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OM : où en est le projet socios ?
SaisonPublié le 29/04 à 07:00

OM : où en est le projet socios ?

Le projet socios, comme à Barcelone, fais rêver tous les Marseillais depuis sa création. Alors que Margarita Louis-Dreyfus a affiché officiellement son envie de se désengager il y a quelques semaines, une bande de copains a décidé de franchir le pas. Depuis quelques mois, ils planchent sur le projet d'arrache-pied, pour le rendre juridiquement viable, ils consultent le tout Marseille, pour proposer un projet qui colle le plus possible à la ville. Le contexte les a poussés à sortir du bois, avec un site internet, une page Facebook, et même une collecte de promesse de dons sur le site lepotcommun.fr. Julien, cofondateur du projet, ne souhaite pas se mettre en avant. Tombé amoureux de l'OM dans les virages alors qu'il n'était âgé que de quelques années à la fin des années 80, il est encore abonné, travaille dans l'immobilier, et espère un tout autre rayonnement pour son club avec un projet loin d'être utopique à ses yeux. Entretien. 

Vous avez lancé un projet de rachat de l'OM par des socios. Après trois semaines, vous avez récolté près de 2,8 millions d'euros en promesses de dons. Satisfait ? 

NSOM : "Il faut distinguer les deux initiatives. Ghislain Foucque, via sa plate-forme lepotcommun.fr, a mis la lumière sur cette idée. Nous, le collectif "Nous sommes OM", travaillons sur le projet socios depuis janvier. On réfléchit aux objectifs, aux moyens, pour proposer le projet le plus abouti possible. Ghislain a testé l'idée auprès du grand public, mais les deux projets vont se rejoindre". 

Le modèle socios fait rêver depuis très longtemps à Marseille. Mais ce doit être assez compliqué à mettre en place. 

NSOM : "C'est compliqué. La situation de départ, c'est de se demander ce qu'on veut pour l'OM, définir les objectifs. Pour nous c'est un grand club, il y a beaucoup de monde qui le suit, donc il doit d'abord afficher une ambition sportive pour atteindre minimum les huitièmes de finale de la Ligue des champions chaque année à moyen terme. Ensuite, pour que ça réussisse, il faut une certaine stabilité et une stratégie sur le long terme. Comme tout le monde, on aimerait que le staff soit reconnu pour sa compétence, que le centre de formation soit performant et que les recruteurs nous offrent un vrai réseau. Enfin, que le club garde sa ferveur populaire et son identité locale. Car le football est identitaire, au départ, on défend un quartier, une ville, un territoire. C'est ça le football. Pour mettre tout ça en place, il y a deux solutions. Soit l'arrivée d'un hypothétique milliardaire, dont on parle tous les jours dans tous les journaux. Mais un milliardaire, à l'OM, ça fait déjà 15 ou 20 ans qu'on l'a. Rennes aussi ils ont un milliardaire, ils sont où ? Faut demander aux supporters de Malaga ce qu'ils pensent d'un milliardaire étranger, ce n'est pas forcément l'idéal. Nous, on a rien contre un milliardaire qui voudrait reprendre le club. On dit juste que pour que ça marche, il faut s'appuyer sur le local. Si c'est un homme d'affaires qui reprend le club mais qui doit rester sur Londres ou Paris pour ses affaires, ce n'est pas l'idéal". 

Le risque, c'est de tomber comme en politique et comme au FC Barcelone, dans parfois des combines électorales. 

NSOM : "Nous ce qu'on veut mettre en avant, c'est que le projet de socios, ça marche de partout. En demi-finales de la Ligue des champions, il y a trois représentants du modèle socios pour un milliardaire qui tient son club (Manchester City, ndlr). Si l'on s'en tient aux faits encore une fois, sur le long terme, c'est un modèle plus pérenne. Chelsea, PSG et City sont moins forts que le Real Madrid, le Bayern et l'Atletico Madrid. On a une opportunité énorme avec la situation actuelle, car le club ne vaut plus grand-chose et il est à vendre. C'est la porte de sortie idéale pour la famille Dreyfus. Si elle veut laisser une bonne image à Marseille, il n'y a rien de mieux que de redonner du pouvoir aux supporters. La formule fait peur mais il s'agit là d'un modèle participatif populaire et démocratique. Comme on parle de démocratie, il faut il est vrai, une organisation importante pour que ça fonctionne". 

Il y a plusieurs modèles de socios, en Allemagne ou en Espagne, ce n'est pas la même chose. 

NSOM : "C'est vrai. A Barcelone, les socios sont propriétaires à 100% du club, alors qu'en Allemagne, tous les clubs fonctionnent avec des supporters qui sont propriétaires à 50+1%. Au départ, on était parti sur la première option mais on se rend compte que le modèle allemand est très pertinent. Donc on réfléchit à comment l'adapter au mieux à Marseille. Son avantage, c'est qu'il permet de réduire le nombre d'adhérents minimum. Après, de façon globale, le modèle est plus sain que ce qui se fait actuellement, parce qu'il y a du coup beaucoup plus de transparence". 

Est-ce que vous en avez discuté avec les groupes de supporters ? 

NSOM : "Nous ne voulons pas parler à leur place. Ce n'est que notre avis, mais on juge qu'ils sont indispensables car ils véhiculent quoiqu'on en dise une belle image de Marseille et ce n'est que grâce à leur ferveur que l'on parle encore de l'OM dans le Monde aujourd'hui. Dans notre projet, ils restent indépendants, libres. Leurs adhérents sont les bienvenus dans ce projet-là". 

Pour schématiser, vous vous occupez d'élire un président, ils s'occupent d'animer les tribunes. 

NSOM : "Oui, voilà, il faut rester indépendant. Mais en tant que personne, ils peuvent tous exister dans l'association"

Dans l'ensemble le projet a été plutôt bien accueilli. Avez-vous également eu des critiques ? 

NSOM : "Il y a des gens qui sont en opposition avec ce modèle, il y a des gens qui sont réfractaires au changement de toute façon, et il y a des sceptiques. Les experts nous disent que le modèle socios ne marche pas en France, que l'on n'a pas la culture foot comme en Italie, en Allemagne, en Angleterre. Mais on répond qu'on n'est pas en France, on est à Marseille, et je pense que tout le monde me comprend. Ensuite on nous dit que les gens à Marseille n'ont pas d'argent. On a imaginé une offre abordable avec une adhésion à 50 euros et un abonnement qui reviendrait à 10-15 euros par mois. Quand on y pense, suivre l'OM, cela coûte de plus en plus cher, vu les prix des places, des abonnements TV, du merchandising... La question c'est : est-ce que ça ne vaut pas le coup de dépenser 10-15 euros de plus par mois pour participer à une grande aventure et de voir autre chose sur le terrain, qui nous ressemble plus ? On travaille sur tous les scénarios, avec des investisseurs, avec des gens qui viennent du monde de l'entreprise. On est ouvert si des gens veulent s'associer avec nous. Si un repreneur discute actuellement pour le rachat du club et qu'il vient de l'étranger, on est là pour faire rentrer le territoire, les supporters dans le club. C'est un partenariat gagnant-gagnant qui peut lui permettre de s'intégrer comme il faut. Il faut juste que les gens comprennent que le projet est parfaitement réalisable d'un point de vue technique. Il ne dépend que de la volonté des supporters. Le club revendique 15 millions de supporters dans le monde. Si on a 3% des gens qui adhèrent à cette idée, le projet peut se réaliser".

Pour être clair, vous proposez un système qui permet aux supporters d'élire un président tous les 5 ans, pas de tout discuter les décisions ou de suggérer des recrues.

NSOM : "Exactement. Il faut qu'il y ait une cohérence dans la politique et l'on ne souhaite pas une remise en cause permanente des actions du président. On fixe des objectifs qui sont quantifiables pour juger de la pertinence de son action. Après, si vraiment, il peut y avoir des motions de censure qui peuvent être mises en place si les gens ont le sentiment que le projet part dans le mauvais sens".

Votre système va faire le jeu de Pape Diouf. Tout le monde va vouloir l'élire... 

NSOM : "C'est le nom qui revient le plus effectivement. C'est lui qui a montré ces dernières années qu'il avait le plus de compétences pour inscrire l'OM dans une progression. Donc si les supporters veulent Pape Diouf, il y a deux solutions. Soit un investisseur l'appelle et s'associe avec lui, soit c'est le projet socios. S'il est intéressé, il se présente et il sera soumis aux votes des gens. Nous on serait ravi que quelqu'un de cette envergure fasse la démarche".