Les messages envoyés par Garcia
L'exercice est tellement inhabituel qu'il a intrigué. Une semaine après la fin du championnat, Rudi Garcia a tenu une conférence de presse au centre RLD. Quelques esprits inquiets se sont demandés juste avant si ce n'était pas pour annoncer son départ à l'Inter Milan. Il n'y avait pourtant rien d'extraordinaire pour les suiveurs de l'actualité olympienne. Depuis qu'il a rejoint l'OM à la fin du mois de novembre, Rudi Garcia a fait l'objet de nombreuses sollicitations médiatiques. Toute l'année, il a été réticent, en dehors des points presse, à accorder des entretiens, à faire des bilans, alors que la saison n'avait pas rendu son verdict. Il a donc tout repoussé, semaine après semaine. Forcément, à la fin, les demandes étaient conséquentes et pour être sûr de contenter tout le monde l'entraîneur a préféré un exercice commun, à l'image de ce que Pep Guardiola avait instauré au Bayern Munich par exemple. Rudi Garcia était donc venu pour faire le bilan, tout simplement. Mais, ça fait partie du jeu aussi, les journalistes étaient venus avec des interrogations mercato. Et dès les premières minutes, l'entraîneur de l'OM y a répondu avec franchise, dans les limites de ce qu'il pouvait dévoiler. S'est donc instauré un vrai échange, rare, où l'homme fort du projet sportif a fait passer plus d'un message.
Malin, Garcia avait préparé son coup. Il savait très bien ce sur quoi il allait être interrogé. Il savait surtout ce qui pouvait en ressortir. Alors il a expliqué qu'il visait un joueur par ligne, qu'il était content de l'effectif actuel. Une manière de retourner le problème. Avant de saliver sur les possibles arrivées, il faut penser à ceux qui sont là. Et s'il ne va pas être possible de faire venir Romelu Lukaku à l'OM, il ne sera pas non plus possible de se séparer de tous les joueurs qui n'ont plus vraiment l'étoffe du nouveau projet en claquant des doigts. La plupart d'entre eux vont vouloir rester, officiellement pour s'accrocher car ce sont des compétiteurs, officieusement parce qu'ils veulent profiter le plus longtemps possible de leur contrat actuel. En défense centrale, Garcia explique donc qu'il ne pourra avoir plus d'une arrivée sans départ dans un secteur où Karim Rekik, Doria, Tomas Hubocan, Rolando, Rod Fanni et Grégory Sertic se sont essayés cette saison. Un message quelque part aux supporters qui seront priés de reporter leur frustration sur les mercenaires encore en place. Mais surtout en direction du groupe et de ceux qui se voient déjà partir ailleurs avec un chèque de compensation : ça ne va pas être si simple, désolé.
Il a ensuite évoqué l'identité des joueurs capables de venir. Cela va être difficile d'attirer ceux qui peuvent disputer régulièrement la Ligue des champions. Tout est dit. Après tout, pour la première saison de l'ère QSG, ce n'était pas Zlatan Ibrahimovic, mais Pastore ou Momo Sissoko qui avaient débarqué. Au moins, l'entraîneur de l'OM a pu rassurer : l'équipe ne va pas se transformer en entreprise de réhabilitation pour ceux qui veulent retrouver l'équipe de France. Le coach laisse parler les gazettes, les agents qui veulent monter la cote de leur joueur en faisant croire qu'ils sont convoités par l'OM. Ce qui l'intéresse, ce sont les actes, et il a pour ça pleinement confiance en son directeur sportif et son président. Cela n'a tellement pas été le cas ces dernières années dans ce club, que de l'entendre dire, après des mois de collaboration intense, ne peut pas être considéré comme une déclaration anodine. Et ce qui donne donc envie de se frotter les mains, même en étant raisonné, en pensant à la suite.