AVB a-t-il raison de faire le dos rond ?

On a beaucoup parlé de la comm' de Rudi Garcia durant ses deux saisons et demie à l'OM. Jugée excellente tant que les résultats étaient là, elle fut par la suite qualifiée de désastreuse lorsque son équipe ne répondait plus. Évidemment, il est compliqué de faire le parallèle avec celle d'André Villas-Boas. Déjà parce que le Portugais navigue à des années-lumière au-dessus du Lyonnais en terme de sympathie et de sincérité, mais aussi parce qu'on a beau retourner la situation dans tous les sens, les résultats de l'OM restent excellents. En effet, en dépit des plumes (et des points) laissées en cours de route face à Angers (0-0) et à Bordeaux (0-0), il ne nous a pas échappé que l'OM n'a plus perdu un match depuis le 27 octobre dernier en Ligue 1, et que c'était à Paris (0-4). Depuis trois mois, l'OM est juste invaincu en 11 matches de Ligue 1 et 3 de Coupe de France. Pas trop mal, finalement, pour une équipe qui tire la langue.

"Ce sont deux façons de regarder les choses, la positive et la négative. Ça dépend du journaliste et de l'intention du journaliste"

Ceci dit, il faudrait être aveugle, ou de mauvaise foi, pour ne pas reconnaitre que l'OM pioche depuis un mois. Cet OM qui avait justement fait de sa tonicité et de son esprit offensif des marques de fabrique semble s'être un peu perdu durant la trêve hivernale. Un fait établi que Villas-Boas a du mal à reconnaitre, ce qui peut surprendre, et qu'il a encore repoussé dimanche soir après le nul poussif à Bordeaux : "Évidemment Rennes se rapproche de nous, mais on a gagné un point sur Lyon, Montpellier et Monaco. On continue notre chemin, on se trouve dans une bonne position et on poursuit notre invincibilité. Ce sont des choses positives. On a pris 2 points sur les deux derniers matches, mais 5 points sur 9 possibles (avec la victoire à Rennes). Ce sont deux façons de regarder les choses, la positive et la négative. Ça dépend du journaliste et de l'intention du journaliste." Un discours qui, certes, se vérifie dans les faits, mais qui surprend quand même un peu quand on connait la pertinence habituelle de notre AVB depuis le début. Incontestablement, le Portugais a opté pour la tactique du dos rond, et il est intéressant de tenter d'analyser pourquoi.

Villas-Boas quitte sa franchise désarmante et revêt son collier de chien de garde impitoyable

En fait, aussi surprenant soit-il, ce nouveau discours défensif s'explique facilement. En adoptant cette attitude, AVB ne fait rien d'autre que du AVB : il protège ses joueurs et blinde, de fait, la sérénité de son vestiaire. C'est ainsi la même chose lorsqu'on lui parle de la traversée du désert actuelle de Pipa Benedetto, de la saison "moyennasse" de Max Lopez ou du Jordan Amavi ancienne formule (voir la vidéo). Dans ce cas-là, Villas-Boas quitte sa franchise désarmante et revêt son collier de chien de garde impitoyable. Sa relation idyllique avec la presse a des limites, et la limite, ce sont ses joueurs et leur bien-être. Finalement, c'est un peu la même chose qu'avec son président. Le couple n'a pas connu d'accroc jusqu'à l'arrivée de Paul Aldridge et la perspective sous-tendue d'une grande braderie dans le dos de son ami Andoni Zubizarreta. Là aussi, AVB n'a pas hésité une seule seconde pour faire barrage de son corps, quitte à paraître beaucoup moins jovial. En révélant ce nouveau visage, le Portugais confirme qu'il n'hésitera jamais à montrer les dents pour préserver l'équilibre et l'étanchéité de son vestiaire. Et jusqu'à présent, personne ne s'en plaindra...