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Spectateurs ou sénateurs ?
SaisonPublié le 29/01 à 07:00

Spectateurs ou sénateurs ?

Il faut employer la formule avec précaution. L'an dernier, désespéré de voir les joueurs alignés devant lui se battre avec peu d'entrain, le capitaine phocéen Steve Mandanda avait poussé un coup de gueule affirmant qu'ils jouaient "comme des sénateurs". Les élus avaient visiblement du temps libre le lendemain puisqu'ils avaient rédigé un courrier pour s'en prendre au gardien international et expliquer qu'ils travaillaient bien plus que les joueurs de l'OM. L'expression était pourtant utilisée alors que le petit Steve n'était pas encore entré au centre de formation du Havre. Mais qu'importe... Les membres du Sénat ne vont donc peut-être pas apprécier d'être à nouveau ramenés à l'OM. Mais pourtant, pas besoin d'avoir autant de recul que Thomas Pesquet pour faire ce constat : vendredi soir, pour OM-Montpellier, les tribunes du Vélodrome ressemblaient à s'y méprendre à l'Assemblée nationale ou au Sénat lorsqu'une loi était débattue : des sièges vides, en veux-tu, en voilà. Un peu plus de 28 000 supporters phocéens dans une enceinte de 65 000 places, en partant de l'hypothèse que tous les abonnés étaient au stade. De quoi quand même se poser quelques questions et de se demander, par exemple, si c'était finalement nécessaire de tirer à boulets rouges sur les groupes de supporters pendant des années pour avoir à la place désormais des consommateurs en écharpes et survêtements. Pour éviter les débats de fonds, des excuses de circonstances sont avancées : le match était télévisé, les finances ne permettent pas à toutes les bourses deux visites dans la semaine et le match contre Lyon en coupe de France arrive dans quelques jours seulement, traditionnellement, c'est la période la plus froide sur Marseille, et enfin, surtout, l'OM sort de deux défaites en deux matchs avec sept buts encaissés, avec in fine un mercato qui a pris du retard car, si Dimitri Payet fait tous les jours ou presque la une des journaux, il n'a toujours pas remis le maillot blanc.

La ferveur, ce qui fait la renommée de l'OM

Une manière de voir les choses effrayantes pour les vrais amoureux de ce club. Et que l'on ne vienne surtout pas nous parler de problème avec la "nouvelle génération". Les plus jeunes justement, s'ils choisissent l'OM comme club aujourd'hui, ce n'est pas parce qu'ils ont connu l'ivresse et l'arrogance de la victoire du début des années 90. S'ils sont à leur tour fiers d'être marseillais, c'est pour la ferveur que représente la ville phocéenne tout entière. Une ambiance à domicile que l'on ne retrouve nulle part ailleurs en France. Une ambiance de renommée mondiale. A l'été 2015, alors que le club cherche un entraîneur, Jorge Sampaoli, le sélectionneur du Chili, qui joue actuellement les troubles-fêtes en Liga avec le FC Séville, est interpellé par l'opportunité marseillaise. Pas pour le charisme de son président de l'époque, mais belle et bien pour cette ambiance qui a de quoi lui rappeler l'Argentine. C'est aussi ce qui a convaincu Lucho Gonzalez de signer au club, lui qui avait découvert l'enceinte du boulevard Michelet lors d'un match amical avec Albiceleste contre la France. Alors quoi ? Il suffit de se dire que cette ambiance a existé pour ne plus faire d'effort ? Laisser aux Lyonnais le monopole des chants innovants et marrants sur Jallet et Yanga-Mbiwa pour s'endormir en virages sur les mêmes rengaines depuis vingt-cinq ans ? Attendre qu'il fasse plus chaud ? Pourquoi pas exiger des sièges chauffants ? Mais après, il ne faudra pas se plaindre si le club essaie de vendre des maillots de toutes les couleurs... A se comporter en client, ça serait presque de la provocation face à des équipementiers surdiplômés en marketing. 

Des efforts à faire

Autrefois, la demande était telle qu'il fallait s'estimer heureux d'avoir un abonnement. Et tant pis si les dirigeants changeaient l'équipe dans les derniers jours du mercato ou si l'entraîneur s'en allait après le premier match. Désormais, le public a le pouvoir en faisant varier de manière conséquente la fréquentation du Vélodrome, pouvant ainsi sanctionner d'éventuelles dérives. Il faudrait être fou pour s'en plaindre. D'ailleurs, pour le premier match de Rudi Garcia à domicile, contre Bordeaux en novembre, les supporters avaient répondu présents avec une enceinte quasi-pleine. Si les joueurs ne s'en offusquent pas encore, à l'image de Florian Thauvin que vous pouvez retrouver dans la vidéo, il ne faudrait pas que cela bascule sur une attitude où l'on vient que quand ça gagne, que lorsqu'il y a des stars. Ou alors, il faut avoir l'honnêteté de ne plus s'appeler supporter et de ne plus critiquer le Parc des Princes version QSI.