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Arbitrage : pourquoi il faut mettre la pression
InterviewPublié le 16/12 à 16:26

Arbitrage : pourquoi il faut mettre la pression

Hier mercredi, l'OM s'inclinait à Rennes aux tirs au but (2-2, 3-4 tab) en huitièmes de finale de la coupe de la Ligue. Rien de vraiment scandaleux, dans un match plutôt plaisant, pour un résultat qui aura finalement le mérite d'alléger un peu le calendrier démentiel de l'équipe de Rudi Garcia. Mais, il ne vous a pas échappé que ce que l'on retient du match, ce n'est pas tant l'élimination que les conditions dans laquelle elle s'est dessinée. Une nouvelle fois, l'homme du match a été l'arbitre, et c'est bien ce qui pose problème. Au Roazhon Park, Johan Hamel et ses assistants se sont distingués à plusieurs reprises, dont une hésitation hallucinante sur un ballon qui rebondit un mètre à l'extérieur de la ligne de but et un hors-jeu imaginaire sur un but de Mitroglou qui ne l'était pas. Bref, une nouvelle fois, l'arbitrage et l'OM sont au centre de la polémique, ce qui a eu le don d'exaspérer Rudi Garcia et Jacques-Henri Eyraud.

Le Phocéen s'est entretenu sur le sujet avec Claude Medam, ancien arbitre de L1 et L2, et qui a été responsable de l'accueil des arbitres à l'OM durant plusieurs années. Interview :

Comment analysez-vous cette hésitation interminable sur le but d'abord accordé, puis refusé ?

Claude Medam : "Déjà, c'est la preuve qu'il faut étendre la Goal Line Technology à ces rencontres de coupe de la Ligue, qui est très utile même s'il y a eu quelques couacs récemment. Ensuite, Johan Hamel ne fait que suivre la recommandation de son assistant qui est à 15 mètres de la ligne, donc mal placé. C'est dommage, car j'estime que Johan est l'un des meilleurs sifflets du football français. Il est jeune et il avait eu beaucoup de courage en venant arbitrer un OM-Lille il y a quelques années (2011) lors de la grève des arbitres de haut niveau. Là, il y a effectivement erreur de sa part, ou plutôt de son assistant. Mais il a eu le courage de reconnaitre son erreur en invalidant le but, ce qui n'est pas souvent le cas. Les arbitres doivent revendiquer ce droit à l'erreur"

Le but est surtout refusé car tout le monde sur le banc de touche a vu les images tv, non ?

C.M : "Peut-être. Bien sûr, l'assistance vidéo peut être une aide très précieuse pour les arbitres, mais dans des cas bien précis comme celui-ci. Pour le but refusé à Mitroglou aussi, car à vitesse réelle, c'est extrêmement difficile à juger. Mais il ne faut pas l'étendre à tout et n'importe quoi, car le football ne serait plus ce qu'il est et cela mettrait les arbitres dans une position intenable"

Rudi Garcia était furieux, Jacques-Henri Eyraud aussi. Ça laisse augurer une grosse pression en vue du match à Lyon dimanche...

C.M : "Oui, et c'est classique. Jean-Michel Aulas, qui est tout sauf un imbécile, est un habitué de ces coups de pression et on peut dire que, parfois, ça marche. Les enjeux sont tellement énormes aujourd'hui... j'ai le souvenir de rencontres où les dirigeants ou entraîneurs ne cessaient de nous dire qu'il s'agissait d'un match à 20 ou 30 millions d'euros, à cause de la qualification en Champions League ou de la relégation. Evidemment, on est obligé de cogiter, même si on ne veut pas se faire influencer. Alors, quand un arbitre de touche se trompe, comme à Rennes, c'est très dur pour lui. Il y a un classement des arbitres, et on peut rapidement se retrouver en L2"

Pour le match à Lyon, l'OM a donc tout intérêt à maintenir une certaine pression ?

C.M "Je dirais oui, il n'est jamais inutile de se positionner là-dessus. Durant mes années à l'OM, j'ai connu des entraîneurs qui n'y accordaient aucune importance, comme Gerets ou Bielsa, et ça pouvait être préjudiciable. En revanche, j'ai le souvenir d'un Didier Deschamps qui, lui, était à la pointe en la matière et ne négligeait surtout pas ce genre de détail, comme Jean-Michel Aulas. Inconsciemment, les arbitres peuvent être sensibles à ça. On se dit qu'on n'en a rien à faire, mais ça peut nous conditionner. Donc, se positionner en victime ne coûte pas cher et peut rapporter gros".