"Embêter Paris jusqu'au bout"

"C'est à la fin du bal que l'on paie les musiciens". La formule n'a pas été inventée par Florian Thauvin. Mais le milieu offensif l'a remise au goût du jour au moment d'évoquer une éventuelle lutte de l'OM pour le titre. Jeune, le milieu offensif a déjà un certain vécu. Il y a plus d'un an, il était le pestiféré du football français lors de son clash avec son employeur d'alors, le LOSC. Quelques mois plus tard, il devenait, pour certains, parfois les mêmes, un objet de lobbying pour la liste de Didier Deschamps au Brésil. Alors, Thauvin ne s'enflamme pas. Il sait de toute façon qu'en cas de mauvais passage collectif plus tard dans la saison, il y en aura toujours pour se faire un malin plaisir à lui ressortir ses déclarations au soir de la sixième journée, lorsqu'il parlait de titre. Romain Alessandrini n'est pas moins jeune, pas plus naïf que son coéquipier. Mais au moment d'évoquer le sujet, il ne peut masquer son cœur marseillais : "On se doit d'embêter Paris jusqu'au bout de la saison". Mais est-ce vraiment raisonnable ?

L'an dernier, l'OM avait envoyé sa saison en l'air dès le mois d'octobre et la confrontation face à son meilleur ennemi. Malgré l'ouverture du score et l'expulsion de Thiago Motta, les Olympiens n'avaient finalement pu faire autre chose que de concéder une défaite face à des Parisiens qui semblaient connaître le scénario à l'avance. Cette saison, la donne semble pourtant avoir changé. Bielsa a séduit par ce qu'il a déjà proposé et il est difficile de l'imaginer se prendre une gueulante à la mi-temps par un supérieur hiérarchique devant un vestiaire médusé. Il ira au bout de ses idées, avec l'approbation du public, ce qui lui enlève une certaine pression. Tout ce que n'a pas Laurent Blanc, qui voit l'ensemble des médias français considérer le moindre match nul à l'extérieur comme un pas de plus vers une irrémédiable crise sur fond d'incompatibilité entre Ibrahimovic et Cavani. Et quand bien même, si la logique financière se respecte lors de la confrontation directe, l'OM a toujours de quoi espérer. En faisant le plein contre Evian TG et Rennes, là où Paris partage les points, les Phocéens s'offrent plus de trois points d'avance.

Évidemment, quand on est l'OM, gagner contre Guingamp, Nice, Evian TG ou encore Rennes n'a rien d'extraordinaire. Mais une série de quatre succès en Ligue 1, cela n'était plus arrivé depuis la saison 2012/2013, quand la bande de Baup était allée chercher sa seconde place en disposant de Brest, Lorient, Bastia puis Toulouse. Le petit plus de Bielsa, ce sont évidemment les buts et le spectacle qui en découle. Pour retrouver une série de trois victoires à trois buts ou plus, il faut remonter à l'époque d'Éric Gerets et des succès sur Saint-Étienne, le PSV et Grenoble. Avec le recul, on peut dire que c'était peut-être la plus belle période de la carrière d'Hatem Ben Arfa. Pas vraiment de quoi freiner l'optimisme ambiant. Car si Gignac marche en ce moment sur l'eau, alors que Payet et Imbula sont transfigurés, Florian Thauvin peut au moins faire deux fois mieux, André Ayew aura aussi à cœur de prouver qu'il n'est pas le maillon faible de l'équipe, lui, l'ancien chouchou du Vélodrome, alors que Barrada, Alessandrini et Batshuayi ne se feront pas prier pour prendre le relais et une place dans le onze à un moment donné. Reste, comme le décrivait le dernier buteur phocéen, à ne pas sortir du cadre et des principes de jeu mis en place. De bons résultats contre Reims, 14e de Ligue 1, et Saint-Étienne, qui aura 48 heures de récupération en moins, devraient suivre.

S.Brenguier

> Retrouvez dans la vidéo ci-dessus les réactions des Olympiens sur le sujet après le succès face à Rennes.

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