On fait quoi avec Doria ?

Lors de l'annonce de sa signature, Doria (19 ans) était présenté par Vincent Labrune comme un crack d'envergure internationale. Le président expliquait qu'il avait dû jouer très serré pour l'arracher à Botafogo aux griffes des grands clubs pour une somme d'environ six millions d'euros. Pour la presse brésilienne, c'était plutôt dix, peu importe. Ce qui importe vraiment, et qui interroge, c'est que le crack ne joue pas. Pas une minute depuis le début du championnat. Nib, walou ! Les premières semaines, Marcelo Bielsa expliquait qu'il n'était pas qualifié du point de vue administratif, ce qui était vrai, pour des histoires de validation du transfert par la fédé brésilienne. Mais l'homologation a rapidement été confirmée par les instances françaises. Peine perdue, sa situation n'a pas plus avancé. Le banc... en long, en large et en travers.

Il faut dire que l'arrivée du jeune défenseur central a été plombée dans l'oeuf par la légendaire conférence de presse de Marcelo Bielsa : "J'ai appris l'achat de Doria le lundi après-midi, alors qu'il arrivait pour la visite médicale, expliquait l'Argentin début septembre. Je me suis opposé à son arrivée. L'arrivée de Doria, je n'ai pas pu l'analyser. Je n'ai pas pu donner mon opinion. Aucun joueur n'est arrivé sur ma décision". Et boum ! Un direct dans la mâchoire avant même de chausser les crampons. Il y a mieux comme débuts dans un nouveau club. De son côté, Doria, rassuré par ses dirigeants encore sous le choc de la déclaration du Loco, bottait en touche : "Pour être honnête, si je suis arrivé à l’OM, c’est sur les indications de Bielsa. C’est pour ça que ce qui se dit ne m’affecte pas du tout. Tout le monde m’a bien traité à Marseille. Ils m’ont souhaité la bienvenue. Et le président m’a même dit que c’était l’entraîneur qui avait demandé mon recrutement". Pas sûr, si l'on en juge son temps de jeu depuis.

Bien sûr, la révélation de Jérémy Morel dans l'axe, la résurrection de Nicolas Nkoulou et le replacement d'Alaixys Romao n'aident pas à se faire une place, mais mercredi dernier à Rennes, avec les absences et le turnover, tous les feux étaient au vert pour ses grands débuts. Et là encore, rien, le vide. 90 minutes sur le banc et une gueule des mauvais jours pour un Doria qui doit se rabattre sur les Espoirs brésiliens pour tâter un peu de compétition.

Interrogé une nouvelle fois sur le sujet vendredi en conférence de presse, Bielsa est resté droit dans ses baskets, sans plus développer : "Je ferai la même réponse qu'à chaque fois, les options pour faire ma charnière centrale ont été Nkoulou, Sparagna et Fanni pour le poste de central droit et Nkoulou, Sparagna et Doria pour le poste de central gauche. J'ai choisi ceux qui, selon moi, étaient en meilleure condition pour le match de Rennes. J'établis des comparaisons avec les joueurs que j'ai sous la main, et je choisis". (Sa déclaration en vidéo ci-dessus). On a bien compris que l'Argentin n'en dirait pas plus et qu'il serait bon de trouver un autre sujet pour les prochaines fois. Du côté de ses coéquipiers, on a aussi du mal à comprendre, ou plutôt, on loue les qualités du longiligne stoppeur carioca, à l'image de Rod Fanni : "J'aime beaucoup Doria. J'apprécie sa mentalité, il est très bosseur. Il peut beaucoup apporter à l'équipe".

En attendant, Doria commencerait à s'interroger sérieusement sur ce qui lui arrive, lui qui est déjà considéré comme un futur grand dans son pays. On l'a vu très touché à Rennes, et cela ne devrait pas s'améliorer à Lens, puisque Bielsa a d'ores et déjà affirmé que Fanni remplacerait Morel. Circulez, y a rien à voir ! De là à se demander s'il a bien fait de venir, il n'y a qu'un pas... "Je ne suis pas préoccupé par cette situation. Ça arrive à n’importe quel joueur au cours de sa carrière. J’apprends et j’observe avant de pouvoir jouer. Tous les joueurs veulent jouer. Je suis pareil. Je me prépare au maximum pour être prêt à la moindre occasion et ne plus sortir ensuite de l’équipe" explique le Brésilien sur le site officiel du club.