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Transferts douteux : ce qu'il faut savoir
Autour de l'OMPublié le 20/01 à 17:11

Transferts douteux : ce qu'il faut savoir

Depuis 6h00, ce mardi matin, une série d'auditions et de gardes à vue est en cours, concernant des agents de joueurs, des intermédiaires ou des membres du milieu marseillais. On a également appris que des personnalités connues, comme l'ancien directeur sportif José Anigo, Thomas Déruda, joueur du GS Consolat et restaurateur et son père Richard, ou encore l'agent Jean-Luc Barresi, étaient, ou seraient également auditionnées par la DCPJ (division centrale de la police judiciaire), ce qui ne signifie pas forcément placé en garde à vue. En tout, une dizaine de personnes. Il s'agit des suites de la vague de gardes à vue démarrée en novembre dernier, concernant l'enquête sur les transferts présumés frauduleux de l'OM ces dernières années. Rappel :

La rafale de gardes à vue déclenchées simultanément en ce fameux "mardi noir" s'était terminée sans que l'on en sache beaucoup plus, et aucune mise en examen n'avait été prononcée pour les dirigeants et ex-dirigeants de l'OM. Au total, une quinzaine de personnes avaient été auditionnées : les trois présidents, ou ex, Vincent Labrune, Jean-Claude Dassier et Pape Diouf; leurs divers bras droits : Philippe Pérez, Antoine Veyrat, Julien Fournier, des salariés administratifs ainsi que des membres de la sécurité de l'OM, et enfin un agent proche de Vincent Labrune, Farid Ayad ainsi qu'un de ses confrères parisiens. On peut préciser que d'autres salariés avaient été simplement auditionnés au siège du club. Des perquisitions ont également eu lieu. On avait aussi évoqué une visite des policiers au domicile de José Anigo, mais ce dernier se trouvait au Maroc. Cette information n'avait pas été confirmée à l'époque, mais l'ancien directeur sportif du club, toujours salarié, doit donc aujourd'hui s'expliquer lui aussi, peut-être à sa demande, comme l'expliquent certaines sources. Alors, pourquoi ces membres, ou proches de l'OM, ont-ils ou vont-ils être entendus par la justice ? Explications :

Les enquêteurs en sont arrivés là sur la base d'écoutes concernant deux enquêtes distinctes. Une à Paris sur le Cercle Wagram (cercle de jeu), et l'autre sur des règlements de comptes entre truands corses et marseillais, notamment sur la mort de Jacques Butafoghi, l'un des leaders d'une bande insulaire très violente. Et c'est dans le croisement de ces deux affaires que l'on a vu apparaître des agents de joueurs de l'OM, ainsi que les fameuses écoutes de dirigeants du club au téléphone. De sombres affaires où le football, par le biais de l'argent facile et opaque qu'il brasse, vient se mêler au sang et au racket. L'institution OM n'a, heureusement, rien à voir avec cette violence, mais l'argent qu'elle draine, et, de fait, l'entourage sulfureux qu'elle attire, historiquement, ont forcément conduit les magistrats à faire le lien. C'est ce que décryptait en novembre dernier pour Le Phocéen le journaliste d'investigation marseillais de Bakchich.info, Xavier Monnier, auteur de "Marseille, ma ville" : "Le juge Perruaux, qui enquête depuis trois ans sur le dossier, a décidé de ratisser très large. Il a pris les trois derniers présidents, leurs trois bras droits, des avocats du club, des employés administratifs et des agents. Ce qui me fait dire que si malversations il y a, elles sont à l'intérieur du club au niveau administratif, et on pense évidemment aux transferts. Il y a beaucoup de conjectures dans cette affaire, depuis qu'elle a été révélée en 2012, sur les transferts concernés. Tout le monde s'accorde à dire que les policiers sont focalisés sur le transfert de Gignac, et peut-être ceux de Diawara et Nasri."

Le travail des enquêteurs consiste à savoir au profit de qui ont été distribuées ces sommes d'argent en provenance des transferts, et dans quelle mesure les responsables olympiens ont eu une visibilité là-dessus, eux qui ont la possibilité de choisir avec qui ils travaillent. Reste à savoir si tout ce petit monde interrogé ne l'aura été qu'afin d'éclaircir une affaire à mille lieues du football, ou si le lien entre les deux existe d'une manière ou d'une autre. "Il y a des soupçons,concluait Xavier Monnier. Ils existent sur la base de documents en possession de la police et du juge. Il a souhaité confronter les gardés à vus (ou les auditionnés) à ces documents et aux écoutes pour qu'ils donnent leurs versions. Après, les soupçons ne suffisent pas, il faut des preuves. Ces preuves, ils ne peuvent les avoir qu'en recoupant leurs investigations, et ça prend beaucoup de temps. C'est pour cela que cette procédure dure depuis trois ans".

> En vidéo, ce que nous expliquait Xavier Monnier en novembre dernier.