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Le retentissant coup de gueule de Villas-Boas
InterviewPublié le 15/01 à 15:06

Le retentissant coup de gueule de Villas-Boas

L'entraineur de l'OM André Villas-Boas a surpris son monde en conférence de presse en étalant ses états d'âme vis-à-vis de la décision de Jacques-Henri Eyraud de nommer Paul Aldridge comme intermédiaire pour vendre des joueurs en Premier League. Franc et direct, le coach portugais s'est livré sur sa façon de voir les choses et a rappelé que son futur était notamment lié à celui d'Andoni Zubizarreta. Une mise au clair nette et précise...

Comment avez-vous accueilli le recrutement Paul Aldridge ? Vous vous dites que c'est bien pour le club pour se faire respecter sur le marché anglais ou qu'en tant qu'entraineur vous avez peur de perdre des joueurs ?

André Villas-Boas : "C'est une décision qui a été prise par Jacques-Henri. Je l'ai apprise par Andoni la semaine dernière. Lui-même l'a apprise le 30 décembre dernier. C'est à lui de répondre et c'est à Jacques-Henri de parler pour dire pourquoi il a pris cette décision. C'est toujours ta compétitivité sportive qui te donne plusieurs chances de sortir, ce n'est pas parce que tu mets un agent ou un intermédiaire dans ton club que ça va fonctionner au niveau des réseaux. Mais bon, c'est à Jacques-Henri d'expliquer. J'ai appris cette décision avec surprise. C'est une question d'organigramme du club que je ne veux pas trop commenter. Je peux comprendre dans le sens où ça peut aider le club à survivre sur l'aspect économique, car cette année l'aspect économique est au-dessus de l'aspect sportif. Le plus important pour moi est de retenir le groupe fermé et d'atteindre les objectifs que, moi, je me suis fixés, à savoir se qualifier en Ligue des Champions, et non pas parce que ça m'était obligé de la part du club. Bien au contraire. C'est par rapport à la qualité des joueurs et du groupe que j'ai pris cet objectif personnel. Je suis venu ici, un pour la grandeur du club, deux pour Andoni Zubizarreta. Et j'ai déjà dit que mon futur était intimement lié à son futur. Sur le point de vue sportif, on a fait en six mois quelque chose qui a donné une stabilité à l'un des clubs les plus instables du monde, sur l'aspect émotionnel, de la presse, des supporters. Si on a réussi quelque chose, c'est cette stabilité sportive et émotionnelle de ce club. J'espère que Paul (Aldridge) va porter les ambitions et les consignes de Jacques-Henri sur le développement de la fan expérience. Sur l'aspect sportif du club, mon intérêt comme entraineur est de retenir ce groupe, comme l'a dit Kamara qui a comme objectif de rester à l'OM. Je viens d'une école de Porto où les joueurs ne sont pas à vendre. Tous les joueurs pour sortir sortent avec la clause. Moi je continue à être l'entraineur le plus cher au monde, car Chelsea a payé une clause de 15 millions d'euros pour me libérer de Porto. Un actif reste un actif, ce n'est pas une chose à vendre. C'est ça que je veux continuer d'appliquer si un jour j'ai la chance d'être élu comme entraineur de mon club de coeur. Pour revenir sur le sujet, l'unique forme d'information que j'ai eue, ce sont les déclarations de Jacques-Henri dans L'Équipe. Sur notre site, elles n'y sont pas. Je n'étais pas informé de la part de Jacques-Henri de cette décision. Je respecte si cette décision va dans le sens de ce qui a été fait d'une façon soudée ces six mois sportivement par moi et Andoni, je suis à son côté."

Que pensez-vous en général du mercato d'hiver ?

A.V.B. : "Je savais que le principe économique était toujours au-dessus de l'aspect sportif. Mais si quelque chose aide le club à vendre, c'est le rendement sportif de l'équipe. Et maintenant, je trouve que c'est au top et que l'intérêt du club est de maintenir ça au top, c'est-à-dire d'arriver à la fin d'année avec les objectifs proposés et décider à la fin de l'année. Et s'il y a des offres, bien, s'il n'y a pas d'offre, très bien, parce que tu es capable de garder les joueurs. De mon point de vue sportif, je suis plus inquiet et préoccupé pour les renouvellements de contrats. Il y a des joueurs dont le contrat va se finir et sur l'aspect économique du club il faut renouveler les contrats, donner aux joueurs qui donnent maintenant tout pour arriver aux objectifs quelque chose pour continuer à rêver pour les objectifs de l'OM. Je ne veux pas trop en dire. Je prends la part sportive, le coaching, la gestion des joueurs. L'aspect économique, c'est pour Jacques-Henri et Frank. C'est à eux de décider de ce qui est important, vendre les joueurs, l'entraîneur...

Avez-vous la garantie qu'il n'y aura pas de vente de joueurs cet hiver ?

A.V.B. : "Non, je n'ai pas de garantie. Si le club cherche à vendre, ce n'est pas parce que j'ai dit que je ne voulais pas... Mon intérêt c'est de retenir les joueurs. Jacques-Henri est passé dans mon bureau l'autre jour et m'a demandé un peu si on a des ventes, ce qu'on fait ou pas. Après, c'est à lui d'exécuter ou non ce type de choses."

Cette situation vous fait réfléchir sur votre avenir ? Parce que l'OM ne peut pas aller en Ligue des Champions avec ambitions avec un effectif restreint et si les ventes sont les priorités...

A.V.B. : "Je veux te répondre avec franchise, mais je ne peux pas."

Pourquoi ?

A.V.B. : "Il y a d'autres questions qui sont importantes maintenant, je dois faire attention. Je suis un homme du monde. J'ai quitté mon contrat chinois qui était de 12 millions d'euros par an, sans impôt, pour faire le Dakar. Je suis un homme du monde. J'étais plus proche du Mexique ou de l'Argentine, que de venir à l'OM. Je suis ici, un pour la grandeur du club, deux pour ma relation avec Zubizarreta. Avec ça, tu as plus ou moins une idée d’où on va. J'apprécie beaucoup la France, j'ai été très bien reçu par tout le monde, tout le monde m'a très bien respecté. Je suis très heureux d'être ici, mais une des choses dont on a parlé à Paris, c'était la "frontalité". Je me suis ouvert dans un bureau avec Jacques-Henri et Andoni sur ma façon de vivre et d'entendre le foot. Pour moi, le foot, c'est vivre des expériences diverses. Tu peux vivre de belles expériences comme celles que j'ai vécues en Chine, en Angleterre, à Porto. Je n'ai pas de limite géographique. Je veux entraîner au Japon, au Brésil. Après Chelsea, j'étais plus proche d'aller à Sao Paulo qu'à Tottenham. Le projet reste le projet des personnes, de l'intégralité, de la relation de confiance et c'est toujours ça, ma façon de vivre."

Est-ce que vous avez déjà des propositions pour aller ailleurs ?

AVB : "Je m'en fous des propositions. J'ai des contacts avec d'autres clubs comme je l'ai toujours eu. J'ai cinq ans pour finir ma carrière d'entraineur. Je l'avais dit dès mes débuts à Porto que je ferai quinze ans de carrière. Je voulais faire un Dakar, j'ai fait un Dakar. Les choses avec moi sont comme ça.  Je me fous des propositions, de savoir si le club est plus grand, plus petit. Je regarde ce qui m'intéresse du point de vue sportif, personnel, culturel des expériences. J'ai eu des réunions très intéressantes avec les Chivas de Guadalajara par exemple, Boca Juniors... mais je m'en fous de savoir si c'est un plus grand club ou de revenir en Angleterre...."