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Désolé encore d'être "à jamais les premiers"
SaisonPublié le 21/02 à 10:31

Désolé encore d'être "à jamais les premiers"

"Nous ne représentons rien dans ces Coupes d'Europe créées par ce journal. Nous cultivons le joli souvenir d'une seule finale, de C1 gagnée, en 1993, à une époque où il ne fallait battre presque personne pour arriver en finale (Glentoran, Dinamo Bucarest, Rangers, Bruges, CSKA Moscou)". Dans son edito pour présenter le choc entre Manchester City et Monaco, Vincent Duluc, journaliste à L'Equipe, s'est permis une petite référence à l'OM. Il n'en fallait vraiment pas plus pour mettre le feu à la toile et relancer un débat qui dure depuis plus de 20 ans pour tous les détracteurs phocéens, ceux qui ont du mal à supporter l'expression "à jamais les premiers". Alors remarque justifiée ou attaque gratuite ? 

Deux compétitions différentes

L'objet du courroux vient donc du parcours de l'OM en Ligue des champions en 1993. Avant de battre le grand Milan AC en finale, l'OM est passé par deux tours préliminaires, face aux Irlandais du Nord de Glentoran puis au Dinamo Bucarest, avant de tomber dans une poule où le premier était directement qualifié en finale. Là, Didier Deschamps et ses coéquipiers ont battu le CSKA Moscou, le FC Bruges et fait deux fois nuls contre les Glasgow Rangers pour avoir le droit d'affronter les hommes de Capello à Munich. Evidemment, ça ne ressemble pas au parcours qui est proposé désormais à une équipe française dans la plus prestigieuse des compétitions européennes. Monaco, qui va donc disputer son huitième de finale aller ce soir contre Manchester City, a déjà écarté pour en arriver là Fenerbahçe et Villareal en tours préliminaires, avant de finir premier d'une poule où l'on pouvait trouver le Bayer Leverkusen, Tottenham et... le CSKA Moscou ! Est-ce que pour autant il faut se dire que si Jardim élimine la bande à Guardiola, Monaco pourra faire ce qu'il veut en quart de finale, ils auront d'ores et déjà égalé l'OM de 1993 ? Evidemment non. Il faut remettre les choses dans leur contexte. 

Pas une épopée

En 1993, seuls les champions étaient autorisés à disputer la Ligue des champions, ce qui semblait d'ailleurs d'une logique implacable. Ce qui veut dire que, déjà, Monaco, troisième de Ligue 1 l'an dernier, n'aurait pas été autorisé à disputer cette compétition. Et s'il fallait disputer moins de matchs pour parvenir en finale, cela voulait dire aussi qu'il n'y avait pas de filets de sécurité, comme ils ont désormais été inventés pour que les gros clubs soient toujours présents à la fin. L'OM l'a appris à ses dépens, sorti à la surprise générale en 1992 par le Sparta Prague en deuxième tour préliminaire. Pour l'édition 1993, on peut toujours se dire que l'OM a eu de la chance au tirage. On peut même se dire que Paris a eu plus de mal pour arriver en finale de Coupe des Coupes en 1996 puisqu'il a fallu sortir le Celtic Glasgow de Van Hooijdonk, le Parme de Stoijkov puis le Deportivo La Corogne de Bebeto : mais ce n'est quand même pas de la faute du club marseillais si le FC Barcelone, tenant du titre, se fait éliminer par le CSKA, si Stuttgart se fait sortir après avoir aligné quatre étrangers sur la pelouse ou si le représentant anglais, Leeds, ne faisait pas le poids sans son meilleur joueur, un certain Eric Cantona, qui avait décidé de rejoindre Manchester United. L'indice UEFA avait beau ne pas être mis en application à ce moment-là, l'OM avait tout fait pour être dans ses meilleures dispositions. A l'époque, l'OM était considéré comme un grand d'Europe et son parcours n'était pas juste une épopée, comme Monaco en 2004 par exemple. Le club marseillais était en finale deux ans avant, et en demi-finale la saison encore avant. Ce succès était construit sur plusieurs années, sans se décourager.

Culture de la gagne

Une nouveauté en France, le pays de Poulidor, où l'on se complait à être deuxième, à créer l'exploit dans les tours qualificatifs pour finalement chuter avec les honneurs sur la dernière marche. Les Coupes du Monde de Rugby du XV de France ou le parcours des tennismen français sont là pour en attester. L'OM de Bernard Tapie, n'en déplaise à certains, a fait quelque chose de nouveau : il a gagné. Ce qui a eu le mérite même de décomplexer certains joueurs et qui a permis à l'équipe de France, cinq ans plus tard, d'être championne du monde. En battant le Brésil en finale 3-0, avec le doublé de Zizou. Mais pour quel parcours avant ? L'Arabie Saoudite, le Paraguay, l'Afrique du Sud, la Croatie, le Danemark, l'Italie certes, mais aux tirs aux buts... Qui pour les remettre en cause aujourd'hui ? Alors certes, ce n'est pas un scandale de dire que l'OM n'a battu "presque personne" pour arriver en finale en 1993. Mais il ne faut pas s'amuser à réduire cette équipe à ça. Car Monaco peut sortir City, puis le Bayern en quart, l'Atletico en demi et la Juve en finale qu'ils ne pourront jamais égaler cet OM, qu'ils seront plus vu comme une anomalie dans le palmarès de la compétition juste après le Real Madrid que les Phocéens calés entre le Barcelone de 1992 et le Milan de 1994. C'est ça, être "à jamais les premiers".