"Mes stages chez Bielsa et Guardiola"
Zidane, Sagnol, Makelele, Roy, Diomède. Cinq noms du football hexagonal (dont deux ont porté le maillot marseillais, et malheureusement pas le premier cité), appelés à représenter la future génération des entraîneurs du pays. Ils forment cette promotion "test", mise en place par la fédération dans le cadre de la réforme du diplôme de technicien. L'objectif, depuis quelques mois, est d'envoyer ces jeunes entraîneurs se frotter à ce qui se fait de mieux en matière de clubs européens.
La bande, drivée par le formateur de la DTN Guy Lacombe, a déjà effectué des stages d'immersion chez Ancelotti au Real Madrid, chez Wenger à Arsenal, chez Bielsa à l'OM, et dernièrement au Bayern de Guardiola. Un privilège unique, comme le raconte au Phocéen l'ancien milieu olympien Eric Roy : "On vit des expériences uniques pour accéder à ce diplôme. Certains sont déjà en poste, ou l'on été, comme moi (OGC Nice), et d'autres veulent le devenir. Quoi de mieux que de pouvoir apprendre au contact direct de ces références ? On se rend compte que ces grands entraîneurs n'ont rien à cacher. D'ailleurs, aucun n'estime avoir la science infuse, ils nous donnent leur vision et à nous de prendre ce qui nous intéresse. C'est ce que Guardiola a fait, d'ailleurs, avant de devenir coach. Il est allé observer ce qui se faisait en Amérique latine, chez Bielsa par exemple, ça ouvre l'esprit, c'est beaucoup moins théorique et scolaire qu'avant. On voit tous des matches à la télé ou au stade, mais c'est intéressant de voir le travail sur le produit. Pour moi qui ai déjà recruté, j'ai découvert qu'il est primordial de voir les joueurs aussi en situation à l'entraînement par exemple."
Une promotion à l'écoute, en dépit d'un passé glorieux qui pourrait suffire à lui ouvrir les portes, à l'image d'un Zidane qui a préféré débuter avec la réserve du Real : "On parle beaucoup de Zizou, explique Roy, mais sa démarche est vachement saine. Il est avec nous, travaille pour son diplôme, pour progresser. On est tous à la même enseigne". L'humilité, la marque des plus grands dans un univers où les exploits passés en tant que joueur ne suffisent pas : "Comme nous a dit Guardiola, s'il est au Bayern aujourd'hui, ce n'est pas grâce à son nom, mais grâce à ses résultats, parce qu'il a gagné avec le Barça. Bien sûr, la qualité des joueurs fait la différence. D'ailleurs, en préambule, quand on lui a demandé le secret de sa réussite, il nous a répondu 'à Barcelone, mon secret, c'était Messi !'".
Des grands joueurs, ils en ont croisés. Les séances du Real ou du Bayern, c'est quelque chose. On touche du doigt le très haut niveau et il ne manque que la musique : "C'est sûr que quand on est à l'entraînement du Real et qu'on observe un toro, ou même une banale séance de conservation qu'on a déjà faite 1000 fois en club, tout de suite on voit la différence, ça va vite, aucun déchet technique, c'est magnifique !". Conservation, mouvement, passes laser dans les intervalles... les recettes incontournables du football de haut niveau aujourd'hui. Plaisir, simplicité et amour du beau jeu : "Guardiola est très proche de ses joueurs, très humble, très passionné, à l'image de Bielsa qu'on est allé voir à Marseille. Sa philosophie est basée à 90% sur la conservation et l'attaque, quasiment pas sur la défense".
Bielsa, justement, que la bande à Zizou est allé observer en début d'année à la Commanderie. La confirmation que l'Argentin fait partie des maîtres du jeu, et ils ne sont pas nombreux : "Ce qui m'a marqué, détaille Roy, c'est d'abord la passion. Le mec est habité par le foot, tu le ressens tout de suite en parlant avec lui. La charge de travail qu'il impose aux autres, mais aussi à lui même, c'est très impressionnant. Comme Guardiola qui a passé des soirées entières à parler avec lui, j'ai ressenti cette richesse. Mais je retiens personnellement son travail sur la vidéo individualisée. On se rend compte que ce qui est évident pour toi ne l'est pas forcément pour les joueurs. Cela leur permet d'assimiler en leur montrant ce qu'ils font en situation. c'est très fastidieux et il y a certainement un juste milieu, mais c'est passionnant". Des hommes comme Bielsa sont en train de changer les mentalités dans le football français, c'est ce qui se dit chez les techniciens actuellement. Tant mieux. On observera avec d'autant plus d'intérêt cette nouvelle génération de coachs français.