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NextGen : "On mélange tout quand on parle de formation à l'OM"
InterviewPublié le 13/12 à 15:00

NextGen : "On mélange tout quand on parle de formation à l'OM"

Entretien avec Christophe Poujol pour mieux comprendre le projet OM Next Génération.

C'est une annonce qui a fait grand bruit. Le club du Burel a décidé de quitter le projet OM Next Generation. Un symbole, pour certains, de la coquille vide que représentait le projet initié dès sa prise de fonction par Jacques-Henri Eyraud et Andoni Zubizarreta pour se rapprocher des équipes de la région. Pour eux, le décalage est grand entre ce que le président de l'OM pouvait dire à l'époque de l'inauguration, que vous pouvez retrouver en vidéo, et les faits, aujourd'hui. Mais ce n'est pas l'avis de tous. Si trois clubs ont décidé de rompre leur partenariat avec l'OM, les 21 autres restent dans le programme. Et ont fait savoir samedi soir tout le bien qu'ils en pensaient, via un communiqué. Le Phocéen a donc décidé d'interviewer celui qui l'a rédigé, Christophe Poujol, secrétaire général du CA Plan de Cuques. 

Christophe, vous avez fait un communiqué pour annoncer le maintien de 21 clubs dans le projet OM Next Generation (voir ci-dessous). La dernière fois qu'il y a eu des communiqués pour l'OM, c'était dans l'été, avec des fautes d'orthographe... là c'est nickel. A tel point que certains se demandent si le club n'a pas aidé... 

Christophe Poujol : "Ce communiqué, il vient d'un appel que j'ai passé à Frank Borrelli (responsable à l'OM de la relation avec les clubs NextGen). Je voulais lui apporter mon soutien, lui dire que je trouvais scandaleux ce qui se disait sur le partenariat. Il m'a dit que les trois clubs qui s'arrêtaient, c'était une chose, mais que les vingt autres l'avaient aussi appelé. Donc je me suis proposé de les contacter pour faire un communiqué commun. J'ai pris mon ordinateur, je peux vous envoyer l'historique des messages si vous voulez, vendredi soir je les ai tous contactés par mail. J'ai commencé a rédiger un premier communiqué sur ce que je ressentais. Tous m'ont répondu, et certains m'ont fait des propositions de rajout, sur ce que le OM NextGen leur apportait à eux. J'ai essayé de tout mettre". 

Qu'est-ce que vous avez trouvé scandaleux ?

C.P : "On mélange tout. Je vois de partout des commentaires pour dire depuis le retrait de ces trois clubs que la formation c'est de la merde, que c'est toujours copinage et compagnie dans ce club, qu'on ne sort pas un seul jeune, que le projet OM Next Generation ne sert à rien, la preuve, Lihadji signe à Lille. Effectivement, il s'est sûrement passé des choses pas très logiques dans ce centre de formation par le passé, mais là, on parle de post-formation, ce n'est pas pareil. Nasser Larguet et Frank Borrelli, c'est tout sauf copinage. Je trouvais ça injuste. Parce que l'OM nous donne énormément en temps, en séances techniques chez nous, en invitant les enfants à faire des plateaux sur les campus, en invitant nos meilleurs joueurs dans leurs entraînements, des formations sur le web sur la préparation physique, préparation mentale... et pour tout ça, la seule contrepartie, c'est de signaler un joueur quand il est bon, d'inciter les familles à se rapprocher de l'OM. Depuis deux ans et demi, on nous donne et derrière, on se doit juste d'être fidèle, ça me semble logique. Et ça n'avait jamais été fait. J'avais envie que cela soit un peu plus entendu dans les médias". 

Ce genre de réaction à Marseille, c'est un peu la norme. Il suffit que l'équipe réserve perde un match en National 2 pour qu'on remette en cause tout le processus de formation... 

C.P : "Ce sont les mêmes personnes qui vont siffler le petit Maxime Lopez, comme ils l'ont pris en grippe ces dernières années, et qui vont se plaindre ensuite du peu de joueurs marseillais dans l'effectif... Il faut arrêter. Il y a peu de chances qu'un jour on ait les moyens du PSG. Par contre, si on s'inspirait de ce qui se fait à Lyon ? Alors eux, ils ont commencé il y a 20 ans, donc c'est vrai qu'on a du retard. Il faut du temps. Là, l'OM vient nous chercher des enfants de 13 ans, ils ne vont pas démarrer avec les pros l'année prochaine. On verra s'ils ont fait les bons choix dans 5 ans. Après attention, ce projet reste perfectible..."

Il est perfectible parce que ça reste les familles qui décident où un enfant va jouer ? Et c'est normal, on parle d'êtres humains...

C.P : "Nous, on a envoyé trois petits à l'OM. Quand on reçoit des sollicitations d'autres clubs, la moindre des choses, c'est de décrocher mon téléphone pour prévenir Frank Borrelli. Mais on ne met pas de frein, la famille fait ce qu'elle veut. Mais quand on discute avec un petit, ce qui le fait rêver, c'est l'OM. On parle d'enfants, ce ne sont pas eux qui vont te dire "qui a sorti l'OM ces dernières années en jeunes ?". Il faut faire du ménage chez les pseudo-recruteurs derrière. Vous savez qu'il y a des organisations qui proposent à des parents de payer une adhésion de 30 euros l'année, et derrière ils organisent des matchs de détection où il faut encore payer 80 euros pour faire jouer son enfant sous les yeux de recruteurs ? Il y en a d'autres qui proposent des cours particuliers, comme si c'était du tennis, pour 30 euros l'heure. Les petits sont dans des clubs structurés mais les parents payent car ils veulent qu'ils soient les meilleurs et qu'ils percent... C'est la réalité d'aujourd'hui. Après, parmi les clubs partenaires, il y a des clubs qui sont "esprit élite" on va dire, et il y a des clubs où l'OM fait beaucoup de social. Je n'ai rien contre, au contraire, c'est beau de les soutenir autant, de tisser du lien avec des quartiers délaissés, mais il faudrait parvenir à dissocier, faire des clubs satellites, un club à l'est, un club à l'ouest, pour drainer les meilleures promesses". 

Vous le prenez mal si on dit que le projet OM NextGen, c'est de la communication ? 

C.P : "J'ai toujours dit que c'était la moins chère des campagnes promotionnelles. Un 4x3 ou des spots à la radio ça chiffre plus. Si on prend tous les licenciés des clubs partenaires, on est quand même sur 10 000 familles. Si vous faites la somme de ce que le club débourse... Alors j'espère que ce n'est pas que pour ça, et je ne le ressens pas comme ça. Ils ne se contentent pas d'envoyer quatre places pour le Vélodrome et trois ballons. L'idée, c'est que si ça permet de fédérer dans les tribunes, autour du club, tant mieux. Je ne suis pas dupe, j'ai 47 ans, j'ai une vie professionnelle à côté. Mais au départ, quand Eyraud arrive, tous les clubs étaient contre l'OM. Maintenant, il y a du dialogue". 

Mais du coup, les clubs qui s'en vont, on peut aussi se dire que c'est de la communication, dans l'autre sens ? 

C.P : "Je pense qu'il faut séparer le Burel, d'Endoume et Châteauneuf-les-Martigues. Les deux derniers, c'est l'OM qui souhaitait arrêter pour des raisons diverses. Le Burel, ça a un effet retentissant parce que c'était la figure de proue du projet avec Maxime Lopez. Mais ils n'ont jamais joué le jeu. Ils sont partenaires depuis trois ans et ils n'ont cessé de communiquer sur des petits qui vont à Montpellier, à Saint-Etienne, à Nice. Après ce sont des choix, je ne sais pas ce qu'ils gagnent ou ce qu'ils ne gagnent pas, ça ne me regarde pas. Et je ne vais pas comparer le CA Plan-de-Cuques au Burel. C'est assurément la meilleure équipe de pré-formation. Chez les débutants il n'y a pas meilleure école de foot que le Burel. Ils voulaient peut-être frapper un grand coup, montrer qu'ils n'avaient pas besoin de l'OM, peut-être que des éducateurs de chez eux sont partis à l'OM et que ce sont des représailles, je ne sais pas. Chacun est libre de faire ce qu'il veut".

Ce que les gens voient, c'est que quand l'OM NextGen a été mis en place en 2017, il y avait Maxime Lopez dans l'équipe de l'OM, Boubacar Kamara tapait à la porte. On a beaucoup communiqué dessus. Et depuis, il n'y a plus rien. 

C.P : "Je pense que le problème de l'OM ce n'est pas la pré-formation. Ils ont toujours su détecter les bons joueurs. Le problème c'est la post-formation, ce que fait très bien Lille, Monaco. Amener des joueurs entre 17 et 20 ans au haut niveau. Mais ça, ce n'est pas la mission d'OM NextGen. Ca dépend du travail mis en place par Nasser Larguet qui j'espère portera ses fruits". 

Quand on regarde OM-Monaco... 

C.P : "Je vous arrête, vous prêchez un convaincu. Pour moi, on doit être capable de former la moitié de l'équipe, notamment dans certains secteurs, pour se laisser les moyens de bien recruter à des postes-clés : un attaquant, un super-milieu... En tant que supporter, observateur extérieur, je me dis qu'il y a un gros travail à faire. On a du retard".

Pour finir, quand est-ce que le public verra le bénéfice du programme OM NextGen en équipe première ? 

C.P : "Pour moi c'est la génération 2005-2006. Donc on va dire qu'en 2024-2025, on pourrait voir un élément de 19 ans taper à la porte des pros. Ce sera peut-être un minot qui avait signé avec OM NextGen et ça sera une réussite. Il faut être clair, prenez la génération 2004, qui apparemment est une super génération, si au final il y en a deux qui sortent pour jouer avec l'équipe première, c'est que le job est fait. Lyon, ils ne sortent pas cinq joueurs par saison. Après c'est surtout : quel temps de jeu on leur donne ? comment on les aguérrit ? S'il y a deux joueurs de 2005 dans l'effectif pro de l'OM, ce sera une réussite".