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Balotelli, Thauvin, 1993, 2018... Di Méco se lâche !
InterviewPublié le 23/05 à 07:00

Balotelli, Thauvin, 1993, 2018... Di Méco se lâche !

Eric Di Meco s'est livré au jeu des questions-réponses. L'ancien Olympien est revenu sur la célébration des 25 ans de la victoire en Coupe d'Europe et sur l'actualité de l'OM. De la rumeur Balotelli à la liste de Deschamps, en passant par la finale de Ligue Europa ou la ferveur retrouvée du Vélodrome, l'ancien minot dit tout !

Eric, l'OM de 2018 n'a pas réussi à remporter sa Coupe d'Europe, qu'en pensez-vous, vous qui faites partie de ceux qui sont "à jamais les premiers" ?

Eric Di Méco : "Qu'est-ce que j'ai entendu récemment ? A jamais les premiers deux fois... Et malheureusement, on connaissait l'équation... une finale contre une équipe du top 5 européen, habituée aux joutes européennes, extraordinaire ces cinq dernières années avec deux finales de Ligue des Champions perdues. C'est ce qui se fait de mieux, même si dans le jeu, ce n'est pas une équipe qui faite rêver, mais c'est ça le piège. J'ai regardé le match avec des amis qui ne sont pas habitués à voir jouer l'Atletico et ils m'ont dit 'c'est ça l'Atletico' ? Eh oui, c'est ça, j'ai dit, c'est ça qui est terrible, c'est une équipe qui se nourrit des erreurs de l'adversaire, qui n'attendait que ça. Je pense qu'on a fait un trop bon début de match, ça nous a du coup enflammés, on a peut-être trop joué, ce qui a emmené la faute. Je me demande si pour les battre il ne faut pas jouer salement comme elle, ne pas jouer. Ils sont terribles, très forts défensivement avec un mec au-dessus. Tant mieux pour nous, c'est un Français. C'est l'Atletico."

"Pour gagner, il a fallu qu'on perde"

Malgré tout, n'a-t-on pas retrouvé l'esprit de 93 avec cette équipe ? Le public semble avoir retrouvé la flamme ?

E.D.M. : "Si on veut chercher des similitudes... Eux sont au début d'une histoire. Pour gagner, il a fallu qu'on perde avec Benfica et Bari. Peut-être que cette défaite servira à cette équipe pour aller gagner des trucs derrière. Après, ce n'est pas le même football, il n'y avait que des internationaux, là, certains découvrent la Ligue 1, d'autres la Coupe d'Europe, d'autres de nouveaux postes comme Bouna Sarr qui a été extraordinaire. On ne peut pas comparer, mais il n'empêche, ce qui a rallumé la flamme, c'est ce qu'ils ont montré sur le terrain au niveau de l'envie. Tous les week-ends, je n'ai pas de mots pour expliquer les performances de l'OM. On se dit à chaque fois qu'ils vont exploser, et ils n'explosent jamais. Ca, ça plait aux Marseillais. Oui, on aime le talent, mais ces dernières années, on a payé pour voir des mecs qui venaient se servir de l'OM comme d'un tremplin pour aller ailleurs. Cette année, on a l'impression que les mecs mouillent le maillot, c'est banal, mais ça fait plaisir et ça a rallumé la flamme. Je crois que beaucoup de gens sont en attente de ça. Beaucoup de gamins n'ont pas connu 93, et le vivent par procuration. Regarder un match à la télé ou entendre son père raconter qu'il a pleuré pendant je sais pas combien de temps, c'est beau, mais le vivre c'est mieux. Et donc beaucoup de gamins se sont retrouvés dans la tribune pour le 1/4 de finale retour et qui ont vécu un truc de dingue. Tout le monde a voulu vivre ça, et ça a rendu la ville complètement folle."

L'avenir fait peur du coup non ? Parce qu'enchaîner les finales comme vous à l'époque, c'est compliqué...

E.D.M. : "C'est vrai que le football a énormément changé. Pour se maintenir au haut niveau, il faut accueillir des joueurs des bons voire des très bons joueurs. Pour passer un cran, il faut aller en Ligue des Champions, quitte à prendre des corrections. Mais il faut y aller, toucher ce niveau-là, pour faire progresser les joueurs et attirer lors du mercato des joueurs. Balotelli, par exemple, je suis sûr que c'est plus facile de le faire venir si tu joues la Ligue des Champions que si tu joues la Ligue Europa. Parce que les grands joueurs veulent jouer cette compétition. Ca permettrait d'accélérer le projet de l'OM."

"Quand on est allé au milieu pour soulever la coupe"

Que retiens-tu du 26 mai 1993 ? L'avant, le pendant ou l'après ?

E.D.M. : "On a déjà tout raconté, et des fois on se contredit ! Pour moi, c'est le moment où on vient présenter la coupe au Stade Vélodrome, quand on est allé au milieu pour soulever la coupe. J'ai cru défaillir ! Mes potes l'ont vu puisqu'ils sont venus parce que j'ai failli tomber dans les pommes. Quand je revois les images de ce moment-là... C'est là qu'on s'est rendu compte de ce qu'on avait fait. Là-haut, on s'est retrouvé entre nous dans notre truc, on préparait le match contre Paris, on ne s'est pas rendu compte de ce qu'on avait fait et de ce que ça avait procuré aux Marseillais. Quand tu arrives à l'aéroport, que tu vois des mecs perchés dans les arbres sur tout le trajet et que tu arrives dans ce stade Vélodrome... Tu prends ça en pleine gueule quoi. Et on l'a pris. Encore aujourd'hui, c'est le moment qui me fait encore des émotions quand je le revois."

Et la plus récente anecdote concerne ton contrôle antidopage...

E.D.M. : "Comme on nous sort du placard tous les cinq ans, à chaque fois on nous demande une nouvelle anecdote ! Et là, tu cherches, tu cherches... Et c'est le seul truc que j'ai trouvé. C'est un moment de frustration pour moi. Parce qu'un des plus beaux moments où peut-être on prend conscience de ce qu'on a fait, c'est dans le vestiaire après le match où tu fais le con, Berlusconi était venu... Et moi, j'étais comme un con au contrôle antidopage avec Albertini à qui j'avais arraché un tibia pendant le match, et on buvait des bières. Je ne savais pas quoi lui raconter à ce pauvre garçon parce qu'il était malheureux, même s'il en a gagné d'autres lui. Du coup, c'est une autre anecdote qui m'a fait passer à côté de l'après-match quand même."

Mario Balotelli à l'OM, ça serait le mariage parfait selon vous ?

E.D.M. : "Quand on voit ce qu'il a fait à Nice cette année, je pense que oui. Sans viser personne, on a l'impression que c'est dans ce secteur-là qu'on doit progresser et l'OM cherche quelqu'un, on le sait. C'est pas n'importe qui Balotelli, et en plus j'ai l'impression qu'il a mûri, peut-être un peu plus tard que les autres."

"Il paraît que Balotelli est extraordinaire"

Il n'est plus aussi fada que ça ?

E.D.M. : "Il était bien fada quand même, hein ! Il tirait à coup de carabine à plombs sur les jeunes du centre de formation à City, il allumait des feux d'artifice dans son salon ! Mais, on va dire qu'il n'était pas encore mûr. J'ai l'impression de par son comportement sur le terrain qu'il ne défraie plus la chronique. A Nice, il n'a pas eu de souci. On le voit cette année dans d'autres clubs dont je tairai qui essaient, essaient, essaient et n'y arrivent pas. La qualité des joueurs sur et en dehors du terrain. Et le Balotelli en dehors du terrain a gommé pas mal de travers."

L'homme Balotelli a sa place dans le vestiaire ?

E.D.M. : "Il paraît qu'il est extraordinaire, que les gamins qui jouent à Nice rêvent tous les matins de le voir à l'entraînement, il fait le job sur le terrain, il paraît qu'il est plutôt sympa. Le problème de ces joueurs-là, c'est que cette année, aucune tête n'a dépassé. Et est-ce qu'une tête peut dépasser dans un vestiaire, est-ce que dans un vestiaire comme celui-là ça ne serait pas un problème ? Je pose la question, je n'ai pas la réponse. Obligatoirement, quand tu veux passer un cran, tu es obligé de taper dans ces joueurs-là. Et ils ont de l'égo. Au bout de 5 matchs maintenant, il faut leur dire monsieur. Encore plus ces joueurs-là. Après, c'est la force du coach et de l'institution qui doit être plus forte que les joueurs, quels qu'ils soient."

Mais on aimerait voir ce joueur dans le Vélodrome ?

E.D.M. : "Ici, le jour où il y a la signature de Balotelli, tu fais 10000 abonnements de plus. Le jour où il met le maillot de l'OM en photo, tout le monde devient dingo. Alors s'il arrive et qu'il met des buts comme il l'a fait cette saison, ça va le faire parce qu'on a toujours aimé ce genre de joueurs, ça c'est sûr."

L'égo des joueurs actuellement, c'est un problème par rapport à votre époque ?

E.D.M. : "C'est le football, ce n'est pas une critique. On jouerait aujourd'hui, on ferait peut-être pareil. Avant, pour avoir une place dans le vestiaire ou un statut, il fallait prouver un minimum. Plus qu'aujourd'hui peut-être. Je ne sais pas si c'est mieux aujourd'hui ou à l'époque. C'est comme ça, c'est le foot."

"La plus belle ambiance de coupe d'Europe de l'histoire du club"

Quel regard portez-vous sur le retour de la ferveur ?

E.D.M. : "D'abord, il y a le parcours. Je l'ai dit le lendemain : je pense que c'est la plus belle ambiance de coupe d'Europe de l'histoire du club. Pas parce que l'équipe est meilleure ou moins forte. Parce que le stade est tout simplement magnifique, c'est dingue. J'ai fait pas mal de stades en Europe, l'Angleterre maintenant où ça n'existe pas. Du coup, il y a ce stade qui est fou et le scénario de ce match qui est dingo. En réalité, la folie, elle est partie de ce match-là. Avant, il n'y avait personne au stade. Ca, ça a ravivé les souvenirs des plus vieux et ça a donné envie aux plus jeunes qui n'avaient pas vécu 93. A partir du lendemain, c'était haro sur les places de la demie finale, ça a rendu fou tout le monde."

Un mot sur les appelés en Equipe de France par Deschamps ?

E.D.M. : "A un moment donné, je me suis fait du souci pour Thauvin. J'aurais trouvé injuste qu'il n'aille pas en équipe de France après la saison qu'il fait alors que certains qui jouent dans les grands clubs n'ont fait qu'un quart de saison. On oublie trop que lui, Adil, Steve et Gustavo tirent l'OM depuis le début de la saison. Si l'OM en est là aujourd'hui, c'est parce qu'il y a des garçons qui ont fait la maille pendant six mois alors que c'était difficile. Rudi était critiqué, la formule n'avait pas été trouvée et lui il court toujours comme un lapin ! Il va s'arrêter peut-être pendant les vacances, j'espère pour lui ! Sa sélection me rassure car ça n'aurait pas été un bon message s'il n'avait pas été appelé. Parce que ça voulait dire que faire une bonne saison ou quatre matchs dans un gros club en Ligue des Champions, comme Coman en 2016, qui avait été préféré à Ben Arfa parce qu'il avait flambé en Ligue des Champions avec le Bayern. Là, au moins, ça récompense un garçon qui a été régulier."