Le droit de ne pas soutenir Paris
Ainsi, selon plusieurs médias et observateurs, l'OM et ses supporters ont franchi ce mardi la ligne rouge, la limite des limites autorisées. Diable ! Rendez-vous compte : alors que les messages de soutien au PSG avant son choc de Champions League face au Real affluent de la part de la plupart des clubs de Ligue 1, celui de l'OM a dû s'égarer en route. Pas de communiqué officiel sur le site du club, pas de banderoles de solidarité de la part des groupes de supporters des deux virages, même pas un mot gentil sur Twitter, rien. Même Le Phocéen semble avoir oublié les formalités d'usage. Quelle ingratitude ! Quelle indignité !
Mais la palme du mauvais goût revient incontestablement à La Provence. En titrant "Marseille avec Zizou !", le quotidien régional verse carrément dans l'outrage aux bonnes moeurs en posant cet odieux constat : "Quoi de plus plaisant pour un supporter de l’OM, que de voir un Marseillais, Zinedine Zidane en l’occurrence, se transformer en bourreau des Parisiens ?". Un journal marseillais cautionnant l'amour des Marseillais pour un enfant de Marseille ? C'en est trop ! Les bases du journalisme sont ébranlées. Que fait le CSA ? Que fait la police ? Et le gouvernement ? La seule institution à la hauteur reste l'UNFP et son appel à la mobilisation générale (sous peine de poursuites ?).
Plus sérieusement, que signifient ces indignations surjouées ? Quel journaliste sérieux pouvait imaginer un élan du coeur de notre part pour le club rival ? Ce football qu'ils aiment tant, ce sport dont ils vivent, n'est pourtant fait que de ça et c'est la raison centrale de son succès universel. Quels tifosi seront derrière la Juventus mercredi soir contre Tottenham, hormis ceux de la Vieille Dame ? Existe-t-il un Barcelonais qui ne s’enflammera pas en cas d'ouverture du score précoce du PSG ? Quel supporter des Verts souhaite voir Lyon remporter l'Europa League dans son stade fin mai ? Enfin, quel fan du PSG s'est délecté du contrôle du dos victorieux de Brandao à Milan ? Aucun, et tant qu'il en sera ainsi, la planète football continuera de tourner rond, n'ayez crainte. Il n'est même pas question ici de rester "à jamais les premiers". Juste une question de passion, celle que l'on tente chaque semaine d'éteindre à coup de fermetures de virages, et aujourd'hui d'injonction à supporter l'insupportable pour un supporter.