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Ex-OM : toutes les vérités d'André-Pierre Gignac
InterviewPublié le 23/03 à 18:55

Ex-OM : toutes les vérités d'André-Pierre Gignac

André-Pierre Gignac est l'invité exceptionnel de Top of the Foot sur RMC Sport.

André-Pierre Gignac, vainqueur en décembre de la Ligue des champions CONCACAF avec les Tigres de Monterrey, était l'invité de Top of the Foot sur RMC. Pour l'occasion, aux côtés de Jean-Louis Tourre, trois connaissances, trois anciens olympiens, Eric Di Meco, Mathieu Valbuena et Adil Rami, lui ont posé des questions. Voici ses réponses par thème. 

Sur son expérience au Mexique

"J'ai connu une passion incroyable à l'OM. C'est tout bon ou tout mauvais, il n'y a pas de juste milieu. Aux Tigres, c'est la même passion. C'est l'Amérique centrale. C'est autre chose et franchement je me régale. Pour l'instant, on ne peut pas trop et j'espère qu'on retrouvera vite le public dans les stades. Tu viens à Monterrey tu te crois dans une ville aux Etats-Unis, c'est à la pointe de la technologie. J'ai eu un coup de foudre pour ses fans et je ne regrette pas mon choix. Je savais que c'était le bon car il a été dicté par ma passion pour le foot. J'ai refusé des clubs espagnols, des clubs allemands, la Chine, le Qatar, je sortais d'une belle saison avec Marcelo. Mais quelque chose m'a dit qu'il fallait que je change carrément de direction. Aujourd'hui, il me manque un truc. J'ai envie de gagner la Libertadores. Malheureusement les clubs mexicains ne sont plus invités à y jouer. Avant c'était le cas, économiquement parlant, pour les droits TV. J'espère qu'on reviendra, qu'on pourra se qualifier et qu'on pourra faire quelque chose parce que cette coupe elle est vraiment spéciale. J'ai envie de continuer jusqu'à ce que mes jambes me le permettent mais je ne veux pas faire de la peine aux gens, être juste là pour encaisser un chèque. Quand je n'en pourrai plus, je le dirai à mes dirigeants."
 

L'avis de Mathieu Valbuena

"Je suis très heureux par rapport à son choix. Ca n'a pas toujours été facile pour lui, on vient du même milieu. Et il a réussi à l'OM, en équipe de France. J'aurais aimé qu'il marque ce petit but en finale de l'Euro. Mais ça change rien, derrière, il est allé au Mexique, il a réussi. Il n'a rien lâché et je suis content pour lui, même si on a pu avoir des différents. A l'époque, je ne lui ai pas donné autant de galettes que ce que je peux faire désormais avec les attaquants de l'Olympiakos". 
 

Gignac, sur sa carrière qui continue avec Valbuena

"Les gens sont très sceptiques sur les gens de notre âge, sur les joueurs d'expérience. J'en vois à 33, 34, 35 ans ils arrêtent leur carrière. Mais nous on est fans de football et c'est notre passion qui nous fait continuer. Je vois ce que Mathieu fait à l'Olympiakos, leur parcours européen, et il n'y est pas pour rien là-dedans". 
 

Sur son choix de signer à l'OM et les critiques

"Les critiques sur mon physique, elles n'étaient pas injustifiées. Depuis 2014, Marcelo m'a fait prendre conscience des choses. Mais même avant, l'OM ce n'est pas facile. Il faut avoir les nerfs solides. Déjà, je suis né à Martigues, toute mon enfance ça a été l'OM. Toute ma famille c'est l'OM. J'avais deux papiers dans les mains en 2010. C'était Marseille ou Liverpool. Juste avant, il y avait Valence, ils m'avaient mis un avion avec du jambon dedans. Fallait le faire pour le refuser... Unai Emery était venu me voir, il m'avait expliqué comment il voulait me faire jouer, avec Jérémy Mathieu derrière... Mais quand mon agent est venu me voir je lui ai dit "déchire le papier de Liverpool, on va à l'OM". J'ai réalisé mon rêve. Mais au début ça a affecté ma famille, mes parents, mes grands-mères. Les deux premières années c'était compliqué, j'avais une pubalgie, je savais que je n'étais pas au niveau... J'ai besoin d'une grosse préparation d'avant-saison et je ne les ai pas eu". 
 

Sur son départ de l'OM

"J'étais sur un niveau physique exceptionnel, j'avais la confiance de Marcelo. Il savait vraiment comment me gérer. Avant le PSG, il me met sur le banc deux fois parce qu'il savait me piquer. Il y avait Michy Batshuayi qui me poussait derrière. Et une saison après, ils le vendent 35 millions d'euros. Moi après une saison comme ça je n'aurais pas accepté d'être son remplaçant pour le mettre en valeur je suis honnête, donc je pense que c'était la bonne stratégie mais oui j'aurais quand même pu mettre quelques buts de plus. Aujourd'hui, ce que l'on retient de mon passage à l'OM, les deux dernières saisons où j'ai mis pas mal de buts. Mais j'aurais aimé faire cinq ans pleins, en pleine possession de mes moyens physiques. J'aurais fait plus de 100 buts j'en suis sûr (le total de Mamadou Niang, ndlr). Et gagner un championnat. On fait 2 fois deuxièmes. Mais tu tombes sur une équipe qui a mis un milliard pour tout rafler, le mauvais moment. J'ai gardé des amis à l'OM. Benoît Cheyrou déjà, et pourtant ce n'est pas facile de l'approcher. C'est quasiment impossible d'être son ami normalement. (en s'adressant à Mathieu Valbuena) Presque on se demande de se rejoindre à l'Olympiakos, aux Tigres, tellement on a apprécié jouer ensemble. Tu le gardes à jamais ça". 
 

Sur un éventuel retour à l'OM

"Je le dis en toute sincérité, ils n'ont pas besoin de moi ! J'ai joué contre Dario Benedetto, je l'aime bien. Il est exactement dans le même registre, avec la grinta, l'Argentin dans toute sa splendeur. Il a un pied droit exceptionnel, il tire de loin... (Adil Rami intervient pour dire que le problème, c'est qu'il ne tire pas). Mais tu les regardes les matchs, il n'a pas un ballon oh ! Non, en tant que joueur, ce n'est pas possible. En tant qu'entraîneur pourquoi pas. J'ai cette ambition d'être entraîneur. J'ai pas envie de perdre l'adrénaline, l'odeur du terrain. J'ai envie de vivre dans un groupe, partager, aider la nouvelle génération. J'espère, je verrais bien, si je décide de faire ce métier au Mexique ou ailleurs. Mais pour l'instant je n'ai pas de plans. Bon j'ai prolongé avec les Tigres et c'est prévu que je reste dans le club pour continuer à grimper les échelons."
 

Sur Jorge Sampaoli

"Sampaoli, c'est l'école Bielsa, le Chili, le sang argentin... Je pense que ça colle. Mais j'aimais beaucoup André Villas-Boas, comment il protégeait son groupe... Mais t'arrives dans un moment où c'est un peu compliqué". 
 

Sur sa frappe sur le poteau en finale de l'Euro 2016

"Franchement, ça va tellement vite. Je suis en angle fermé, je tente un crochet sur Pépé, il tombe je ne sais même pas comment... Ceux qui me connaissent savent qu'à ce moment-là j'ouvre mon pied. Mais quand je vois le gardien sortir je change et avec un petit rebond ça tape le poteau. Mais normalement ça retombe sur les pieds d'Antoine. Mais à cause de ce rebond non, c'est un truc de fou. Je n'en ai pas dormi pendant des mois. Je suis revenu chez moi à Cassis, la nuit je rêvais que j'étais avec mes amis qu'on avait gagnés et que j'avais mis ce but. Je suis retourné dans mon club j'ai prévenu mon coach qu'il fallait que je rejoue vite. J'ai mis des buts mais derrière ça a été la panne d'électricité. En tout cas ce but n'aurait pas changé ma vie parce que je serai resté au Mexique, je l'avais promis aux supporters". 
 

Sur sa relation avec Didier Deschamps

"C'est ça qui est beau avec Didier Deschamps. Il est pragmatique, il sait ce qu'il faut pour gagner. Je ne suis pas le meilleur attaquant français, il y en a de meilleurs que moi mais je suis un bon compagnon. C'est pas mal de m'avoir dans un groupe. Quand il m'a appelé pour la première fois en 2010, il m'a dit "Didier, il faut que tu sois mon guerrier". Ce sont ça ses mots. A Marseille, je n'ai pas pu lui rendre parce que physiquement je n'y arrivait pas. Mais on s'était appelés après, il m'avait dit que ça allait marcher. Je m'étais excusé parce que c'est lui qui m'avait fait venir. Et derrière, il me rappelle en équipe de France. Après l'Euro 2016, il ne me rappelle pas mais Kévin Gameiro avait fait un super début de saison, il y avait Olivier Giroud qui était super important, l'éclosion de Kylian MBappé, Wissam Ben Yedder était on fire à Séville il l'est toujours à Monaco, je n'ai eu aucun problème avec son choix, on n'en a pas parlé d'ailleurs. Quand ils sont champions du monde en 2018 je suis content. Si je mets ce but à l'Euro 2016, peut-être que Didier m'appelle en 2018 et je suis champion du monde mais avec des si, tu fais le tour du monde (sic). C'était dans la continuité mais il y avait MBappé en plus et je suis désolé mais ça fait toute la différence. Après, je n'ai jamais pris ma retraite internationale. Pour représenter mon Pays... c'est une obligation pour moi. Mais je n'en vois pas l'utilité en fait. Ca fonctionne très bien comme ça".