Eyraud ne veut pas être "actif" sur le mercato. Vraiment ?
Interrogé mardi dernier par Les Echos, Jacques-Henri Eyraud a fait le tour de son action depuis son arrivée à la tête de l'OM, mais aussi et surtout confirmé que le club ne devrait pas beaucoup bouger cet hiver pour le mercato : "Nous avons une équipe type qui tourne bien, un bon équilibre entre des joueurs très expérimentés et des très jeunes. On risque de le déstabiliser en prenant des risques en milieu de saison, même s'il nous manque un peu de profondeur sur certains postes. Cette équipe doit pouvoir s'améliorer encore. Nous serons donc peu actifs". Pas idiot, car on connait la fragilité de l'équilibre d'un effectif dans ces périodes où la moindre annonce peut semer le doute au sein d'un vestiaire. Pas bête, non plus, dans le but de ne plus faire passer l'OM pour la vache à lait des agents en mal de commissions. On sait à quel point les prix peuvent gonfler dès lors qu'une écurie comme l'OM annonce des besoins urgents, et si le club peut s'éviter un deuxième scénario Mitroglou, autant ne pas se priver. Enfin, il n'a échappé à personne combien ce "marché de correction" pouvait s'avérer aléatoire, puisque les seuls joueurs disponibles sont souvent ceux dont leurs clubs ne veulent plus, alors autant éviter les opérations recyclage. Pour toutes ces raisons, le président olympien a raison de la jouer discret. Mais pour le reste, on n'est pas obligé de le croire sur parole, d'autant que "JHE" a prouvé à plusieurs reprises qu'il savait jouer avec les mots sans forcément faire rire.
En effet, le duo Eyraud - Zubizarreta répète depuis un mois que seuls des départs pourraient entraîner des arrivées, et Rudi Garcia répond en écho que les départs devront être compensés. Du coup, on peut déjà considérer que ceux - en bonne voie - de Doria ou Fanni vont libérer deux places. L'occasion de corriger le "manque de profondeur sur certains postes" dont parle le président avec, par exemple, un milieu défensif et un latéral gauche. L'occasion aussi d'anticiper le recrutement de l'été prochain avec de bonnes affaires à saisir comme le jeune Nantais Léo Dubois, un exemple parmi d'autres. Enfin, et c'est de loin l'argument le plus important, ce mercato d'hiver peut s'avérer déterminant dans la lutte que livre l'OM face à Lyon et Monaco. En effet, inutile d'être devin pour savoir que la qualification pour la Champions League la saison prochaine constitue l'objectif ultime pour cet OM en quête de grandeur et surtout d'espèces sonnantes et trébuchantes. Monaco dispose déjà d'un effectif très compétitif et semble décidé à combler les quelques failles aperçues lors de la première partie de saison grâce à un trésor de guerre accumulé depuis plusieurs années. De leur côté, les Lyonnais comptent déjà plusieurs joueurs décisifs, notamment devant, et leur banc de touche semble plus consistant que le nôtre. Autant de raisons de ne pas se laisser décrocher en refusant de retoucher intelligemment ce qu'il y a à retoucher.
L'an dernier à pareille époque, le duo McCourt / Eyraud était dans l'obligation de frapper un grand coup et avait sorti un Payet à plus de 30M€ du chapeau. Sans aller jusque là, nos recruteurs seraient bien inspirés de réussir à dénicher la ou les trouvailles qui peuvent faire pencher la balance. Zubizarreta est là pour ça, ses deux anciens adjoints au Barça Albert Valentin et Narcis Julia aussi, alors autant les mettre à contribution. L'enjeu est trop important pour s'endormir sur les réussites (Rami, Amavi, Luiz Gustavo) de l'été dernier.