OM : les couloirs, la loi du plus fort

Marcelo Bielsa sait faire travailler ses joueurs. Cela n'est plus à démontrer, et le savoir-faire du technicien argentin est reconnu dans le monde entier. Le choix du président Vincent Labrune est en ce sens cohérent, par rapport au fameux "projet Dortmund" qu'il a voulu mettre en place il y a presque un an et demi désormais. Pour les têtes en l'air, cela consiste à acheter de jeunes joueurs aux forts potentiels, comme Benjamin Mendy ou Florian Thauvin, et de les faire progresser, pour ensuite, les revendre avec une belle plus-value. Si Élie Baup et José Anigo n'ont pas réussi dans cette entreprise 'Kolossal', Bielsa est, lui, en passe de le faire. "Marcelo est l'homme parfait pour eux" a lancé Labrune sur RMC (un extrait à retrouver dans la vidéo ci-dessus). Le parfait exemple est celui des latéraux olympiens. Vivement critiqués la saison passée, ils sont aujourd'hui un véritable atout pour cette formation. Pourtant, les deux joueurs sont les mêmes qu'en 2013/2014, mais ils ont profondément changé, presque muté : Benjamin Mendy et Brice Dja Djédjé.

Il faut dire que les deux gaillards se sont bien accoutumés aux schémas tactiques de Bielsa. Tantôt dans une défense à cinq, tantôt à quatre éléments. En début de saison, avec trois défenseurs centraux, les deux latéraux jouissaient d'une plus grande liberté offensive, et pouvaient ainsi apporter le surnombre sur les ailes. Une qualité qu'ils n'ont pas perdue quand le coach est repassé à quatre derrière. Leur apport est toujours essentiel, que ce soit dans le pressing défensif ou dans le jeu au sol en phase offensive. Avec trois passes décisives chacun depuis le début de la saison (NDLR : la LFP n'en donne cependant qu'une à Dja Djédjé) les deux joueurs de couloir sont tout simplement les deux meilleurs passeurs du club. Certes, Dja Djédjé brille également parfois par quelques relâchements coupables côté droit ou par des passes en retrait mal assurées, mais n'empêche, ces deux-là ont une part importante dans la réussite actuelle de l'OM.

Cependant, les deux cas sont à dissocier. À gauche, Mendy profite du très gros travail défensif d'André Ayew, tant dans le repli que dans la conservation du ballon. Les deux hommes s'entendent très bien, comme le fait remarquer notre consultant, Bernand Rodriguez, dans la vidéo ci-dessus. Les dédoublements sont nombreux dans le couloir et il existe une solidarité entre les deux partenaires. C'est moins vrai à droite, où Dja Djédjé doit souvent faire avec un Florian Thauvin plus individualiste et qui rentre souvent pied gauche vers l'axe. Les possibilités de centres sont moins nombreuses : 19 pour Dja Djédjé, contre 46 pour Mendy. C'est plutôt Thauvin qui a ce rôle, avec 71 ballons mis dans la boite - total le plus élevé de Ligue 1 - là où André Ayew n'en compte que 12. L'Ivoirien est finalement un véritable premier relanceur avec 604 ballons joués en neuf matchs de Ligue 1, soit cent de plus de Mendy, plus adepte de la profondeur. S'ils sont positionnés au départ sur la même ligne défensive, leur influence sur le terrain est bien différente, tout comme leur rôle finalement.

L'entraîneur phocéen expliquait d'ailleurs récemment que l'on n'avait pas encore vu le véritable potentiel des deux joueurs : "Mendy, c'est celui qui brille le plus sur le plan offensif. Et Brice a beaucoup de qualités à nous offrir, mais on ne les a pas encore toutes vues dans le jeu offensif. Les qualités offensives de Brice sont meilleures que ce qu'il nous montre jusqu'à présent" disait-il. De quoi voir venir en somme. Cette maturité naissante, Mendy commence d'ailleurs à en prendre conscience : "La saison dernière, je n'étais pas au mieux, notamment sur le repli défensif et parfois même sur ma qualité de centre. Cette année, je suis plus concentré, j'ai plus de responsabilités et le coach fait tout pour me mettre en confiance. Je suis encore en phase d'apprentissage, je n'ai que 20 ans, mais je pense avoir franchi un bon palier" a-t-il expliqué dans une interview lundi.

Attention tout de même, on a senti les deux hommes un peu limite physiquement dernièrement, et la trêve internationale ne leur sera pas bénéfique, car l'Ivoirien a rendez-vous en Afrique pour les qualifications à la CAN 2015, et l'international Espoirs français tentera de composter son billet pour l'Euro 2015. Autant dire qu'à leur retour sur Marseille, les batteries n'auront pas été rechargées. Et sur le banc, les solutions à ce poste sont restreintes, avec Rod Fanni à droite, qui manque de rythme, ou, solution de repli, avec Mario Lemina, qui a peu joué également, et qui n'est pas un spécialiste du poste. À gauche, Jérémy Morel fait office de doublure, mais il est jusqu'à maintenant indispensable dans l'axe. Bielsa devra donc gérer tout ça dans les semaines à venir. Mais de ce point de vue là, on lui fait confiance...