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L'histoire d'Andreas Köpke à l'OM
InterviewPublié le 20/09 à 14:12

L'histoire d'Andreas Köpke à l'OM

On ne le sait pas forcément, mais il existe un joueur qui a porté les maillots de l'OM et de l'Eintracht Francfort, qui se retrouvent demain en Europa League. Et pas n'importe lequel, puisqu'il s'agit du légendaire gardien allemand Andreas Köpke (61 sélections), olympien entre 1996 et 1998 après avoir gardé les cages de l'Eintracht pendant deux ans. Pilier de la grande équipe de l'OM de la fin des années 90 avec les Laurent Blanc, Ravanelli, Dugarry, Roy et les autres, il sera ensuite délogé par Rolland Courbis, qui lui préférait Stéphane Porato. Il quittera le club avec la classe qu'on lui connait, sans faire de vagues pour finir sa carrière à Nuremberg, puis devenir l'entraîneur des gardiens de la Mannshaft.

Le n°1 mondial débarque à Albertville

Pour l'occasion, Le Phocéen a souhaité lui rendre hommage en allant chercher quelques anecdotes du côté de Jérôme Alonzo, qui était sa doublure au poste de gardien pour le retour de l'OM en Division 1. Le nouveau consultant de L'Equipe du Soir se souvient notamment de l'arrivée du portier allemand à l'été 1996 : "C'est un incroyable enchaînement de situations qui sont toutes liées. À l'époque, je viens de faire la montée avec l'OM et lui est tout simplement élu meilleur gardien du monde. Il est champion d'Europe avec l'Allemagne, qui joue en Adidas, et dans le même temps, l'OM vient de quitter Mizuno pour Adidas, qui appartient à Robert-Louis Dreyfus qui, lui-même, vient d'arriver à l'OM. Peu de gens s'en souviennent, mais Andreas Köpke venait de signer au Barça cet été-là. Seulement, il y a un problème avec son contrat et il se retrouve libre. Pendant ce temps-là, nous sommes à Albertville en stage de préparation, et j'arrive à la pesée du matin. Je vois un gars et je me dis que sa tête me dit quelque chose. Il vient me voir et me dit : 'Bonjour, je suis Andreas Köpke'. En fait, RLD venait de le faire signer. Notre coach, Gérard Gili, vient me voir un peu gêné et m'annonce que je deviens deuxième gardien. Si le gars avait été une truffe, j'aurais gueulé, mais là, tu te tais et tu regardes. On s'est retrouvés voisins à Cassis et on est devenus de très bons amis".

Un 0-8 à Lyon qui ne passe pas

Moins drôle, ce 8-0 encaissé à Lyon un soir de mai 1997, pour le dernier match de la saison. Quelques mois plus tard, Andreas Kopke avouera qu'il a vécu ce soir-là la plus grande "honte de sa vie" et qu'il en voulait à certains de ses coéquipiers. Un évènement sur lequel revient Jérôme Alonzo, qui était évidemment à Gerland ce 24 mai : "C'était la dernière fois que j'étais sur la feuille de match avec l'OM et je m'en souviens très bien. C'était assez irréel. Je ne sais absolument pas s'il y avait une volonté de la part des joueurs de laisser filer le match, mais vu le respect dont Andreas bénéficiait dans le vestiaire et vu que le sort de Gérard Gili était déjà scellé, je pense que c'est juste l'histoire d'un match où tout le monde a lâché. Mais je comprends l'humiliation qu'a pu ressentir Andreas. D'ailleurs, je me souviens que la semaine qui a précédé ce match, on était dixièmes et on ne jouait plus rien. La Commanderie ressemblait plus à un camp de vacances qu'à un centre d'entraînement, et on ne faisait plus que des tennis-ballons et des toros. Moi-même, je n'avais même pas sorti les gants et je m'amusais avec les autres. Deux jours avant le match, je vois Andreas sortir du vestiaire avec notre entraîneur des gardiens Marc Levy. Il était en combinaison, avec les gants et des crampons de 16 mm. Je me demande ce qu'il fait et je le vois partir pour une séance de spécifique de deux heures en plein cagnard ! C'était ça Andreas Köpke, et cette image m'a fait changer mon approche du métier. Il n'y a pas de petits matches. Tu portes le maillot d'un club, tu représentes les supporters, et c'est lui qui avait raison. Ce 8-0 encaissé à Lyon, on n'avait pas le droit de faire ça".

Une deuxième très bonne saison à l'OM

Pour tout dire, la première saison d'Adreas Köpke est moyenne, pas seulement à cause de cette conclusion chaotique. A l'image de Yordan Letchkov, qui avait brillé au Mondial 94, il arrive à Marseille avec un statut de champion d'Europe, comme Mathias Sammer (Dortmund), Jürgen Klinsmann (Bayern Munich) ou Oliver Bierhoff (Udinese). L'OM retrouve l'élite après deux années au purgatoire. Si les supporters savent pertinemment que l'escouade de Gérard Gili n'a rien pour disputer le titre au PSG ou au Nantes de Suaudeau, l'espoir de se mêler à la course pour l'Europe avec ce recrutement subsiste. Il n'en sera jamais question. Dès la troisième journée, et la réception de Metz, Köpke passe au travers (1-2). A l'image de ses coéquipiers, il ne sera jamais transcendant lors de cette saison de transition. Pour son deuxième exercice, il est cependant nettement plus à son niveau. La victoire au Parc des Princes à l'automne (1-2), qui fait beaucoup parler avec le penalty de Ravanelli, n'aurait par exemple jamais été obtenue sans les multiples arrêts de l'Allemand. A Lens, le futur champion, l'OM s'impose (0-1) grâce à une partie parfaite de Köpke, qui sera même crédité d'un 10/10 dans L'Equipe. A chaque fois que sa doublure, François Lemasson, joue, l'équipe n'est plus la même. Preuve de l'importance prise par l'Allemand à Marseille.

Un combat inégal avec Porato

Gardien à l'ancienne, Köpke a tout de même un défaut majeur : le jeu au pied. Pour lui, il ne faut pas s'embarrasser avec la relance, plus c'est loin, mieux c'est. Rolland Courbis n'est pas un grand fan du concept. Pour sa deuxième saison, on prête au coach l'intention de faire revenir Fabien Barthez à Marseille. Il est même aperçu sur la Côte en grande discussion avec le gardien de l'équipe de France. Mais c'est en réalité pour mieux le sonder sur son remplaçant à Monaco, un certain Stéphane Porato, qui compte dans son cercle d'ami... Stéphane Courbis, fils de. Porato est recruté et Rolland Courbis instaure un turn-over au poste de gardien de but, ce qui n'existait pas dans le football jusque-là. Köpke n'est pas dupe et voit le jeune second prendre de plus en plus d'ampleur. Le salut viendra d'une confrontation avec une équipe... allemande. Opposé en 1/16e de finale de la Coupe UEFA au Werder Brême, Köpke se prend un corner direct au retour à quelques minutes de la fin par Andreas Herzog. 3-2. Comme il y a eu 1-1 à Brême à l'aller, les Phocéens finissent le match avec la peur de s'en prendre un. Un fait de match qui ne passe pas pour Courbis qui écarte Köpke mais aussi Patrick Colleter, qui était au premier poteau sur la fameuse action. Andreas Köpke n'attendra pas la fin de l'année 1998 pour rejoindre Nuremberg où il sera qualifié pour jouer à partir du mois de janvier. 

Aujourd'hui encore, Andreas Köpke (56 ans) reste l'entraîneur des gardiens de l'équipe d'Allemagne, un poste qu'il occupe depuis 2004. Il continue également de passer ses vacances à Cassis, près de Marseille, où il possède une maison.