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OM : "Villas-Boas peut absolument tout faire"
InterviewPublié le 20/11 à 01:00

OM : "Villas-Boas peut absolument tout faire"

La personnalité du coach de l'OM vue par un grand agent portugais.

En haussant le ton ces dernières semaines en conférences de presse, André Villas-Boas a démontré qu'il avait de nombreuses cordes à son arc en se montrant très protecteur vis-à-vis de ses joueurs, même s'il est parfaitement conscient des difficultés dans le jeu de son équipe. Une facette de sa personnalité que l'on ne connaissait pas encore et qui vient s'ajouter à celle du coach séducteur que l'on avait découverte la saison dernière. De quoi tenter de percer l'image de cet entraîneur atypique qui entretient régulièrement le mystère sur son avenir, que ce soit à l'OM ou carrément dans sa profession. Lucidio Ribeiro est un agent historique au Portugal, où il s'est notamment occupé d'entraîneurs ou de stars africaines comme Rabah Madjer ou Rashidi Yekini. Il a ainsi réalisé plus de 400 transferts en Europe. Président de DCI Sport, il organise également depuis des années des matchs amicaux avec des clubs européens ou des sélections nationales. Autant dire que le football portugais et ses entraîneurs n'ont aucun secret pour lui. Pour Le Phocéen, il décrit la personnalité d'André Villas-Boas, ainsi que l'image qu'il véhicule dans son pays. Interview :

En termes de popularité, à quelle place se situe André Villas-Boas parmi les entraîneurs au Portugal ?

Lucidio Ribeiro : "Parmi les trois premiers, sans problème, avec José Mourinho et Jorge Jesus. Ils ont chacun des qualités différentes, et en ce qui concerne Villas-Boas, il est considéré comme un innovateur. C'est un passionné, très ambitieux, et il a choisi l'innovation pour parvenir à ses objectifs. Il a une vision futuriste du métier et du monde du football".

Peut-être parce qu'il n'a pas été footballeur professionnel ?

LR : "Oui, mais des coachs comme Mourinho, Jardim ou Carlos Queiroz ne l'ont pas été non plus. Villas-Boas a appris avec des mentors comme Bobby Robson et Mourinho, et il n'était pas un homme de terrain au départ. Il avait cette ambition dès l'âge de seize ans, lorsqu'il a écrit une lettre à Robson qui entraînait Porto à l'époque pour lui faire part de ses observations. Robson a été surpris par son audace et il l'a fait venir dans les équipes de jeunes. Mais son travail était d'observer des joueurs ou des matchs, de faire des rapports écrits. Il a ensuite enchaîné avec Mourinho, toujours dans le même rôle, pour observer les adversaires. Il a cette particularité de savoir lire le jeu et les qualités d'un joueur. Aujourd'hui, il continue de toujours vouloir innover, de faire autre chose que ce qui se fait déjà, que ce soit tactiquement ou dans les entraînements. Il lui arrive de faire des erreurs et il s'en sert pour progresser. Je suis sûr qu'il va aller encore beaucoup plus loin".

À Marseille, on a rapidement souligné son habileté dans la communication. C'est le cas aussi au Portugal ?

LR : "Oui, c'est une de ses qualités. C'est un vrai leader que l'on va suivre, que ce soit ses joueurs ou les journalistes. Il sait motiver les gens, car il les a déjà observés au préalable. Il a un abord assez froid au début, mais il veut connaitre les joueurs sur le plan humain et mental, afin de savoir comment les approcher et en tirer le meilleur. Comme Mourinho, il est très rigoureux avec eux, mais il est aussi leur ami. Dans leur immense majorité, tous les joueurs qui ont joué sous leurs ordres vous diront qu'ils les aiment, car ils ont confiance".

Que pensent les Portugais de son choix d'avoir signé à Marseille l'année dernière ?

LR : "Il est considéré comme quelqu'un de très intelligent, donc s'il a fait ce choix, c'est qu'il a ses raisons. Il a créé une image de quelqu'un qui peut absolument tout faire, comme être président de Porto un jour par exemple. C'est un de ses objectifs et il peut y parvenir. Pour le moment, il sait que le club est dirigé par un président qui est très respecté des socios, donc la première chose qu'il a dite, c'est qu'il ne se présenterait jamais contre lui. Mais, une fois que Pinto Da Costa partira, il a de grandes chances de lui succéder s'il le souhaite".

Comment expliquez-vous sa réussite, qui est quand même très particulière au vu de son parcours, mais aussi celle des coachs portugais actuellement ?

LR : "Je pense que Mourinho et Villas-Boas ont ouvert une nouvelle voie, celle de la modernité. Ils ont inspiré beaucoup de jeunes. D'ailleurs, il y a énormément de jeunes entraîneurs portugais qui commencent à se montrer au Portugal. On en trouve aussi dans de très bonnes équipes un peu partout dans le monde. Ils ont ce profil, entre 30 et 45 ans, et n'ont pas été de grands joueurs. Ils ont développé cette formation qui n'est pas tellement basée sur le jeu, mais plus sur la connaissance des joueurs, sur la psychologie. Par rapport à d'autres pays, ils ont un peu d'avance là-dessus, car ils tirent le maximum de leurs joueurs, y compris sur le plan humain. C'est d'ailleurs ce qu'a réussi à faire Zidane au Real Madrid où les joueurs jouent aussi pour lui, et je pense que c'est ce qui s'est passé à Marseille avec Villas-Boas".

Enfin, est-ce qu'on peut l'imaginer un jour sélectionneur du Portugal ?

LR : "Je ne sais pas si ça l'intéresse, mais il a les compétences pour l'être. Je pense qu'il serait le bienvenu pour tous les Portugais, comme Mourinho d'ailleurs. Les deux seraient très bien accueillis par le public".