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Di Meco : "Le maillot est lourd à porter depuis 93"
InterviewPublié le 29/05 à 15:30

Di Meco : "Le maillot est lourd à porter depuis 93"

Eric Di Meco était présent ce week-end à Marseille pour fêter les 30 ans du titre européen en 1993. L'occasion de lui poser quelques questions.

Vendredi, Marseille fêtait ses héros de 93, c'était important pour tout le monde ici. Pour vous les joueurs aussi on imagine ?
 
Eric Di Méco : "L'intérêt de ce genre d'anniversaires, c'est de se retrouver. Parce quand on réfléchit un peu, fêter aussi fort ce titre-là 30 ans après, ça veut dire qu'il n'y a pas eu grand-chose entre, même si Didier Deschamps a gagné un titre de champion de France, ce n'est pas pareil qu'une campagne européenne. Contre l'Atletico, en finale de la Ligue Europa, si l'OM avait enlevé cette victoire-là, ça aurait permis aux jeunes qui n'ont pas connu notre génération de pouvoir s'accaparer une épopée et de pouvoir aussi la transmettre et la fêter, c'est le côté un peu dommage dans tout ça. Peut-être que c'est la dernière fois qu'on le fête aussi fort..."
 
On l'espère ?
 
E.D.M. : "Oui, on l'espère. D'abord parce qu'on espère que l'OM va de nouveau gagner des titres sur la scène européenne. Et puis aussi, parce qu'on risque de ne plus être présentables et que ça serait "too much". On est tous dans la soixantaine, on risque peut-être d'en perdre, c'est l'histoire de la vie. Et puis, il y a un président qui n'a pas rechigné à nous inviter, et pas au dernier moment. Il avait une grosse pression du résultat et de cette 2e place, il avait peur de fêter les anciens alors que c'était la soupe à la grimace. Mais la fête était prévue quoiqu'il arrive, de manger ensemble à midi, de se retrouver au match le soir. Il faut lui rendre hommage, parce que j'ai connu des périodes où le président ne faisait rien de peur qu'on juge son travail à travers nous. Le maillot est lourd à porter depuis 93, mais on peut fêter l'histoire tout en étant dans l'actualité et dans l'avenir".
 
Pascal Olmeta dit souvent que les anciens du club ne sont pas assez valorisés, tu avais parlé des minots il y a deux ans, là il y a cette fête. Penses-tu que les anciens de l'OM ont la juste place dans le club ?
 
E.D.M. : "Alors, ce n'est pas parce qu'on est un ancien qu'on a des droits et qu'on est compétent pour un poste dans un club. Par contre, le président Longoria a envie de mettre en avant les anciens. Ce samedi, on a rencontré les gamins du centre de formation et on a échangé avec eux. Ils ont peut-être découvert des choses. Avec notre expérience, on a essayé de transmettre. Je pense qu'il ne va pas nous faire défiler tous les 15 jours. Par contre, on peut utiliser les anciens sur des événements pour transmettre. Et nous, on n'est pas obligés de passer au stade Vélodrome en parapente tous les samedis pour exister".
 
Ça entretient la flamme ?
 
E.D.M. : "J'ai un souvenir. En 2014, je commentais la coupe du monde. Je me suis trouvé à boire un coup et discuter avec des gamins de Liverpool, quatre gamins de 18 ans. On leur parlait des années 70, de Keegan, Dalglish, Clemence... Et les gamins, ils connaissaient toute l'histoire de ce club-là. On leur a dit que c'était étonnant parce que c'est très loin. Et bien, à l'école à Liverpool, on leur apprend l'histoire de Liverpool. C'est énorme. C'est une transmission, c'est un grand pays de foot. On n'est pas obligés d'aller jusque là et ce qu'il y a de bien à Marseille, c'est qu'il y a quand même une transmission. Le gamin devient supporter rapidement, il vient au stade et le papa lui explique l'histoire, lui montre 93, j'espère qu'on remonte jusqu'au doublé de Josip Skoblar et Magnusson (1972). L'histoire, c'est ça. Quand je suis arrivé au club en 1980, j'habitais à Endoume et dans mon quartier Felix Pironti* avait un bar. Il jouait dans les années 50. Quand j'ai rencontré cet homme un jour en allant au bar, j'étais ému, et pourtant dans les années 50, je n'étais même pas né, mais je savais qui il était. Les Scotti, Robin, je connaissais l'histoire du club. Et rencontrer cet homme que je n'avais jamais vu jouer, ça m'avait impressionné parce que ça représentait ce que je voulais devenir. On a quand même ça ici. Après, il suffit qu'on se revoie un peu de temps en temps et on est heureux !"
 
Les jeunes du centre de formation t'ont posé quelles questions ?
 
E.D.M. : "Les sensations lors de la finale, comment on gère la pression, nos parcours respectifs..."
 
Il y a donc une transmission sur la culture de la gagne ?
 
E.D.M. : "Oui, et il y avait Jean-Pierre Papin avec nous et ils étaient conscients qu'il y avait un Ballon d'or cinq fois meilleur buteur du championnat avec nous. On a parlé de l'histoire, du métier et de comment l'appréhender. Fabien Barthez, lui il est toujours dans l'esprit du jeu, il leur a dit que s'ils voulaient réussir, il fallait continuer à jouer, que c'est un jeu qui peut devenir un métier".

* Felix Pironti
Olympien de 1939 à 1943, puis de 1944 à 1949
Ailier gauche, international français
185 matchs, 85 buts
Champion de France 1948
Coupe de France 1943