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Le paradoxe Thauvin
SaisonPublié le 12/11 à 07:00

Le paradoxe Thauvin

En dépit de sa baisse de forme, l'attaquant marseillais garde une cote très élevée. Le Phocéen a cherché à savoir pourquoi auprès de ceux qui l'ont côtoyé de près.

La saison passée, Florian Thauvin était la cible préférée du public du Parc des Princes. La faute à une interview accordée au magazine Surface où il doutait des valeurs du PSG. Mais si les sifflets étaient plus intenses quand le milieu offensif touchait la balle, c’est aussi car il était l’élément le plus dangereux aux yeux des supporters parisiens. Celui qui était capable de marquer sur un exploit individuel.

Huit mois plus tard, pour le PSG-OM suivant, Thauvin n’était plus la préoccupation des tribunes, et il a été fidèle à ses prestations récentes dimanche soir : il a tenté, il n’a pas ménagé ses efforts pour défendre, mais il a été terriblement inoffensif. "Ça se voyait qu’il avait envie de faire une grosse prestation, nous explique Frédéric Née, entraîneur des attaquants à Bastia quand Thauvin évoluait au Sporting. Il a peut-être encore du mal à encaisser physiquement un début de saison en Ligue 1. Peut-être qu’il manque un peu de maturité à ce niveau-là. Après, je trouve qu’il joue un peu plus simple que d’habitude."

Trop d'efforts inutiles

Les obligations de son poste dans le système Bielsa n'aident pas, il est vrai. Mais pour Née, ce n'est pas une excuse : "Peu de joueurs ont le coffre pour jouer à ce poste avec les exigences de Bielsa de toute façon, et surtout sur une saison. C’est peut-être à lui de gérer ses efforts. Je l’ai vu faire un dédoublement offensif quand Gignac frappe de loin. Quelqu’un avec plus de maturité n’aurait pas jugé utile de faire ce genre de course. C’est là-dessus qu’il faut qu’il apprenne." De là à lui conseiller un court séjour sur le banc, il n'y a qu'un pas : "Si sur deux-trois matchs il est remplaçant, il reviendra fort. Il a prouvé qu’il avait du caractère et qu’il était au-dessus."

Si sa place dans le onze était déjà remise en cause quand l’équipe enchaînait les victoires, les nuages qui s’installent au-dessus du leader de Ligue 1 ne l’épargnent pas. Mais ces nuages ne semblent pas déranger Marcelo Bielsa, qui lui voue une admiration sans bornes et ne s'arrête pas à cette petite baisse de forme.

"Je l'ai pris pour un 'Yougo', tellement il était bon !"

Il faut dire qu'il n'est pas le seul. Pas une semaine sans rumeurs de transferts vers les grands de la Premier League ou du Calcio pour l'Orléanais (lire ici). Les techniciens en sont fous, et ça ne date pas d'hier. Arrivé en 2007 à la tête du Grenoble Foot, "Mécha" Bazdarevic a eu le temps de découvrir le gamin avec les équipes de jeunes du club isérois, où Thauvin restera jusqu'à la liquidation en 2010. Meneur de génie de la grande sélection yougoslave dans les années 80, le Bosnien ne met pas cinq minutes avant de s'apercevoir qu'il a une pépite sous les yeux : "J'ai tellement aimé, je me suis dit 'c'est sûrement un Yougoslave'. Il avait ce talent très caractéristique que l'on trouve chez ces grands joueurs, et j'ai demandé s'il était de chez moi. On m'a dit que c'était un français" explique en souriant l'ancien n°10 du FC Sochaux. Pour lui, Thauvin avait déjà cette classe qui fait la différence pour les techniciens comme Bielsa : "Un garçon pas comme les autres, capable sur deux ou trois gestes de changer le cours des entraînements ou des matchs, de tromper tout le monde avec son coup de patte. À cet âge là, cette nonchalance qui se transforme en explosivité en un seul geste... que ce soit avec Bielsa, Bazdarevic ou Mourinho, s'il travaille avec de bons joueurs autour de lui, il peut aller très très haut."

"Son football s'exprime balle au pied"

Seul bémol, qui rejoint d'ailleurs les propos de Frédéric Née, les baisses physiques que subit régulièrement le garçon :  "Quand il partira en Angleterre ou en Italie, imagine Bazdarevic, il sera obligé de travailler encore plus, et pas seulement au niveau du pressing sur les adversaires. Il devra être capable de répondre encore plus au défi physique. Il va devoir étoffer son volume de jeu au niveau athlétique, mais son football s'exprime balle au pied, dans la passe, la percussion. S'il progresse encore sur le plan athlétique, ce sera LE super joueur !"

Même en demi-teinte, Thauvin reste dans le cercle très fermé des joueurs d'avenir cernés par les grosses écuries, et l'OM, avec son contrat jusqu'en 2019, peut se frotter les mains.

> En vidéo ci-dessus, l'entretien avec Mécha Bazdarevic sur Florian Thauvin.