Payet et Gignac, choix sportif ou pas ?

Le couperet est tombé mardi soir. Didier deschamps a communiqué sur le plateau de TF1 sa liste pour la Coupe du Monde, ou plutôt deux listes : 23 joueurs pour le Brésil, et sept réservistes. Les présences de Steve Mandanda et Mathieu Valbuena ne souffrent d'aucune contestation. Le premier est un ancien de la maison, et en dépit d'une saison très moyennne, plus dûe à un certain contexte qu'à une réelle baisse de niveau, il reste le deuxième meilleur gardien français. Le second est un homme de base de l'équipe de Deschamps et a participé à tous les matchs de qualification. Il a, de plus, été l'un des héros du match retour face à l'Ukraine, ce qui en fait l'un des favoris pour une place de titulaire au Brésil.

Il n'en va pas tout à fait de même pour deux autres Olympiens qui pouvaient également nourrir des ambitions : Dimitri Payet et André-Pierre Gignac.

C'est en fait le premier nommé qui doit être, à l'heure actuelle, le plus déçu. Il faut dire qu'à l'image de Valbuena, le Réunionnais était lui aussi un abonné régulier de la campagne de qualification, mais il y a tout de même une grosse différence. Alors que petit-vélo est un des maitres à jouer du système Deschamps, Payet s'est lui contenté de bouts de matchs, faisant plus office de solution dans le secteur offensif grace à sa polyvalence que de réelle option. Deuxième raison de cette absence, le niveau de jeu de l'ancien Lillois n'a cessé de fluctuer tout au long de la saison. Parfois tranchant par sa technique et la précision de son pied droit, il a malheureusement été le plus souvent transparent, fidèle à sa réputation. Et puis il y a ce sous-entendu révélé par Daniel Riolo sur RMC concernant le Réunionnais : "On l’a peu dit, mais comme Nasri, dans le groupe, il ne plaît pas beaucoup. Et comme sur le terrain, il ne plaît à personne, aucun regret ". Vrai ou pas ? Difficile à dire, mais on a pu aussi lui reprocher un certain manque d'implication dans les moments où la situation demandait des joueurs de combat, on en veut pour preuve ses sorties systématiques, voire ses non-titularistaions par José Anigo depuis quelques mois. Peut-être s'agit-il de ce fameux "petit quelque chose en plus" dont parlait DD hier soir à propos de ses sélectionnés, un petit quelque chose que n'a pas Dimitri. Un peu plus tard en conférence de presse, Deschamps rajoutait que " Pour certains joueurs, il était inconcevable de les mettre réservistes s’ils n’étaient pas dans les 23. C’est le cas de Clichy et de Payet". Un argument qui tient la route vis à vis de joueurs régulièrement appelés. Ces deux-là constituent d'ailleurs certainement les décisions les plus dures à prendre, avec le cas Abidal, qui, lui, connaissait la sentence depuis déjà un bon moment. Les supporters peuvent se consoler en imaginant un Payet plein de gaz à la reprise et sûrement revanchard pour cette deuxième saison dont on attend beaucoup.

Reste le dossier Gignac. Différent bien sûr. Sportivement, sa saison à l'OM est irréprochable. Avec ses 22 buts toutes compétitions confondues, il a souvent porté ses coéquipiers à bout de bras et si l'Europe est au rendez-vous samedi soir, l'OM lui devra beaucoup. Son absence n'est donc pas dûe à son rendement sportif, même si des buteurs comme Rémy ou Lacazette peuvent faire valoir une polyvalence qu'APG n'a pas. Même s'il l'a déjà appelé chez les Bleus, Deschamps n'a certainement pas oublié non plus ses écarts de conduite dans les vestiaires d'un OM qu'il dirigeait à l'époque. Ecarts de conduite également fatals à un Nasri lui aussi irréprochable cette saison avec Manchester City, à l'inverse d'un Clichy qui, lui, n'a pas affiché un vrai niveau international. Certains évoqueront aussi la grande proximité entre APG et José Anigo, tous les deux opposants notoires à DD lors de son règne olympien, c'est d'ailleurs ce qu'insinuait son agent Jean-Christophe Cano il y a quelques mois. Le sélectionneur n'a certainement pas oublié le "savonnage de planche" qu'il dénonçait à l'époque et ceci peut expliquer cela, mais les rappels de Gignac en fin d'année dernière peuvent aussi démontrer le contraire. Difficile donc de savoir ce qu'il s'est réellement passé dans la tête de Deschamps au moment de rayer Gignac de sa liste. Peut-être simplement le fait de compter déjà deux pointes avec Benzema et Giroud, voire trois avec Rémy.

A 27 et 28 ans, Payet et APG peuvent donc réserver leurs vacances en temps et en heure, et se concentrer sur la prochaine campagne de qualification pour l'Euro 2016. Leur âge et leur talent le leur permettent, et un sélectionneur n'est pas éternel.

> Ecoutez l'avis de notre consultant Bernard Bosquier, ancien capitaine de l'Equipe de France, sur les non-sélections de Payet et Gignac dans la vidéo ci-dessous :