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Valbuena, l'occasion ou jamais
SaisonPublié le 07/06 à 16:52

Valbuena, l'occasion ou jamais

Avec le forfait de Franck Ribéry, Mathieu Valbuena peut devenir le patron de cette Equipe de France au Brésil. Pour lui, c'est l'occasion ou jamais de briller.

Mathieu Valbuena a connu un parcours compliqué pour en arriver là ou il en est aujourd'hui. Non retenu par Bordeaux après sa formation en raison de sa petite taille, le milieu offensif de l'OM, passé par le CFA 2 et le National, jouit aujourd'hui d'un statut d'indiscutable en équipe de France. Mais ce ne fut pas sans difficulté. Son arrivée à l'Olympique de Marseille en 2006, plutôt discrète, en provenance de Libourne Saint-Serein, le fait pénétrer au coeur du monde professionnel, et il se retrouve confronté au regard peu complaisant de ses partenaires.

"Je me faisais démonter"

Du haut de son mètre soixante-sept, Mathieu Valbuena se retrouve vite la cible numéro une des vannes et autres moqueries au sein d'un vestiaire olympien alors contrôlé par Samir Nasri et Franck Ribery, qui ne lui facilite pas son intégration. De cela, "le petit" en souffre, mais il apprend a se servir de ce statut de "souffre-douleur" pour s'armer et s'endurcir comme il l'expliquait lui même à l'Equipe magazine la saison dernière : "Le monde pro, c’est dur, explique-t-il. Et à Marseille encore plus. Il faut se blinder. Quand je me suis acheté mon Hummer, que j’ai commencé à m’habiller mode, je me faisais démonter : "Tu ferais mieux de jouer au ballon que de t’acheter des 4X4 de chanteur !" "T’as vu comment tu t’habilles ?" Je ne voulais pas entendre ça. Tu peux le penser, mais ne me le dis pas. J’ai envie que l’on parle de moi en bien. Mais j’ai fini par comprendre que les provocations font avancer. Quand dans le vestiaire on me dit : "Eh, c’est ton cousin qui a joué ce soir ?" ou "t’es resté à l’hôtel ou quoi ?", je sais l’utiliser désormais et avancer."

De ses difficultés, Mathieu va tirer le meilleur parti, et le sélectionneur national n'est pas étranger à son actuel épanouissement : "Didier Deschamps a bien utilisé ces ressorts. Il m’a mis un gros coup sur la tête en me disant mes vérités. Elles étaient bonnes à dire. Pas forcément à entendre. J’ai appris à simplifier mon jeu, à être plus décisif, à devenir un joueur aux stats crédibles. Il m’a secoué. Il m’a réveillé. J’ai un mental fort. Je me suis relevé."

Patron presque malgrè lui

Paradoxalement, alors qu'il ne comptait pas sur lui lors de son arrivée à l'Olympique de Marseille, la confiance de Didier Deschamps va lui permettre de s'affirmer dans un nouveau rôle lorsque l'ancien capitaine des bleus prend en main le destin de l'équipe nationale dans la campagne de qualification pour la Coupe du Monde au Brésil. Placé sur la droite du front de l'attaque tricolore, Mathieu Valbuena n’hésite pas à endosser le rôle d’électron libre, prenant en main le jeu des bleus. Disponible et altruiste, il régule les mouvements offensifs des siens. À l’aise dans le jeu, le Marseillais l’est aussi sur coup de pied arrêté, qu’il se charge lui même de tirer. Totalement décomplexé, et devenu patron presque malgrè lui, Mathieu voit la plupart de ses concurrents défaillir. Gourcuff, éternel espoir aux muscles fragiles, Nasri, enfant terrible du football français, déçoivent et ne confirment pas les espoirs de trouver en eux le leader technique qui fait défaut à cette Équipe depuis le retrait de maître Zidane.

Rescapé de l'épisode Knysna, Mathieu empile les passes décisives et les buts accompagnant ces statistiques d'une hyperactivité qu'on lui connait. Un changement de statut aujourd'hui renforcé par le forfait de Clément Grenier, autre grand espoir qui tarde a confirmer ses prédispositions, mais surtout de l'absence de Franck Ribéry au sein de ces 23. Mathieu en tant que titulaire indiscutable se retrouve aujourd'hui avec un peu plus de pression encore. Didier Deschamps et les supporters de l'Équipe de France attendent beaucoup de lui, il le sait.

Sa bonne entente avec Olivier Giroud, peut tout à fait remettre au gout du jour un décalage de Benzema sur l'aile gauche de l'attaque française, derrière le trident du milieu, Matuidi, Pogba, Cabaye. C'est la solution qui apparait la plus probable, mais Didier Deschamps peut tout à fait préférer donner une chance au très prometteur Griezmann, ou pourquoi pas, tenter l'expérience Cabella. Ce qui paraît évident aujourd'hui, c'est que le forfait du Bavarois qui peut apparaitre comme un handicap de poids pour les bleus, peut aussi permettre a quelques joueurs d'émerger. Didier Deschamps a constitué une équipe fortement rajeunie ou Mathieu fait presque figure aujourd'hui, d'ancien.

Le Mondial pour briller

Fort de ce nouveau statut, accompagné de belles promesses lors des éliminatoires, Mathieu a son destin entre les mains, et celui de l'équipe de France évidemment. C'est une lourde tâche qui l'attend, mais nous pouvons lui faire confiance. "Petit vélo" est capable de sortir le grand braquet, d'emmener cet effectif là où il doit aller, au sommet de sa montagne. Objectif minimum reconnu, passer le premier tour. Ensuite tout peut arriver. Dans un effectif harmonieux, paisible, débarrassé d'éléments à trop forte personnalité, Mathieu peut tout simplement exploser aux yeux du monde. C'est l'occasion ou jamais. S'il n'hésite pas à confirmer tout le bien que l'on pense de lui à Marseille, malgré une saison à l'image de son club, très moyenne, peut être obtiendra t'il enfin la reconnaissance dont il a tant besoin. Susciter l'intérêt des grosses écuries européennes, ce qu'il semble attendre depuis bien longtemps déjà, et ce dont l'OM ne saurait se priver. Nul doute qu'il saura répondre une fois de plus positivement aux exigences d'un nouvel entraîneur, ici ou ailleurs, celles de Bielsa ou qui que ce soit.

S'adapter, se battre et faire face à l'adversité, Mathieu sait faire. Il s'est construit ainsi et possède aujourd'hui une chance incroyable, celle de faire de cette Coupe du Monde, la sienne.