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Son OM, sa vie... Chris Waddle se confie au Phocéen
InterviewPublié le 26/02 à 01:00

Son OM, sa vie... Chris Waddle se confie au Phocéen

Magic Chris revient sur ses années de rêves à Marseille qui ont fait de lui l'un des Olympiens les plus adulés de tous les temps.

Si l'OM a compté dans ses rangs d'innombrables grands joueurs au cours de sa longue histoire, ils ne sont pas si nombreux à être entrés au panthéon des légendes éternelles du club. Le cercle est même très restreint, et à la fin des années 80, un drôle de British a su s'y faire une place de choix, pour toujours. À l'été 1989, Bernard Tapie annonce l'arrivée de Chris Waddle pour 45 millions de francs, le troisième plus gros transfert de l'histoire à l'époque, après ceux de Maradona au Napoli et de Gullit au Milan AC. Une vraie surprise, car si Magic Chris était déjà une idole en Angleterre sous le maillot de Tottenham, son nom ne nous disait pas grand-chose car, à l'époque, les équipes anglaises étaient interdites de coupes européennes et les images tv du championnat anglais étaient très rares. Mais, après trois premiers mois laborieux, la légende de ce dribbleur diabolique au sens du spectacle affirmé et aux coupes de cheveux cultes va naitre et ne s'éteindra plus jamais. Mieux : Chris Waddle restera peut-être le seul Olympien a être applaudi et adulé partout, même dans les stades les plus hostiles à l'OM. A 59 ans, le gaucher magique de la plus grande période olympienne, chouchou absolu du Vélodrome durant trois ans, s'est longuement confié au Phocéen. Interview :

Chris, te souviens-tu de ton arrivée à l'OM ?

Chris Waddle : "Bien sûr, c'était en juillet 1989. Je me souviens que j'étais totalement déphasé lorsque je suis arrivé en France. Je n'avais joué qu'en Angleterre jusque-là, et j'ai eu beaucoup de mal à m'adapter au début. Nous étions en été, et je souffrais énormément de la chaleur à Marseille, à l'entraînement comme en match. Au point que je me posais des questions sur la suite. La chaleur, mais aussi la nourriture, la langue. Tout était difficile pour moi, même d'acheter du pain ou d'aller faire des courses. Résultat : j'étais totalement à la rue physiquement et ça a duré trois mois. De plus, j'avais une pression énorme compte tenu du prix de mon transfert par rapport à mes dirigeants. Je leur ai dit de me donner trois mois pour prouver que je valais ce qu'ils avaient investi sur moi, et que si ça n'allait toujours pas, on trouverait une solution. Mais, petit à petit, les choses se sont arrangées. Ma famille est arrivée, j'ai trouvé une belle maison à Aix-en-Provence, et tous les problèmes ont été résolus"

Tu te souviens du déclic, du match qui a tout changé ?

CW : "Parfaitement ! C'était un OM-PSG en octobre (2-1), je crois. J'avais emménagé dans ma maison le lundi, et on jouait Paris le vendredi suivant. J'ai senti que j'étais enfin au point physiquement et mentalement. Ce soir-là, j'ai joué un sale tour à Joël Bats en faisant passer le ballon par-dessus lui et en marquant à l'aveugle avec le talon. C'était le début de ma carrière à l'OM, en fait. Une histoire fantastique, et pas seulement à Marseille, car j'étais très bien reçu partout en France. Les supporters de tous les clubs étaient très sympa avec moi. Je pense qu'ils appréciaient mon jeu parce que j'aimais faire le spectacle. Je voulais gagner, bien sûr, mais j'aimais aussi le jeu, amuser le public. C'était mon idée du football. En tout cas, ce fut le début d'une formidable aventure. Hormis les trois premiers mois, j'ai aimé chaque seconde des trois années que j'ai passées à Marseille"

Et puis il y a ton but face au Milan AC au Vélodrome en quart de finale de la C1 en 1991. Un but pour l'éternité...

CW : "Bien sûr ! C'était un super but, mais surtout un grand match. À l'époque, Milan avait la plus grande équipe du monde, tout le monde rêvait de les battre. Nous, on était l'équipe qui montait en Europe et on savait que si on les éliminait, on allait franchir un palier pour rejoindre le sommet. On a fait 1-1 à l'aller à San Siro dans un match très rude, et en rentrant à Marseille, on savait qu'on était capable de les battre. Il y avait quand même des monstres comme Baresi, Maldini, Gullit, Rijkaard, Van Basten, Ancelotti et ces mecs savaient comment gagner. Ce soir-là, ce fut un match très dur, très tactique, sans espaces et avec beaucoup de coups. Et puis soudain, à 20 minutes de la fin, il y a eu cette longue transversale d'Abedi vers la droite que Jean-Pierre dévie de la tête. Le ballon vient vers mon pied droit, mais je décide de frapper en pleine course et ça va au fond. Un but de fou, même si j'avais pris un coup sur la tête et que je n'avais plus les idées très claires (rires). On m'a dit que le stade avait tremblé ce soir-là. Mais, ce n'était pas une expression, il a vraiment bougé !"

Le plus mauvais souvenir, c'est certainement la suite à Bari, non ?

CW : "Pfff... on aurait dû être champion d'Europe cette année-là. L'Étoile Rouge de Belgrade, on les aurait joués dix fois, on aurait gagné neuf fois, mais on est tombé sur la mauvaise. Quand j'y repense, je suis persuadé qu'on aurait pu la gagner chaque année, car je n'oublie pas l'année précédente avec le but de la main à Benfica, et même celle d'après quand on se fait sortir par le Sparta Prague parce qu'on était trop confiants. On aurait vraiment dû la gagner trois fois. Tu imagines les équipes qu'on avait, avec Papin, Abedi, Sauzée, Mozer, Di Meco, Boli... C'était très dur à vivre pour moi, mais on a vécu une aventure fantastique avec les supporters. Ils étaient incroyables, si fanatiques, ils allaient partout où on était, je n'ai jamais connu une telle ferveur. On jouait un football fabuleux dans une ambiance inégalable. Si quelqu'un m'avait demandé comment je souhaitais jouer au football, c'était celui-là, celui qu'on a joué à l'OM"

Peut-on savoir ce que tu fais maintenant ?

CW : "Je vis toujours à Sheffield et je travaille comme consultant à la BBC et sur Radio Five. Je commente l'actualité du football, je donne mon ressenti de joueur, j'explique pourquoi il faut donner le ballon à droite et pas à gauche, pourquoi cette recrue est bonne et pas une autre. Je fais la même chose que mon pote Éric Di Meco, mais en anglais (rires). Sinon, je joue encore un peu avec les anciens le weekend, quand je ne travaille pas. Enfin... on joue sur un petit terrain hein, faut pas exagérer !"

Enfin, que penses-tu de la saison actuelle de l'OM et de son entraîneur André Villas-Boas ?

CW : "C'est un jeune entraîneur de talent qu'on a bien connu dans le championnat anglais. Je trouve qu'il fait un super boulot avec l'OM cette année, et pas que dans le jeu. Il a aussi été bon dans le recrutement l'été dernier. De plus, il est en train de ramener le club en Champions League, et là, on pourra considérer qu'il a vraiment fait le job. Allez l'OM !".