit annoncé de 90 millions d'euros, l'OM peut se targuer de ne pas être autant dépendant des droits TV que les autres clubs. "On est potentiellement en danger, mais actuellement on est moins en danger que d’autres clubs car nous on a un actionnaire, alors qu’il y a des clubs dont la vie dépend des droits TV, rappelle Romain Canuti dans le Talk Show (voir la vidéo ci-dessus). Nous on a quelqu’un qui est riche et qui est en capacité de faire un chèque s’il y a vraiment un souci. L’OM ne peut pas disparaitre." La billetterie (généralement 10% des recettes des clubs de L1) représente également un point important dans les finances de l'OM par rapport aux autres clubs, encore plus depuis qu'il a repris la gestion commerciale du stade Vélodrome et peut donc compter également sur les concerts, séminaires ou autres événements sportifs organisés au sein de l'enceinte marseillaise. Sur la saison 2018-2019, les revenus tirés de la billetterie ont rapporté 19,741 millions d'euros à l'OM, comme le note le site Ecofoot.fr. 

Entre la possibilité de voir Frank McCourt remettre la main à la poche (attention, cela ne comptera pas pour le Fair Play Financier) et le potentiel actif des futures ventes de joueurs (lire : Mercato, les quatre Olympiens les plus cotés à l'étranger), l'OM peut au moins se dire qu'il a des arguments pour affronter la crise économique qui se prépare. Même si, on en est bien conscient, la situation sera loin d'être rose pour les dirigeants marseillais.