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"C'est comme si le PSG pouvait jouer avec les mains"
InterviewPublié le 19/11 à 07:00

"C'est comme si le PSG pouvait jouer avec les mains"

La saison 2 des Football Leaks a tenu toutes ses promesses (voir ici). Vous en avez forcément entendu parler, de ces journalistes de plusieurs pays qui se sont associés pour traiter des centaines de documents sur les dérives du football. En France, c'est Mediapart et Envoyé Spécial qui se sont chargés de révéler au grand jour les plus grosses affaires : le fichage ethnique au PSG pour le recrutement de jeunes éléments ainsi que les magouilles du club parisien avec l'UEFA pour contourner les sanctions du Fair-Play Financier. Un des journalistes de Mediapart, Michel Henry, écrit aussi une chronique sur l'OM pour lesjours.fr (voir ici). L'occasion de faire le lien avec lui entre l'OM et ces révélations. 

Michel, pas de traces de l'OM dans les nouvelles révélations de Football Leaks*, est-ce que l'on doit s'en réjouir ? 

Michel Henry : "On a travaillé sur les documents qu'on a reçus, à savoir ceux sur le PSG, Monaco et Manchester City. On ne parle pas de l'OM, effectivement, mais ma conviction, c'est que l'on pourrait trouver des trucs bizarres dans tous les clubs de football. Nous n'entendons pas nous placer comme un jury qui distribue les certifications de bons ou de mauvais comportements des clubs". 

Vous êtes un spectateur privilégié de l'OM, que vous suivez depuis plus de 20 ans. Fort de cette expérience avec les Football Leaks, est-ce que vous croyez au discours des dirigeants qui veulent être irréprochables. 

M.H : "Pour l'instant, depuis qu'ils sont arrivés, on n'a rien, si ce n'est ce discours plein de bonnes intentions. Mais ma conviction, dans le football d'aujourd'hui, c'est que tu peux avoir les meilleures intentions du monde, quand on veut un joueur, il faut parfois faire des concessions. Sans compter qu'on ne maîtrise pas tout, il y a des hommes de paille, des associations surprenantes que l'on ne peut pas soupçonner au départ... Si on pense que l'on peut contourner certaines pratiques, que le bon sens finira par l'emporter ou le projet sportif par primer, on se trompe, évidemment. Ceci était dit, je le rappelle, sur ce terrain-là, il n'y a rien à reprocher à la direction de l'OM pour l'instant, dans les faits. Autant les croire sur paroles donc". 

A Marseille, certains supporters ne peuvent pas s'empêcher de comparer les déboires de l'OM quand le club a été pris la main dans le sac, et la quasi-immunité du PSG aujourd'hui. 

M.H : "A travers les Football Leaks, on a montré que l'UEFA était fautive dans sa gestion. Le dopage financier du PSG, c'est grave, c'est un peu comme si on les autorisait à jouer avec les mains. Et dans cette affaire, c'est l'organe chargé de tout réguler, l'UEFA donc, qui s'arrange pour détourner ses propres règles. Je me mets à la place des supporters de l'OM, oui, il y a de quoi être en colère... Concernant leur immunité, une nouvelle enquête est en cours, on verra bien sur quoi elle aboutit".

Le 28 octobre dernier, quand vous avez assisté à OM-PSG (0-2), vous étiez au courant de toutes ses affaires sur le club parisien. Est-ce que du coup vous avez eu un autre regard sur le match, vous disant finalement que la prestation de l'OM n'était pas si mal que ça ?

M.H : "Il y a deux choses. Le terrain et les coulisses. Sur ce match, il faut être honnête, le PSG a joué 15 minutes. Donc j'ai trouvé un peu déplacés les propos du président de l'OM par exemple, qui a parlé de première mi-temps exceptionnelle. Même si la différence entre les deux effectifs est grande, il y avait quand même la possibilité de plus les déranger. Après, sur le long terme, effectivement c'est grotesque. On sait déjà qui sera champion de France cette année, les clubs se battent pour la deuxième place. Il faudrait peut-être un peu se réveiller au niveau des instances. D'accord, Neymar ça fait vendre plus de droits TV à l'international, mais il n'y a plus de compétition". 

Elles peuvent se réveiller les instances en France ? 

M.H : "Ils pensent que les clubs français sont sous-capitalisés. Leur priorité, c'est que les clubs soient repris par des fonds étrangers, comme l'OM, comme Bordeaux, parce que finalement, la mise de départ à cette échelle-là n'est pas très importante. Mais effectivement, du coup, l'équité entre les clubs, c'est le cadet de leurs soucis..." 

* dans la première saison, la rémunération de Lucho Gonzalez via le Panama avait été relevée (voir ici).