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Aldridge : pourquoi lui et pourquoi maintenant ?
SaisonPublié le 20/01 à 01:00

Aldridge : pourquoi lui et pourquoi maintenant ?

L'OM a fait appel à un spécialiste pour vendre ses joueurs en Premier League. Dans quel but exactement ?

Mercredi dernier, une petite bombe résonnait au sein du microcosme marseillais avec la révélation par L'Équipe du recrutement par l'OM de Paul Aldridge, un spécialiste des transferts en Angleterre, afin d'aider le club à placer certains joueurs en Premier League. Une information aussitôt considérée par les suiveurs du club comme un camouflet pour Andoni Zubizarreta, auteur d'un très bon recrutement au printemps dernier, mais ayant échoué à accomplir la mission que lui avait confiée Frank McCourt : réaliser plusieurs ventes afin d'équilibrer les comptes du club. L'arrivée en catimini de l'Anglais au carnet d'adresses fourni a forcément interrogé, et notamment au coeur du vestiaire puisque la réaction d'André Villas-Boas ne s'est pas fait attendre. Très proche de son directeur sportif, le coach portugais a clairement fait part de son étonnement et n'a pas caché ses doutes sur son avenir au club, étroitement lié à celui de Zubi. Des propos édulcorés dès le lendemain, avec l'annonce d'une discussion avec Jacques-Henri Eyraud et des mots réconfortants sur la suite de son aventure olympienne. Le début d'incendie est donc éteint, mais cette affaire laisse place à de nombreuses spéculations autour de l'avenir proche du club et des intentions de son propriétaire Frank McCourt. Tentons d'en faire le tour.

A première vue, le profil d'Aldridge laisse entrevoir bien plus qu'une simple cure d'austérité

Dans un premier temps, il faut savoir que Paul Aldridge n'est pas vraiment un agent, ni un directeur sportif, et qu'il ne vient pas dans ce rôle-là. C'est d'ailleurs ce qu'a précisé immédiatement le président olympien dans les colonnes de L'Équipe : "Paul est une sorte de conseiller spécial qui nous apporte ses compétences dans un certain nombre de domaines. Sa mission ne s'arrête pas aux transferts, il va m'aider en matière de Fan Experience, d'événementiel et d'infrastructures". On retiendra surtout la partie transferts, car il n'est pas certain que la Fan Experience soit le motif majeur de la venue l'Anglais. Des transferts qu'il faciliterait donc grâce à son entregent auprès des décideurs de Premier League, même si JHE tient à préciser que le directeur sportif de l'OM se nomme plus que jamais Zubizarreta : "Les cessions de joueurs font complètement partie du champ de compétences d'Andoni. Aucune cession ne se fait sans qu'il soit consulté". Vu la tirade d'AVB, il était bon de le préciser. Alors, pourquoi faire appel à un consultant si Zubi reste maitre en matière de ventes de joueurs ? La première réponse renvoie évidemment à la situation financière alarmante de l'OM et à son besoin d'équilibrer ses comptes, ce que n'est pas parvenu à faire Zubi l'été dernier. La deuxième réponse est étroitement liée à la première, mais elle interroge tout de même sur le timing. En effet, pourquoi chercher à "nettoyer" l'effectif olympien dès cet hiver, sachant que l'équipe est en plein sprint vers la Champions League ? Son remodelage aurait bien plus de sens l'été prochain, sachant que certains joueurs sont en fin de course sportivement, que d'autres voient leur fin de contrat approcher, et enfin qu'il faudra le renforcer copieusement afin de figurer correctement dans la reine des compétitions. De quoi se poser des questions, d'autant que le profil d'Aldridge laisse entrevoir bien plus qu'une simple cure d'austérité. On ne parlera pas de liquidation avant travaux, mais d'autres le pensent. On se souvient d'ailleurs que le journaliste Geoffroy Garétier évoquait en octobre dernier sur le plateau de Canal Plus un intérêt en provenance d'un pays du Golfe, comme il l'explique de nouveau au Phocéen : "C'est une info qui provient d'une source sérieuse, ce qui ne veut absolument pas dire que McCourt souhaite vendre l'OM. En revanche, le club intéresse des investisseurs du Golfe, c'est sûr".

"En gros, il préparait les clubs, et une fois vendus, il restait pour assurer la période de transition"

Pour en revenir au profil de Paul Aldridge, le journaliste spécialiste du football anglais Romain Molina le définit pour Le Phocéen : "Ceux qui le connaissent bien savent que son rôle principal dans tous les clubs où il est passé était de préparer le terrain à une revente. Ce fut le cas à City, à Leicester, à West Ham, à Sheffield ou à Bolton. On peut dire qu'il est parfois border line, mais il a fait du très bon boulot, notamment à Bolton où il a su garder le club en vie malgré d'immenses difficultés pour permettre à un repreneur de venir. Il a vraiment sauvé des clubs en très mauvaise posture. En gros, il préparait les clubs, et une fois vendus, il restait pour assurer la période de transition, puis il partait vers d'autres aventures. Il est un conseiller spécial pour ce genre d'opérations auprès des clubs vendeurs, mais aussi des acheteurs, il est au milieu. C'est un londonien plutôt sympa, ami avec les principaux agents. Encore une fois, ce n'est pas un agent ni un directeur sportif, il fait du business". Un businessman implanté dans le football depuis de longues années, contacté et embauché par Frank McCourt, même si, pour le moment, c'est Jacques-Henri Eyraud qui assume sa venue, et les conséquences qui vont avec.

Paul Aldridge confirme au Phocéen que son rôle n'a rien à voir avec un quelconque projet de vente...

Des infos et un profil qui, évidemment, peuvent insinuer que le propriétaire de l'OM préparerait le terrain pour une éventuelle vente du club, ou tout du moins un assainissement de sa situation en vue de quelque chose qui ressemblerait à ça. Il faut dire que le recrutement d'un spécialiste du marché anglais s'explique tout de même difficilement autrement, comme nous l'affirmait cette semaine Eric Roy, le nouveau directeur sportif de Watford : "Je ne pense pas que la Premier League soit un marché spécial, même s'il y a plus d'argent qu'ailleurs. Je ne vois pas l'intérêt de passer par un facilitateur de transferts. Après, l'OM a certainement identifié des besoins pour se sentir obligé de faire appel à quelqu'un". Ces besoins, pour l'instant, ne sont expliqués que par l'obligation pour l'OM de se montrer plus performant sur la vente de ses joueurs, quand d'autres clubs français multiplient les affaires avec les clubs anglais. On écartera donc le spectre d'un projet de vente, d'autant que Paul Aldridge, s'il ne souhaite pas accorder d'interview, a confirmé hier dimanche au Phocéen que ces spéculations n'étaient absolument pas fondées, et que son rôle au sein du club n'avait rien à voir avec ce type de tâche. Évidemment, dans le cas contraire, sa réponse aurait probablement été la même. Mais, le fait de se montrer ouvert à la discussion indique tout de même que l'Anglais ne vient pas à l'OM dans le cadre d'une opération secrète ni dans un rôle obscur. C'est en tout cas ce que l'on peut en déduire, histoire de ne pas se focaliser encore sur un fantasme qui a déjà tenu en haleine les supporters lors de la dernière décennie, et qui n'est pas censé se représenter de sitôt. En attendant, l'OM est toujours un beau deuxième au classement, AVB n'a pas l'intention de quitter le bateau et Zubi reste son directeur sportif. Et c'est beaucoup mieux comme ça, même s'il n'est pas interdit de se poser des questions...