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"West Ham a les moyens de dire non"
InterviewPublié le 12/01 à 15:45

"West Ham a les moyens de dire non"

Il y a six ans, Dimitri Payet n'était pas loin de partir au clash avec son club d'alors, Saint-Etienne, pour rejoindre... le PSG. Le dernier jour du mercato hivernal, il s'était même rendu en train dans la capitale, au cas où son transfert s'accélère dans les derniers instants et qu'il faille signer son contrat à la hâte. Désormais, c'est de l'OM que le milieu offensif rêve, du Vélodrome, son jardin, ce qu'il n'avait pas manqué de rappeler lorsqu'il était revenu, et qu'il avait marqué, avec l'équipe de France contre l'Albanie à l'Euro. En six ans, la mine des mauvais jours de Christophe Galtier est allée s'installer sur la face de Slaven Bilic comme si de rien était. Mais l'issue pourrait être similaire. Parce que Payet évolue désormais en Premier League, un championnat où les clubs ont suffisamment d'argent pour ne pas se faire manquer de respect par un joueur, même s'il peut être considéré comme une grosse valeur marchande. West Bromwich Albion pouvait vendre Saïdo Berahino près de 25 millions d'euros il y a un an à Tottenham. Mais les dirigeants n'ont pas voulu céder aux exigences du joueur. Réserviste, il va quitter le club de Birmingham en fin de contrat à l'issue du présent exercice par la petite porte : les Baggies n'ont pas eu besoin de le vendre pour recruter à son poste et désormais, il n'est qu'une simple solution de repli. Est-ce le sort qui attend Dimitri Payet ? Ou a-t-il une chance de faire plier ses dirigeants pour rejoindre l'OM ? La partie s'annonce plus que serrée. Même Carlos Tevez, qui partait faire des parties de golf en Argentine lorsqu'il était mis à l'écart à Manchester City en 2011, n'a pu quitter les Citizens pour la Juve qu'en 2013, lorsqu'il a accepté de faire une saison entière avec le champion sortant. Alors que le bras de fer vient de commencer, Bruno Satin, agent de joueurs, donne son avis sur les forces en présence.

Que pensez-vous de cette tendance des joueurs qui vont de plus en plus facilement au bras de fer avec leur club ?

Bruno Satin : "Il y a malheureusement une évolution partagée et qui s'est généralisée ces dernières années, dans le sens où chacun veut être plus fort que l'autre. Vous avez des joueurs qui en viennent au bras de fer parce qu'ils veulent partir, ou qu'ils n'ont pas le contrat qu'ils veulent, mais ces comportements radicaux se sont aussi généralisés au niveau des clubs. Avant, le joueur qui n'était plus désiré pouvait s'entraîner avec les autres, jouer des matches amicaux en début de saison pour faciliter son départ, alors qu'aujourd'hui, c'est direct dans le loft avec un entraîneur particulier. Les relations sont devenues très dures des deux côtés. Les enjeux financiers sont tels que celui qui veut partir, ou rompre le contrat, va jusqu'au bout en se disant que la pression qu'il exerce va finir par opérer".

Sauf qu'aujourd'hui les clubs anglais peuvent se permettre de dire non...

BS : "Effectivement, compte tenu de cette manne financière dont les clubs anglais disposent, il y a de plus en plus d'exemples où les clubs décident de ne pas céder, quitte à laisser les joueurs dans les tribunes et sur le banc en continuant de les payer, sans mettre le club en danger. Le seul truc qui peut entrer dans les négociations, c'est ce que pense la femme du joueur, qui joue un rôle important. Si elle n'est pas bien dans la ville, c'est ce qu'ils sortent en général pour argumenter, elle peut vraiment jouer un rôle. Ça peut se comprendre si ça se passe au fin fond de la Chine ou de la Russie, mais à Londres...".

West Ham peut-il résister à la pression de Payet ?

BS : "Pour ce cas, il y a un vrai risque que Sullivan dise simplement non à Payet, car il peut se le permettre. Lorsqu'il a prolongé son contrat avec West Ham et qu'il a vu son salaire doublé, Dimitri était content, non ? Alors que c'était le même club, le même entraîneur et le même président. Mais c'est un club particulier, avec des propriétaires particuliers, qui viennent de l'industrie. Si à la fin ils considèrent que c'est un bon deal pour eux, ils le feront, mais c'est un risque sportif vu l'importance de Payet dans l'équipe et leur classement. Il faut se rappeler qu'avant West Ham, ils avaient Birmingham et que le club est descendu en D2".

Ce serait un bon deal pour l'OM, selon vous ?

BS : "Je suis assez sceptique sur le bien-fondé de cette opération et sur le prix qu'elle coûte. Bien sûr, les nouveaux dirigeants veulent frapper un grand coup et marquer l'opinion, mais ça ne me semblait pas être le secteur de jeu où l'OM avait le plus de besoins. Si Payet accepte d'aller à l'OM pour la moitié de son salaire, pourquoi pas, mais ça m'étonnerait. Il faudra lui donner ce qu'il gagne là-bas".