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Le joueur français est-il vraiment une "grosse feignasse" ?
SaisonPublié le 13/10 à 10:50

Le joueur français est-il vraiment une "grosse feignasse" ?

Au sortir de ses trois semaines marathon durant lesquelles l'OM aura joué sept matches, soit un tous les trois jours, avant de lever le pied pour cause de trêve internationale, on s'aperçoit que les partenaires de Steve Mandanda n'ont pas franchement fait le plein de points, en dépit d'un turn-over largement commenté. Malgré ses explications, Michel n'avait pas convaincu grand monde en modifiant régulièrement son onze, donnant l'impression d'affaiblir une équipe déjà en difficulté avec certaines titularisations surprises. On s'étonnait, notamment, de l'amplification du phénomène en Europa League.

Interrogé sur le sujet il y a une dizaine de jours, le coach espagnol avait alors lancé, et même relancé, un débat sur le peu d'enthousiasme du joueur français à se faire mal : "Cela fait partie d'une mentalité que je dois apprendre, déclarait-il en conférence de presse. Il paraît que cela existe dans le football français, que les joueurs prennent soin d'eux pour ne pas avoir à jouer beaucoup de matches de suite et qu'ils choisissent leurs matches dans la mesure du possible. Cela m'interpelle, mais je dois m'adapter et, parfois, essayer de faire des compositions forcées. Moi, ma mentalité comme joueur, même si cela remonte maintenant, c'est que je voulais jouer tous les matches". Compte tenu des mauvais résultats, on pouvait considérer que Michel sortait son parapluie, sachant qu'une nouvelle défaite très envisageable au Parc des Princes se profilait. Mais en grattant un peu, ce n'était pas la première fois qu'un technicien étranger mettait en cause la mentalité des joueurs français. L'ancien directeur sportif brésilien du PSG, Leonardo, avait lui aussi mis les pieds dans le plat : "La base de travail chez les joueurs français n'est pas là", avait-il déclaré lors d'un séminaire de l'UCPF, déclenchant une vague de protestations. Deux ans plus tard, toujours à propos de Paris, Carlo Ancelotti y était allé lui aussi de son petit tacle en estimant que "Les joueurs français (n'avaient) pas une mentalité de gagnants". On peut également y ajouter les réserves d'un Jardim la saison dernière. Tout le football français lui était tombé dessus à l'époque.

Aujourd'hui, c'est un Français, Dimitri Payet, auteur d'un très bon début de saison en Premier League, un championnat où les joueurs sont très sollicités, qui confirme la sortie de Michel : "Je me suis senti concerné, répond l'ancien meneur de jeu de l'OM. Ici, c'est impossible. Les matches s'enchaînent et tout le monde veut les jouer. En France, on s'est mis dans la tête - ou on nous a mis dans la tête - qu'il fallait se reposer". Une mentalité pas forcément due au caractère nonchalant du joueur français en particulier, puisque ce dernier se met au pli dès qu'il rejoint un club étranger. Alors, d'où vient le problème ? Pour notre consultant Lionel Iacono, ancien préparateur physique de l'AS Monaco, c'est du côté de la relation club-joueur qu'il faut creuser : "J'ai vécu ça à Monaco. Certains choisissent effectivement leurs matches. En France, le problème, c'est que le joueur est plus fort que l'institution. En Angleterre ou en Italie, on ne voit jamais ce genre de chantage, notamment parce qu'il y a plus d'argent. Ils ont la possibilité de retenir les mecs et de ne pas les faire jouer, alors qu'ici, ils menacent de partir. Le joueur est plus fort que le club, et quand il n'est pas content, il appelle le président ou le directeur sportif. Soit ils acceptent ses revendications, soit il menace de partir. Pourtant, nous, dans les staffs, on préfère que les gars jouent tous les trois jours. C'est beaucoup plus intéressant en terme d'intensité, surtout en début de saison".

Avec le retour prochain de la League Europa et de la Champions League, le débat est loin d'être refermé...