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OM : Qu'est-ce qu'un "directeur général du football" ?
Autour de l'OMPublié le 17/05 à 01:00

OM : Qu'est-ce qu'un "directeur général du football" ?

Quel est le profil souhaité par l'OM pour remplacer Andoni Zubizarreta ?

Le départ d'Andoni Zubizarreta de l'OM étant acté depuis jeudi, on en sait un peu plus sur le prochain virage que souhaitent prendre Jacques-Henri Eyraud et Frank McCourt en terme de politique sportive. Un OM plus axé sur le trading joueurs, après une première phase lors de laquelle le recrutement a été basé sur des joueurs expérimentés afin d'obtenir des résultats immédiats. Un choix qui a, certes, abouti sur une finale de Ligue Europa en 2018 et une qualification en Champions League cette saison, mais qui a plombé de manière vertigineuse les finances du club. Cet été, l'OM compte donc changer son fusil d'épaule, comme l'a expliqué sur l'antenne de RMC Sport Jacques-Henri Eyraud pour justifier le départ de son directeur sportif : "J'ai voulu muscler l'organisation et je vais continuer à le faire. Dès l'automne dernier, je l'avais prévenu que je recruterais un directeur général chargé du football à la fin de la saison. On en a reparlé à d'autres moments dans la saison. Cette saison se termine, donc cette personne va arriver avant la prochaine".

L'OM a fait figure de précurseur en la matière lorsque Christophe Bouchet fit appel à Pape Diouf en 2004

Cette personne se verra donc affublée du titre de "directeur général chargé du football", et chapeautera l'ensemble du secteur sportif, du recrutement au choix de l'entraîneur, dessinant ainsi les contours du nouveau visage de l'OM, conformément aux souhaits de son propriétaire. Une mission qui ressemble beaucoup à ce que font plusieurs clubs depuis quelques années, à l'image des attelages Campos-Galtier à Lille, Fournier-Vieira à Nice, Freund-Marsh à Salzbourg ou encore Krösche-Nagelsmann au RB Leipzig. En fait, ce terme de directeur du football correspond à ce qui se fait depuis longtemps en Angleterre, dans un premier temps avec des managers aux pouvoirs élargis comme les Français Wenger et Houllier à Arsenal et Liverpool, puis avec des hommes moins exposés, pas forcément anciens joueurs ou entraîneurs, mais présentant généralement des profils d'agents aux compétences économiques et stratégiques. Finalement, on peut même se dire que l'OM a fait figure de précurseur en la matière lorsque Christophe Bouchet fit appel à Pape Diouf en 2004, comme il l'explique au Phocéen (voir la vidéo) : "J'échangeais déjà avec Pape avant que je prenne la présidence de l'OM en 2002. À cette époque, Robert Louis-Dreyfus était un peu paumé avec le club et je lui conseillais depuis longtemps de travailler avec lui. Sa connaissance du marché et son carnet d'adresses étaient très solides. De plus, il connaissait parfaitement les joueurs de l'OM en étant agent de certains d'entre eux. Son arrivée nous a fait gravir une marche supplémentaire dans le dispositif". Un succès qui confirme que le profil d'agent ou de scout, comme Luis Campos à Lille, est la garantie d'une connaissance du marché et des tendances bien supérieure à celle d'un ancien pro, même si certains d'entre eux ont su changer de casquette avec succès.

Comolli : "Sa présence implique que le président prend un recul très important par rapport à tout ce qui a attrait au sportif"

Mais, pour revenir à la notion même de ce poste de "directeur général du football", rien de mieux que de se tourner vers l'un de ceux qui l'ont exercé pour en savoir plus. C'est ce que fait Le Phocéen, avec Damien Comolli qui a assumé le poste à Tottenham, Liverpool ou à Fenerbahçe la saison dernière : "C'est un poste de directeur sportif renforcé par deux aspects. Premièrement, il est le supérieur hiérarchique de l'entraîneur, alors qu'il s'agit du président habituellement. C'est donc lui qui choisit le coach et qui est son interlocuteur. La deuxième chose, c'est que sa présence implique que le président prend un recul très important par rapport à tout ce qui a trait au sportif. Evidemment, le directeur du football mène les négociations de transferts, de salaires, de prolongations et de départs de A à Z. Après, par rapport au souhait de l'OM de s'orienter vers le trading joueurs, ça ne se décrète pas comme ça. Il faut en permanence avoir programmé le départ de ses onze meilleurs joueurs, avoir une liste de cinq joueurs à chaque poste susceptibles de remplacer un titulaire que vous vendez, puisque le principe est que tout le monde a un prix et que tout le monde est à vendre. Du coup, vous ne devez pas avoir un entraîneur qui vous demande de prolonger un joueur de 30 ans ou qui exige des garanties pour jouer le titre l'année prochaine. Le trading, ça ne marche pas comme ça. D'où l'importance d'une parfaite symbiose entre le directeur du football et son coach".

La tendance aujourd'hui à l'OM est donc à l'arrivée d'un duo directeur du football-entraîneur aux compétences bien définies et séparées, mais aussi à la complicité avérée. En gros, un directeur qui fait du trading et un coach qui valorise les joueurs sur le terrain. On en revient au succès du ticket Diouf-Gerets, mais aussi à ces tandems qui ont brillé dans cette configuration comme Campos-Galtier à Lille, Vasiliev-Jardim à Monaco, et même à ce qui s'est fait de mieux en la matière avec le duo... Henrique-Villas-Boas au FC Porto de l'époque. Celui dont le nom a circulé à l'OM ces derniers jours n'a jamais tapé dans un ballon de sa vie et est passé par tous les postes administratifs chez les Dragons, mais son flair, sa capacité à se constituer des réseaux et sa vivacité de réflexion en ont fait un recruteur et un vendeur hors pair. C'est donc vers un tandem de ce profil-là que devra se tourner l'OM. Avec ou sans Villas-Boas, mais c'est un autre problème...