Payet, c'est quoi le problème ?

Deux petits tours et puis s'en va. C'est par cette pirouette, un peu rapide, que l'on pourrait résumer le début de saison de Dimitri Payet.

Recrue phare du mercato olympien, destiné à dynamiter le couloir droit de l'équipe d'Élie Baup suite à la saison décevante de Morgan Amalfitano, l'ancien Lillois avait bien démarré son aventure marseillaise avec deux pions et une passe décisive à Guingamp. Il remettait ça avec un nouveau but face à l'ETG une semaine plus tard. Du velours pour les recruteurs olympiens et de grosses espérances pour des supporters ravis de la tournure des évènements après une saison un peu terne sur le plan du jeu.
Seulement voilà, sept journées de championnat et deux tours de LDC plus tard, Dimitri semble trainer la patte, bien que titulaire indéboulonnable dans les onze de départ d'Elie Baup. Et si les oiseaux de mauvais augure nous alertant sur l'irrégularité du Réunionnais avaient raison ?

Surdoué mais irrégulier, c'était déjà dans l'air lors de ses premiers pas avec le FC Nantes, ce qui lui avait d'ailleurs valu une médiatique altercation avec Fabien Barthez à la Jonelière. Mais c'est à St-Etienne que Dimitri a véritablement explosé, connaissant du coup ses premières sélections avec les Bleus. Et c'est là-bas qu'il a évolué sous les ordres d'un certain Alain Perrin, que le Phocéen a consulté sur le sujet. Pour l'ancien coach olympien, c'est sous le capot que se situe le problème :"C'est un joueur qui a des qualités techniques au-dessus de la moyenne, de vitesse aussi, capable de faire la différence par les dribbles, la percussion et une grosse frappe de balle... C'est le moteur qui ne suit pas toujours. Il n'a pas un assez gros moteur pour durer 90 minutes, et surtout répéter les efforts avec la proximité des matches. C'est compliqué pour lui. Et sur le plan mental, il a encore besoin de faire des efforts sur la régularité et l'agressivité. C'est un esthète du ballon qui aime le beau jeu, mais qui n'est pas un joueur de combat...".

Pour le technicien d'Umm Salal au Qatar, la solution à ce problème de carbu passe par une prise de conscience du niveau de performance requis dans un club comme l'OM. Il précise également à l'adresse du mécano qu'un petit arrêt au stand de temps en temps n'est pas interdit, surtout pour un Payet qui tient plus de la petite japonaise nerveuse que de la grosse berline allemande : "Lorsque vous êtes à Marseille, confronté à l'adversité, vous êtes obligé d'élever votre niveau de jeu pour être concurrentiel dans la compétition. Dans un club moyen, vous pouvez surprendre l'adversaire. À Marseille, vous êtes toujours attendu... Ça, ça demande de l'énergie, et athlétiquement il n'a peut-être pas tout ce qu'il faut pour pouvoir répondre en permanence à cette exigence... Est-ce qu'il a les ressources énergétiques ? Est-ce que ce n'est pas trop dur ? On ne peut pas jouer à 120 % tous les trois jours, ce n'est pas possible."

Ça tombe bien, Dimitri sera suspendu dans huit jours à Nice, ce qui lui permettra de souffler à son retour de sélection. Par la même occasion, cela nous permettra sûrement d'en savoir un peu plus sur le moteur de l'autre recrue phare du mercato, Florian Thauvin.