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Droits TV : que risque l'OM avec l'affaire Mediapro ?
Autour de l'OMPublié le 09/10 à 18:00

Droits TV : que risque l'OM avec l'affaire Mediapro ?

Le diffuseur de la Ligue 1 veut renégocier le contrat des droits TV à la baisse.

Le coup de théâtre n'a pas fini de faire trembler la LFP et les clubs. En effet, Mediapro, le nouveau diffuseur du foot français, n'a pas payé sa traite du mois d'octobre et veut renégocier à la baisse le contrat gigantesque signé avec la Ligue pour 780 M€ par an (pour la L1). Une situation plus qu'inquiétante pour des clubs déjà privés de billetterie et qui comptent plus que jamais sur cette manne. Le coup est rude pour tout le monde, y compris pour l'OM. C'est ce qu'explique au Phocéen l'économiste Vincent Chaudel, de L'Observatoire du Sport-Business.

Que doit-on craindre avec ce coup de poker de la part de Mediapro ?

Vincent Chaudel : "N'ayons pas peur des mots : le football français est en danger, et j'ai du mal à voir une sortie positive. Y compris si Mediapro accepte finalement de payer, car la confiance est déjà cassée avec la Ligue et les clubs. On entre dans quatre ans de doute avec le partenaire principal qui devait mettre en avant le football français".

Le foot français était censé entrer dans la cour des grands avec des droits TV XXL, et là, c'est la douche froide ?

VC : "Absolument. Et même s'il paye la traite d'octobre, vont-ils le faire pour la prochaine en décembre, en février, l'année prochaine ? S'ils ne paient pas, et c'est possible, c'est une catastrophe. Il y aurait évidemment des démarches juridiques, mais c'est un temps long, quand aura-t-on la réponse ? Et, même en cas de négociations, cela prendrait du temps et la Ligue serait en position de faiblesse".

Les clubs sont donc en danger ?

VC : "Oui. Ils ont déjà perdu de l'argent en ne terminant pas la saison dernière et se sont endettés avec les prêts garantis par l'Etat (PGE). Ils en perdent encore aujourd'hui avec l'absence de revenus billetterie qui dure et va encore durer. Même si les clubs ont été prudents, ce sont des pertes importantes. Enfin, il y a le mercato. La France est un pays exportateur et on a forcément moins bien vendu à cause de la crise. Les clubs comptaient donc sur ces droits TV pour laisser passer l'orage, et là, deux jours après la fin du mercato, Mediapro fait cette annonce. C'est terrible, car les clubs n'ont plus de marge de manoeuvre. Cette info serait tombée fin août, les clubs ne faisaient pas le même mercato. Peut-être qu'Aulas vend Aouar, par exemple, où que l'OM n'investit pas sur Luis Henrique".

Et quid du mercato hivernal qui va vite arriver ?

VC : "Ceux qui comptaient sur ce marché pour se renforcer vont forcément revoir leurs plans. Pire : ce mercato risque d'acter une baisse de compétitivité générale, puisqu'on va voir des talents partir. De plus, on va les voir partir à prix bas, car les acheteurs savent qu'on est mal, et eux-mêmes ne vont pas bien. On se demande même si on va arriver jusque là, car des clubs vont vite se retrouver avec des difficultés de paiement, de trésorerie, et janvier, c'est loin pour eux".

On peut quand même imaginer qu'il s'agit bien d'un coup de poker de la part du diffuseur pour renégocier ?

VC : "Oui, mais encore une fois, la confiance est affectée, y compris avec les abonnés. Si vous ne l'êtes pas déjà, allez-vous prendre un abonnement Téléfoot aujourd'hui ? La réponse est non. Si c'est un coup de poker, c'est une folie".

Enfin, peut-on imaginer que d'autres diffuseurs viennent à la rescousse en cas d'échec ?

VC : "Je ne vois qu'un seul plan B. Pas avec RMC qui n'a plus vraiment de cash à mettre. Je vois plus Canal + et BeIN, qui sont en meilleure position d'un point de vue opérationnel avec des plateformes et des abonnés déjà existants. On peut les imaginer s'associer en cas de défaillance de Mediapro, mais ils ne feront pas de cadeaux".