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Diouf : "Le recrutement est une faillite"
InterviewPublié le 24/12 à 16:34

Diouf : "Le recrutement est une faillite"

Éliminé de l'Europa League, de la coupe de la Ligue et sur une très mauvaise pente en championnat, l'OM se dirige tout droit vers une crise dont personne ne sait aujourd'hui jusqu'où elle ira. Si l'on ne connait pas encore les intentions des dirigeants olympiens pour sortir l'équipe de ce mauvais pas, il est toujours intéressant d'avoir le regard de ceux qui ont déjà eu à gérer des moments difficiles dans ce club si particulier. C'est le cas de l'ancien président Pape Diouf, loin des affaires du football aujourd'hui, mais qui garde forcément un oeil attentif sur l'OM. Il a accepté de répondre aux questions du Phocéen :

Pape, quel est votre regard sur la situation de l'OM aujourd'hui ?

Pape Diouf : "C'est assez étonnant, dans la mesure où on a affaire à un OM qui a disputé la finale de l'Europa League il y a quelques mois. Cependant, j'ai toujours dit que cette équipe ne s'était pas qualifiée pour cette finale sur sa valeur intrinsèque, mais qu'elle a bénéficié du nivellement des valeurs du football européen. Un nivellement qu'elle a su exploiter, comme d'autres".

Il y a quand même eu un recrutement consistant cet été...

P.D : "Oui, près de 60 millions d'euros ont été dépensés. Mais, mon sentiment est que le recrutement ne se mesure pas seulement à l'argent dépensé, mais aussi aux techniciens qui sont là pour le faire afin de renforcer l'équipe. Sur ce plan, on peut dire que le recrutement est une faillite, puisque les joueurs qui ont été pris n'ont pas apporté ce que l'on attendait d'eux".

Le recrutement est raté, c'est un fait, mais pouvait-on s'attendre à un tel effondrement ?

P.D : "Il est sûr que, contrairement à Paris ou Lyon, l'OM ne répond pas aux attentes, comme Monaco d'ailleurs. Pour moi, l'OM doit nécessairement être sur le podium chaque année, c'est obligatoire. Il y a donc effectivement un vice de forme cette saison. C'est une situation qui pose des questions, même si l'OM reste encore en course en championnat et qu'un sursaut reste possible. Mais cette situation suscite le mécontentement, c'est évident".

Justement, quels sont les leviers que l'on peut utiliser dans ces moments-là ?

P.D : "Ce n'est pas à moi de dire ce qu'il convient de faire. J'ai eu moi même des décisions à prendre et qui étaient critiquées, donc je ne vais pas entreprendre la même démarche aujourd'hui. Je rappellerais simplement des choses basiques : pour qu'un club tourne bien, il faut un président à la hauteur, un bon entraîneur et de bons joueurs. Est-ce que c'est le cas de l'OM aujourd'hui ? Je n'en sais rien, car je suis loin du club. Je ne sais pas non plus ce qu'il se passe dans le vestiaire, et c'est une donnée très importante".

Là aussi, on parle beaucoup de tensions dans le vestiaire...

P.D : "Dans tous les clubs, il y a toujours des problèmes de salaires. Je ne connais pas un club où tout le monde s'entend à merveille. Ce genre de problème surgit lorsque les résultats ne sont pas là, et c'est le cas aujourd'hui. Il revient à la direction du club d'y mettre un terme. De toute façon, il ne peut pas y avoir une égalité de traitement en football. En revanche, il doit y avoir une forme d'équité, dans la mesure où un joueur qui apporte plus à l'équipe ne suscitera pas de jalousie s'il gagne plus que les autres".

L'OM doit-il se séparer de Rudi Garcia ?

P.D : "L'entraîneur est toujours le premier responsable lorsque les résultats ne sont pas au rendez-vous. C'est comme ça depuis toujours, on cherche le bouc émissaire. Le coach encourt mécaniquement les reproches, car il est le plus facilement remplaçable. On ne peut pas limoger tout un effectif, et la direction ne va pas se limoger elle-même. Ceci dit, on a vu à Rennes que le ressort psychologique pouvait fonctionner, mais ce n'est pas toujours le cas".

Enfin, l'OM peut-il raisonnablement espérer se renforcer lors du mercato d'hiver ?

P.D : "Ce n'est jamais facile de trouver de bons joueurs au mois de janvier, et encore moins facile d'être certain qu'ils puissent apporter quelque chose rapidement. Je veux bien que Zubizarreta soit un grand directeur sportif, et il l'a démontré à Barcelone, mais le profil qu'il faut aussi à l'OM, ce sont des dénicheurs de talents. Des gens qui vont chercher des joueurs que l'on ne connait pas forcément, dans des championnats peu médiatisés ou des divisions inférieures. Sinon, on va chercher Aguero à City. C'est facile, n'importe qui peut le faire, mais ça coûte très cher. Mais, je ne suis pas sûr que l'OM ait les moyens de le faire aujourd'hui".