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OM : André Villas-Boas, se souvenir des belles choses
Autour de l'OMPublié le 03/02 à 15:00

OM : André Villas-Boas, se souvenir des belles choses

André Villas-Boas et l'OM, c'est terminé.

Et la page André Villas-Boas se tourna. Hier soir, à la sortie de La Commanderie et alors qu'à cette heure, le Portugais était censé décoller avec ses ouailles vers Lens et la 23e journée de Ligue 1, c'est un autre type d'envol qu'il emprunta. Lyrique, d'abord, en s'adressant aux supporters : "Merci beaucoup pour votre soutien. Ça a été une année et demie magique. C'est dommage que ça se finisse comme ça. J’ai eu un amour spécial pour le club. J'ai appris à aimer le club de la même façon que vous. Je l'ai toujours défendu." Vers d'autres cieux, ensuite, encore inconnus aujourd'hui, même si l'escale finale est déjà prévue depuis belle lurette et sera un jour où l'autre Porto, sa zone d'atterrissage idéale.

Villas-Boas et l'OM, une première année coup de foudre

L'histoire entre André Villas-Boas et l'OM démarre un peu par surprise. D'abord, parce que l'on ne savait plus trop quoi attendre comme coach après la fin de règne houleuse de Rudi Garcia, qui avait mis à cran le peuple marseillais. Ensuite, parce que le Portugais n'inspirait pas grand chose aux supporters : exilé en Russie et en Chine après ses années à Porto, Chelsea ou Tottenham, la trajectoire du garçon laissait perplexe. Mais, peut-être fallait-il y voir, déjà, la trace d'un homme singulier, atypique dans un milieu du foot aseptisé, où pas un mot ni une attitude ne dépassent jamais. Son goût du voyage et de la découverte font honneur à son peuple et le fait qu'il largue ses amarres à Marseille, ville-monde par excellence, n'est pas si étonnant que ça. Lors de ses premiers pas, AVB séduit en conférence de presse par sa franchise et son habileté. Sur le terrain, les résultats s'enchaînent et la fougue du pressing olympien parle aux supporters. Payet retrouve de sa superbe, Caleta-Car prouve ce dont il est capable, Kamara sort définitivement de sa chrysalide et les apports de Rongier, Alvaro et Benedetto couronnent un OM captivé par le discours de son coach et qui foncera vers le podium jusqu'en février et la date du premier confinement synonyme d'arrêt du foot en France. Avant ça, l'OM aura tapé Lille et Lyon au Vélodrome en Ligue 1, dans des ambiances des grands soirs.

Le temps des doutes et des frustrations

Et puis, la fameuse deuxième année arriva et les premiers doutes avec. Ceux qui pestaient d'avoir vu l'OM fermer le jeu, petit à petit, la saison passée, peuvent s'en donner à coeur joie : cette saison, AVB veut un OM plus bas, moins pressant, moins innovant, moins créatif, un OM solide, qui réussit à cogner Paris au Parc au mental et aux forceps (0-1) mais devient insupportable quand il s'agit de boxer Saint-Etienne, l'Olympiakos ou Lens au Vel', pour ne donner qu'un échantillon du désespoir qui naît peu à peu sous nos yeux. En parlant de Ligue des Champions, l'OM y sera ridicule et le coach portugais n'aura jamais su inverser la tendance. Il s'agace face aux médias, il râle face aux attentes aussi, assurant ne pas avoir les moyens d'un Guardiola à City. Après avoir longtemps été dans la course en Ligue 1, les résultats empirent et AVB protège ses (mauvais) garçons vaille que vaille, jusqu'à provoquer l'ire des supporters et observateurs de l'OM. Fidèle à sa manière d'être, Villas-Boas prend le recul qui a toujours été le sien dans sa carrière de coach, demande de la patience et du respect à un à club qui a "toujours brillé par son instabilité". Mais, coach, il était déjà trop tard et un couple se relève difficilement des premières disputes.

Un dernier tour du globe ou un aller simple pour Porto ?

Les lendemains de rupture sont difficiles. Alors, à l'heure de faire un bilan comptable, il y a du noir et du blanc. Avec AVB, l'OM a enfin retrouvé la Ligue des Champions, battu les gros, réveillé le Vélodrome, donné du corps et de l'esprit à des joueurs qui en manquaient l'année précédente. Il y a, en face, une campagne de C1 désastreuse, un jeu stéréotypé, des défaites angoissantes et un manque de réussite tactique la seconde saison. Et pour ce qui est de l'homme ? André Villas-Boas est un monsieur courtois et cultivé, un fin communiquant, un esprit ouvert et avisé, franc, un fan de vélo qui adorait rouler à la Sainte-Victoire, pic-niquer au bord des rivières de Provence ou encore écrire "Allez l'OM" dans la neige. Pour d'autres, un malin, irritant, qui n'aura donc pas supporté que soit attaqué, selon lui, son professionnalisme dans la dernière ligne droite du mercato d'hiver. Défaut ou qualité ? Pour d'autres encore, un entraineur qui en faisait parfois trop au sein du club, ce qui a été génial la première année, mais n'avait plus lieu d'être une fois Longoria arrivé. Intègre ou vicieux, compétent ou léger, il y en aura pour tous les goûts. Ce qui est certain, c'est qu'il restera comme un coach marquant dans l'histoire de l'OM et que son bilan de la première saison n'est que peu discutable. Quoi qu'il en soit, celui qui a son portrait dans les rues de la ville quitte Marseille et certains prendront du plaisir à suivre la suite de ses aventures, qu'elles soient au Brésil, au Japon ou à la présidence du FC Porto. Histoire de boucler la boucle. Avec l'OM, l'histoire se termine par un dérapage (in)contrôlé et même par une mise à pied de sa direction. Triste. L'amour peut être éternel comme durer moins d'un an et demi.