Mandanda, le grand retour

"Mandanda... j'ai rien contre lui, mais lui aussi, il est allé là-bas il était troisième gardien, il a dit je veux revenir, et nous on l'a repris, comme si c'était le bon dieu". Ce n'est pas la sortie la plus connue de René Malleville sur Steve Mandanda, mais en se remettant dans le contexte, au lendemain de la cuisante défaite contre Rennes (1-3) début septembre, le supporter avait trouvé la juste formule dans sa minute. Celle qui était alors sur les lèvres de tous : le retour de celui qui avait passé neuf ans au club n'était pas vraiment le coup du siècle en matière de recrutement. Cela ressemblait même à une pierre dans le jardin de Zubizarreta. L'ancien portier ibérique semble alors avoir choisi la solution de facilité alors qu'il était attendu sur ce dossier avec son réseau. Iker Casillas et surtout Géronimo Rulli, le prometteur gardien de la Real Sociedad, faisaient alors bien plus rêver. 

Mais c'est bien connu, en football, tout va très vite : depuis ce revers contre la formation bretonne, Steve Mandanda a pris le temps de soigner une blessure avant de revenir "Il Fenomeno". Sacré meilleur joueur du mois de septembre en Ligue 1, surtout pour son match à Nice où il arrête un penalty le... 1er octobre. Il est redevenu un gardien de niveau international, irréprochable et rassurant, éteignant totalement le débat d'une concurrence avec Yohann Pelé qui avait recommencé à aligner les clean sheets lors de son bref intérim. Juste récompense, Mandanda a été appelé pour jouer les deux matchs amicaux de l'équipe de France suite à la blessure d'Hugo Lloris contre le Real Madrid. Cela semble être juste évident, tant Steve est habitué à être le second de son camarade de promo. Mais disputer les deux rencontres dans son intégralité est un signal fort, notamment par rapport à Alphonse Areola, qui pousse en tant que troisième gardien en étant devenu titulaire à part entière au Paris Saint-Germain. Impeccable pour le premier match contre le Pays de Galles, la prestation du portier phocéen a été plus discutée contre l'Allemagne. Sa note de 4/10 dans L'Equipe le lendemain a fait débat. C'est tout le charme de l'exercice, où une personne doit avoir un avis tranché sur chaque joueur et l'expliquer en détail dans la foulée de la rencontre. Sur l'impression générale, l'avis peut s'entendre. Tout comme les nombreux fans de l'OM qui sont venus à la rescousse de leur joueur, qui sort quelques parades très intéressantes en seconde période. Notamment un coup franc symbolique de Kroos sur la barre. Symbolique car il est possible de voir cette action de deux manières : se dire d'un côté que le gardien a eu de la réussite, le coup franc touchant la barre avant d'être écarté de la main. Sauf que combien de gardiens auraient rentré dans le feu de l'action le cuir dans leur propre filet ? Face à l'une des références mondiales, Mandanda a prouvé qu'il était préparé et déterminé. 

Pas le bon dieu non plus, mais un élément qui peut tout à fait aller chercher le titre de meilleur gardien du championnat en fin de saison (ce serait une cinquième pour lui) alors qu'il a été une des recrues les moins onéreuses. Un coup qui pourra donner des envies à Andoni Zubizarreta de parader en disant que la facilité, finalement, aurait été d'aller piocher en Liga pour faire taire les critiques sur son utilité. Ce n'est pas le genre de la maison. Pareil pour Mandanda, qui ne perdra sûrement pas trop de temps à jouer le revanchard. Pourtant, il serait utile, pour les recrutements futurs, de s'attarder sur ce transfert : car même si forcément la nouveauté est excitante au premier abord, aller chercher quelqu’un qui sait ce que c'est l'Olympique de Marseille et la passion que cela génère, plus encore que quelqu'un qui connaît le haut niveau, ce n'est pas forcément une mauvaise idée...