De la com' chez Balotelli ? Et alors ?

Les sorties de Christophe Dugarry sur l'OM sont monnaie courante. Comment lui en vouloir ? Il a été recruté à prix d'or par RMC pour être le poil à gratter, l'expert sans concession dans une émission qui porte son nom, il est donc obligé "d'envoyer du bois", de trouver des tacles un peu plus originaux que ceux du dimanche soir qui ne savent s'en prendre qu'aux arbitres et aux gardiennes de foot féminin. Lundi soir, il a trouvé un bel angle pour interpeller les supporters de l'OM sur Mario Balotelli. "Ne soyez pas aveuglés. Il est en campagne de presse présidentielle, arrêtons ! Balotelli, s'il part de l'OM, il va aller où ? Sincèrement. En Angleterre, il n'a plus le rythme et l'intensité. En Espagne, il ne fait que marcher. En Italie, ils n'en veulent plus. Il va aller soit en Chine, soit à l'OM. Donc il fait tout pour rester à l'OM, il a réussi à leur prendre un salaire astronomique. Il fait son show, il envoie des tweets, il fait des vidéos pendant les matches..." a expliqué l'ancien Olympien. Bien joué, Balotelli et OM dans l'intitulé, c'est le buzz assuré. Mais dans le fond, est-on sûr que le Bordelais fasse fausse route ? En arrivant à l'OM, Balotelli a surpris son monde avec ses sourires. Et si tout cela était stratégique ?

 

Pour avoir des éléments de réponse, nous avons demandé son avis à Mathieu Faure. Journaliste à Nice Matin, il est l'auteur d'une biographie sur le joueur Balotelli, Ange & Démon. Alors, est-ce que les premiers mois du joueur à Marseille lui rappellent ceux de l'Italien au Gym, est-il en campagne ? "C'est exactement le même schéma, pour l'instant c'est copié/collé. Il est attendu comme le Messie, il marque d'entrée, il fait le beau sur ses réseaux sociaux. Mario, il faut trois ingrédients pour que ce soit génial : qu'il marque, que l'équipe tourne bien et que ce soit la star. Si tu n'as pas l'un des trois, ça peut devenir compliqué à gérer. A Nice, c'était parfait pendant deux ans. Après, on l'a vu dans les déclarations avant le match retour, ses coéquipiers avaient envie de l'emplâtrer... Il est intelligent, il sait comment ça marche. Une fois, il devait monter à Paris pour une commission de discipline et il était allé se prendre en photo devant la tour Eiffel en disant en gros "C'est beau mais à Nice il fait encore plus beau", les supporters étaient en folie". 

Un coup préparé à Paris

Lundi soir, sur le plateau du Talk Show, Romain Canuti revenait sur la sortie du terrain remarquée de l'attaquant à Paris, en montrant ostensiblement l'étoile au-dessus de l'écusson du club à tous les fans parisiens. Vous pouvez retrouver l'extrait en vidéo. Cela n'était pas sans lui rappeler celle de Joey Barton en 2013, dans une rencontre où désormais on se souvient plus de son mime du nez de Zlatan Ibrahimovic que du score du match, à l'avantage de Paris. Encore de la com ? "Son fameux "Why Always Me ?", c'était lors d'un derby de Manchester, argumente Faure. Je pense qu'il a fait ça car il sait que ce sont des matchs à sens unique, que la hiérarchie est établie et que, sauf miracle, on connaît le résultat à l'avance. En faisant ça, il sait que les supporters vont se dire "on a perdu mais on a des bonshommes", il joue sur la fierté du public pour ce genre de rencontres, ça met du piquant, tout le monde est preneur. Ce n'est pas un hasard d'ailleurs si ce sont des joueurs étrangers qui s'aventurent à faire ça, parce que c'est la culture du football, alors qu'un français se ferait découper de toutes parts car ce serait pris au premier degré. Après, l'étoile, effectivement il ne faut pas être dupe, il y a un mois, il n'en connaissait pas la signification..."

Ce qui change du cas Barton

Pour autant, là où la théorie de Christophe Dugarry a ses limites, c'est quand elle se confronte aux réalités du rectangle vert. Mario Balotelli a déjà marqué cinq buts avec l'OM, et c'est bien ça qui peut créer des sentiments chez les habitués des virages, plus que n'importe quelle communication. Pour reprendre le cas de Joey Barton, au printemps 2013, alors qu'il n'était que prêté et que son bail prenait bientôt fin, il avait demandé à être de toutes les rencontres joueurs-supporters organisées. Comme pour se mettre l'opinion publique dans la poche. Sans compter ses interviews truffées de punchlines où il déclarait qu'il ne voyait aucun milieu de terrain qui lui était supérieur en Ligue 1. Au final, il n'y eut personne ou presque pour s'émouvoir de la décision de Vincent Labrune de recruter Giannelli Imbula plutôt que de négocier avec QPR un transfert définitif de l'Anglais. Malgré la tornade de communication, les supporters voyaient bien que le joueur n'avait pas pris le dessus sur Charles Kaboré, puis Alaixys Romao. Pour Mario Balotelli, tous les écrans de communication possibles n'y changeront rien. Ce qui fera que sa prolongation à l'OM soit un souhait sur toutes les lèvres, c'est son rendement, qu'il fasse la gueule ou des selfies. Merci quand même pour la mise en garde, Duga.