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OM : "DJ Kheops peut faire installer un écran en face de ses platines pour suivre un match"
Autour de l'OMPublié le 22/11 à 01:00

OM : "DJ Kheops peut faire installer un écran en face de ses platines pour suivre un match"

Dans son film "D'IAM à Jul, Marseille capitale du rap", les réalisateurs Gilles Rof et Didier Daarwin retracent la fantastique réussite collective des artistes marseillais. Inévitablement, le lien avec l'OM se fait. Interview avec Gilles, qui a vécu les prémices de cette folle aventure.

"D'IAM à Jul, Marseille capitale du rap" retrace l’incroyable saga du hip-hop marseillais, phénomène musical, culturel et social qui, en trente ans, a bâti une histoire à succès inédite. Élément constitutif de l’âme de Marseille, ville populaire où le verbe a toujours été capital, le hip-hop est également une expression de sa situation sociale et culturelle. Entre musique populaire et sport populaire, le lien entre rap et OM était écrit. Interview.

Gilles, comment vous vient l'idée de raconter en film l'histoire du rap marseillais ?

Gilles Rof : "J’écoute du rap depuis toujours, cela fait partie de ma culture musicale. Je suis de la région et j’arrive vraiment à Marseille au début des années 90. J’étais jeune journaliste et je rencontre fortuitement IAM, on se retrouvait dans le quartier du Vieux-Port. Pigiste, j’écris sur le rap, ce qui est rare dans les journaux à l’époque : cela leur paraissait anecdotique voir inintéressant. Je deviens correspondant pour Groove ou Rap Mag et je couvre l’effervescence d’IAM, la FF, les Psy4… Il y a deux ans, je vois Soprano en concert au Vélodrome et je me dis avec Didier Daarwin que cette histoire que l’on a tous vécu, comme acteurs ou observateurs est complètement folle. C’était le moment de raconter tout ça, de rappeler à ceux qui la connaissent à quel point c’est incroyable et la faire découvrir à d’autres."

Les rappeurs s'expriment beaucoup dans leurs textes, mais on a l'impression qu'ils avaient encore plus à dire...

G.R. : "Ils avaient envie de raconter cette histoire. Je pense qu’il y a une prise de conscience de l’importance de ce phénomène culturel à Marseille. Individuellement tout le monde se rend compte de son succès mais collectivement, ils sont ravis de raconter ça, de faire reconnaître cette histoire."

Les premiers parallèles entre rap et football sont évidents à Marseille ?

G.R. : "Le rap donne une vision de la ville à l’instant T : quand IAM écrit son premier album ils expriment le mouvement anti-raciste, l’envie que les classes populaires soient reconnues, une volonté d’élévation de ces gens en même temps qu'une reconnaissance du travail des rappeurs. Ce rap évolue et devient ensuite plus direct, les artistes font leur chemin, que la société les reconnaisse ou pas. On raconte une ville difficile, partagée en deux, une notion du bien commun qui disparait. De par leur réussite, les rappeurs apportent ensuite, comme l’OM, une fierté. Une preuve que l’on peut réussir en étant Marseillais. Les réussites individuelles ont toujours existé à Marseille mais collectivement, c’était plus difficile. Le rap apporte aussi la possibilité pour de jeunes garçons des quartiers populaires de s’exprimer et  réussir socialement, économiquement. De cette ampleur et de cette rapidité-là, c’est assez inédit et plutôt incroyable. Avec cette façon marseillaise de forcer les choses au moment d’IAM et d’Independenza : les rappeurs marseillais veulent leurs propres labels et ne plus signer à Paris."

C'est la réussite simultanée qui tisse le lien entre rap et OM selon vous ?

G.R. : "Chez les artistes de rap, il existe un vrai attachement à l’OM, qui s’apparente à un attachement à la ville. Il y a une volonté de représenter Marseille et l’autre manière de le faire c’est d’être avec l’OM. On sait peu que Marseille excelle dans le domaine de la recherche à Luminy, mais on sait tous que le club a remporté la Ligue des Champions. Il y a en tout cas un phénomène chronologique : quand IAM explose, c’est la période où l’OM explose aussi. Dans IAM il y a des fous furieux de l’OM, dont le plus marqué est DJ Kheops. C’est quelqu’un qui peut faire installer un écran en face de ses platines pour suivre un match. Cela se retrouve chez les autres, à des degrés divers, chez Soprano ou Alonzo. Ce rapport musique populaire sport populaire existe. La proximité avec les joueurs aussi : ils ont le même âge et sont issus des mêmes quartiers. Les liens entre joueurs et rappeurs se créent au fil du temps, car chacun suit la discipline de l’autre. On voit que l’OM est aussi capable d’avoir des rappeurs comme ambassadeurs ou lance dernièrement OM Records."

Le but pour artistes et footballeurs reste donc de porter haut les couleurs de la ville ?

G.R. : "Chronologiquement les deux grandissent de la même manière et les rencontres démarrent en 94, quand j’organise pour Le Provençal un évènement entre Boli, Deschamps, Barthez, Anderson et les rappeurs marseillais. C’était un moment assez génial car les uns et les autres étaient en demande de ça. Cela s’est poursuivi entre Sopra' et Mandanda ensuite... Il y a beaucoup d'exemples et aujourd'hui c'est quelque chose de naturel. Chacun défend l’image de la ville, le fait de porter les couleurs de Marseille haut et fort et de manière presque identitaire."

"D'IAM à Jul, Marseille capitale du rap" est un film réalisé par Gilles Rof et Didier Daarwin, chez 13productions en partenariat avec Radio Nova. Le replay est encore disponible sur FranceTv.

Avec : Akhenaton (IAM), DJ Kheops (IAM), Imhotep (IAM), Shurik’n (IAM), Soprano (Psy4 de la rime), Alonzo (Psy4 de la rime), SCH, DJ Djel (Fonky Family), Sat l’Artificier (Fonky Family), Bouga, Keny Arkana, JuL, Kofs, Soso Maness, Mino, 3eme Oeil, REDK, Hollis L’infâme, Faf Larage, Hélène Taam, Saïd Ahamada, B-Vice, Namor, Mourad Mahdjoubi (Uptown), JMK$…