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Fournier : "Si j'en suis là c'est grâce à Pape Diouf"
InterviewPublié le 01/04 à 18:00

Fournier : "Si j'en suis là c'est grâce à Pape Diouf"

Entretien avec Julien Fournier qui était le bras droit de Pape Diouf à l'OM.

Durant ses quatre années de présidence, Pape Diouf a eu dans l'organigramme de l'OM un certain Julien Fournier, juste en dessous de lui, en tant que secrétaire général. Celui qui est aujourd'hui directeur du football de l'OGC Nice est forcément très affecté par la disparition de son mentor. Mais il a accepté sans discuter le principe de l'interview sur le football, qui dépasse le cadre du simple hommage. "Je suis conscient de ne pas être le premier client pour les journalistes, mais pour Pape, si 50 personnes m'appellent, je répondrais 50 fois parce qu'il mérite qu'on le mette en lumière. Chaque fois que quelqu'un meurt on l'oublie assez vite et moi Pape je n'ai pas envie qu'on l'oublie. Je veux qu'on le porte tout en haut, c'est là où il doit être" nous indique-t-il. Entretien émotion. 

Bonjour Julien, on imagine que la disparition de Pape Diouf doit particulièrement vous affecter. Sur le plan sportif, vous êtes un peu son héritier... 

Julien Fournier : "(Il coupe) oula non, c'est beaucoup de responsabilités, je n'ai pas les épaules. Ce n'est pas une histoire de plan sportif, je suis dévasté parce que c'est quelqu'un que j'aime profondément (il marque un temps). Si j'accepte de parler, et j'ai envie de parler, c'est que... (il est pris par l'émotion). C'est un peu compliqué pour moi parce que c'était vraiment un mec bien..." 

Quand on voit votre gestion de Nice depuis Marseille, la gestion rigoureuse de la masse salariale par exemple, on ne peut s'empêcher de penser que c'est ce que vous avez appris à l'OM. 

J.F : "On fait je pense tous pareil dans nos métiers, on se sert de nos expériences respectives pour les mettre en application et de ce point de vue-là, si on parle d'héritage, je suis fier d'être l'héritier de Pape, parce qu'il m'a formé en me laissant beaucoup d'autonomie et j'ai été une éponge avec lui. J'ai essayé de pomper un maximum de ce qu'il était, de ce qu'il savait, y compris dans les négociations. Après, et promis je ne veux pas faire un blocage, mais quand je vois que les hommages du PSG et de Lyon sont plus touchants que ceux de l'OM, je me dis que Pape ne mérite pas ça. Ils sont d'une froideur qui fait peur. Quand on lit l'hommage de Jean-Michel Aulas, qui est ce qu'il est, il est limite plus touchant. Et c'est là aussi, quand on parle d'héritage, que je me dis que l'OM en est bien loin aujourd'hui. Il aurait mérité autre chose". 

Toujours sur le sportif, on parle beaucoup de la fierté que les supporters avaient avec les équipes que vous aviez montées. Est-ce aussi parce que vous êtes allés chercher des joueurs dont l'OM était le sommet de leur carrière ? Les Cana, Niang, Pagis... ils ne voyaient pas l'OM comme un tremplin pour l'Angleterre. 

J.F : "Quand on fait du recrutement, la personnalité et ce qu'attendent les joueurs de l'OM c'est capital. Je me souviens qu'avec Pape, et José, parce que je n'oublie pas José Anigo dans cette aventure, à une époque on avait recruté que des capitaines (à l'été 2007 avec Benoît Cheyrou, Givet, Bonnart et Faty, capitaines à Auxerre, Monaco, Le Mans et Rennes, ndlr). Ils savaient ce que représentait l'OM pour eux, c'était une certitude pour nous".


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Vous étiez toujours en contact ? 

J.F : "Malheureusement par la force des choses, avec nos ennuis judiciaires qui étaient une profonde injustice et encore plus pour Pape qui aujourd'hui est parti, nous ne pouvions pas être en contact pendant quelques années. Après, effectivement, on avait renoué le fil, et on échangeait pas que sur le foot parce que pour moi c'était quelqu'un dont je me sentais très proche. Si aujourd'hui je travaille à Nice et que je peux faire tout ça, c'est aussi parce que j'ai appris à ses côtés. Je suis fier de pouvoir le dire". 

A Nice, vous avez démissionné en début d'année pour revenir par la grande porte quelques mois plus tard. Ca aussi c'est quelque chose qu'on a vu à Marseille... 

J.F : "Franchement, je ne veux pas vous contredire mais quand je pars, je ne me dis pas que c'est pour mieux revenir. Je pars car je ne suis plus en adéquation avec les patrons du club et, pour moi, à un moment donné dans un club les luttes intestines pourrissent un club. On l'avait vécu à l'OM effectivement et du coup je savais qu'il valait mieux partir. Après l'histoire a fait que notre départ a réveillé des intérêts, notamment de Monsieur Ratcliffe qui avait été sollicité un peu avant. Oui, c'est vrai il y a peut-être un parallèle, parce que je suis comme ça, si je ne suis pas en adéquation, s'il n'y a pas un projet clair qui fait que tout le monde tire dans le même sens, ça ne sert à rien. Et Pape pensait la même chose". 

Pour finir, si on le voyait sur les plateaux quand l'OM allait mal, Pape Diouf restait supporter de l'OM. Vous vous étiez eus au téléphone avant la finale de coupe d'Europe et il était comme un gamin... 

J.F : "Pape, ça a toujours été un vrai, sincère et profond supporter de l'OM. Et je pense qu'il a toujours distingué l'OM, Marseille, et les gens qui sont à la direction du club. Bien sûr quand l'OM gagnait il se réjouissait de voir ce club tout en haut. En 2018, il était encore en contact avec Steve Mandanda et il était heureux pour lui. Quand l'OM a été champion après notre départ, il était profondément heureux pour tous les joueurs qu'on avait côtoyés là-bas. On avait toujours le sentiment qu'il était sur le devant de la scène quand l'OM perdait mais souvent c'est parce qu'il était sollicité à ce moment-là. Il n'a jamais été malveillant avec ce club, bien au contraire".