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Rami : le burn-out décrypté
Autour de l'OMPublié le 19/02 à 15:30

Rami : le burn-out décrypté

Longtemps blessé au genou, puis à la cuisse, Adil Rami est aujourd'hui de retour, même s'il devra batailler pour retrouver sa place au sein d'une défense centrale olympienne où les jeunes Kamara et Caleta-Car sont en train de s'installer. Un long chemin pour le champion du monde qui n'a jamais su retrouver son véritable niveau depuis le début de la saison. Dimanche, dans un entretien accordé au Canal Football Club, il a reconnu avoir fait un burn-out, autrement dit une forme de dépression, pour expliquer ses difficultés au retour du sacre en Russie. Alors, comment un sportif de haut niveau peut-il connaître ce genre de situation ? Le Phocéen a posé la question à Sauveur Lombardo. Souvenez-vous, ce préparateur mental a exercé à l'OM il y a une vingtaine d'années (1999-2000). Il était même l'un des premiers à occuper ce poste à durée déterminée alors que maintenant la pratique est devenue courante dans le foot, et dans le sport en général. Interview :

On parle souvent de burn-out en milieu professionnel, mais rarement chez les grands sportifs comme Adil Rami. Comment cela se traduit-il ?

Sauveur Lombardo : "C'est un être humain, tout simplement. Le burn-out existe lorsqu'il y a un écart trop important entre ce que je fais et ce que je suis, et que je ne me reconnais plus. On se retrouve perdu et on se pose de plus en plus de questions, c'est là que le mental tourne. Adil Rami n'est plus tout jeune et il a eu jusque là un parcours exemplaire, tant sur le plan sportif que sur son attitude que tout le monde appréciait. Les problèmes personnels qu'il a pu connaître ont pu le dévier de cette trajectoire, car il y a un décalage entre ce qu'il a envie d'être et ce qu'il fait. C'est là que le lien se distend. Le burn-out peut être très sérieux quand ce lien casse, mais dans son cas, il n'a pas cassé et c'est le plus important. Il reconnait que sa blessure lui a permis de se remettre dans le bon sens, et il a raison. Pour redevenir performant, il faut réussir à s'aligner entre la réalité d'aujourd'hui, les capacités que l'on a et ce que l'on veut vraiment. Il n'était plus aligné et il s'est mis à tourner en rond".

Quels sont les ressorts que le préparateur mental peut activer pour le remettre en selle ?

SL : "On trouve de tout dans la préparation mentale. Elle tourne souvent du côté du psy, alors qu'elle doit être très concrète pour moi et ancrée dans la réalité du moment. J'en reviens à cet alignement nécessaire entre ce que je suis aujourd'hui, mes capacités actuelles et ce que je veux atteindre. Si on s'accroche à des capacités qui sont hors de portée, on ne comprend plus ce qui nous arrive. Il faut avoir l'humilité et la patience de comprendre qu'il faut du travail pour retrouver ces capacités, notamment lorsqu'on revient de blessure ou d'une mauvaise passe personnelle. L'athlète doit savoir qu'il retrouvera ses moyens, mais pas après pas, pas d'un claquement de doigts. C'est le doute et la déception qu'il faut absolument éviter. Pour Adil, il doit mesurer et accompagner sa progression, y trouver du sens. Son mental doit arrêter de tourner en boucle pour ne pas sortir de la réalité".

C'est le travail que doit réaliser un Denis Troch, par exemple, qui exerce actuellement à l'OM comme préparateur mental ?

SL : "Je le connais de réputation, mais je ne connais pas sa méthode. En ce qui me concerne, j'agis comme un metteur en scène par rapport à la situation du moment du sportif, afin de faire en sorte qu'il redevienne l'acteur numéro un. Quand on a perdu beaucoup de choses, comme son niveau ou son envie, on doute de ce premier rôle, et c'est là qu'il faut y aller par étapes en le remettant dans sa réalité".