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Mercato : le virage "jeunes" de l'OM
MercatoPublié le 16/05 à 07:00

Mercato : le virage "jeunes" de l'OM

Après le Champions Project, le retour du Projet Dortmund ? Rassurez-vous, l'OM n'a pas l'intention d'accoler un nouveau slogan à son prochain projet. Mais, selon les dernières déclarations de Jacques-Henri Eyraud, le club olympien va clairement opérer un nouveau virage à l'intersaison en déplaçant le curseur de son prochain recrutement. Puisque les trentenaires "immédiatement opérationnels" ont failli dans leur mission de propulser l'équipe sur le podium, tout en gonflant la masse salariale dans des proportions délirantes, place maintenant à un mercato rajeuni, à l'image de ce qui a été amorcé l'été dernier avec les arrivées de Caleta-Car et Radonjic. Une décision assez logique, finalement, à condition d'être capable de la mettre en pratique, sachant que l'équilibre entre trading et résultats sportifs ne tient qu'à un fil.

JP Durand : "Avec les jeunes, il faut toujours prendre en compte le facteur temps"

On a évidemment en tête l'exemple monégasque, qui a merveilleusement bien marché ces dernières années, mais qui a été poussé à l'extrême cette saison avec de grosses sommes misées sur des gamins comme Geubbels (Lyon, 20 M€), Henrichs (Leverkusen, 20 M€), Pierre-Gabriel (ASSE, 6 M€), Panzo (Chelsea, 3 M€) et bien d'autres. Un échec total. Même chose pour Lille la saison précédente, avec une volonté assumée de tout miser sur le trading et un maintien obtenu sur le fil à la dernière journée. L'OM est-il capable d'assumer une saison de ce genre avec une équipe de jeunes prospects ? Pas sûr du tout. En fait, ce virage peut s'avérer très intéressant, mais il ne faut pas se planter sur le dosage, comme l'explique au Phocéen Jean-Philippe Durand, ancien responsable du recrutement olympien, aujourd'hui recruteur en France pour l'Eintracht Francfort : "Avec les jeunes, il faut toujours prendre en compte le facteur temps, car il est impossible de savoir s'ils seront opérationnels tout de suite. Ce n'est pas gênant à condition que l'équipe soit aussi dotée de cadres expérimentés, en revanche, ne tabler que sur des jeunes est une grosse prise de risque. Mais, ce qui est dommage, c'est que les nouveaux dirigeants ne l'aient pas fait dès le départ. Par exemple, les arrivées d'un ou deux cadres comme Gustavo et Rami étaient des bonnes décisions. Mais, par la suite, il fallait enrichir l'effectif avec des jeunes à fortes capacités de développement. Là, ils vont faire différemment par la force des choses".

Les exemples Ajax, Dortmund, Salzbourg... et Lyon

Une obligation dictée par la situation financière du club, mais qui peut s'avérer payante à condition d'être bien menée. On pense évidemment au travail de l'Ajax Amsterdam, de Dortmund, de Salzbourg, mais aussi de Lyon en Ligue 1. Sous la houlette de Florian Maurice, le club de Jean-Michel Aulas réussit régulièrement de très bons coups sur le marché des jeunes, en plus des éléments issus du centre de formation. Résultat, il s'est constitué un véritable trésor de guerre tout en assurant de bons résultats. "C'est une stratégie sportive assumée, explique Durand. Lorsqu'ils ont payé Ndombélé 8 M€ à Amiens, Mendy 5 M€ au Havre, ou Terrier 11 M€ à Lille (plus bonus), tout le monde a trouvé ça très cher. Regardez combien valent ces joueurs aujourd'hui. Et ce n'est pas fini, car ils ont pris Oumar Solet à Laval, un jeune défenseur central (19 ans) à très fort potentiel. Ils n'ont pas 100 % de réussite, mais c'est une stratégie soutenue par toutes les composantes du club, et ça marche".


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Au-delà du fait que la cellule recrutement dirigée par Andoni Zubizarreta et Albert Valentin va devoir montrer son savoir-faire dans ce secteur (s'ils sont toujours là), l'OM devra surtout trouver le bon chef d'orchestre pour mettre cette stratégie en musique. Certainement le challenge le plus délicat, car on a vu avec Rudi Garcia que les entraîneurs se soucient rarement de l'équilibre financier et de l'avenir. "C'est comme n'importe quel entraîneur, plaide Jean-Philippe Durand. Ils raisonnent à court terme et ne sont pas du tout concernés par ce qui va se passer dans quatre ou cinq ans. Souvenez-vous de Didier (Deschamps) lorsqu'il est arrivé. Il a bâti un effectif pour gagner à court terme sur deux ou trois ans, sans forcément avoir une réflexion étendue sur le long terme, et ça a marché. Mais, c'est le cas de tous les entraîneurs ou presque". L'OM de Labrune avait misé sur Bielsa pour cela, et on a vu le résultat final. En revanche, on peut constater que les achats de l'époque comme Batshuayi, Thauvin, Mendy, Imbula ou Lemina ont tous généré des plus-values, même si les performances n'ont pas toujours été au rendez-vous. On en arrive donc forcément à la même conclusion : oui aux jeunes, mais la priorité reste de trouver le bon entraîneur...