Monaco-OM : les deux "Projets Dortmund"
À trois jours du dernier grand choc des matches aller, le point sur cette rencontre très attendue entre deux équipes à très fort potentiel. Rafraîchissant !
En battant le Zenith St-Petersbourg 2-0 mardi dernier, l'AS Monaco n'a pas fait que se qualifier pour les huitièmes de finale de la Champions League, elle a aussi rendu un fier service au football français et donc peut-être à l'OM. Mais, en attendant, cette première place de poule obtenue par les Monégasques relève encore un peu la saveur du choc qui se profile, dimanche soir au stade Louis II. Car il s'agit d'un vrai choc, bien plus important que les douze points d'écarts entre les deux équipes ne le laissent paraître.
Évidemment, l'équipe de la principauté a loupé sa première partie de saison, ou l'a très mal commencée. Il faut dire que les coéquipiers de Jérémy Toulalan avaient des circonstances atténuantes. Tout d'abord, le limogeage de Claudio Ranieri, assez incompréhensible suite à une saison en tous points réussie. La classe et le sens tactique de l'Italien semblaient pourtant le rendre intouchable, mais pas pour les très discrets dirigeants monégasques qui lui ont préféré Leonardo Jardim. Ce dernier, entraîneur certes prometteur, mais sans réelles références, a bénéficié de la forte influence portugaise sur le rocher, incarnée par l'omnipotent agent Jorge Mendes, mais ses idées et ses résultats récents sont en train d'apparaître au grand jour. Autre circonstance atténuante, les départs soudains de deux des meilleurs joueurs de la planète : James Rodriguez (Real Madrid) et Falcao (MU), en plus d'un Abidal, il est vrai, en fin de course.
Mais en déplorant ces départs et en annonçant une catastrophe inévitable, on a oublié un peu vite que l'ASM dispose quand même d'un effectif de haute qualité. Dans les cages, l'international croate Subasic n'a pas grand-chose à envier aux meilleurs gardiens de L1. Derrière, Carvalho prouve chaque semaine qu'il n'a pas été un titulaire indiscutable à Porto, Chelsea et au Real pour rien. En son absence, Abdennour et le jeune brésilien Wallace ont été énormes face au Zenith (le Brésilien sera suspendu), et chez les latéraux, Fabinho et Raggi affichent actuellement un niveau international en l'absence de Kurzawa. Des absents, il y en a aussi au milieu, comme Geoffrey Kondogbia, mais le très jeune Bakayoko assure son rôle comme un chef, tout comme l'étonnant petit meneur portugais Bernardo Silva, 20 ans lui aussi, prêté par Benfica. Des chefs, justement, il y en a deux dans le cœur du jeu : Jérémy Toulalan et Joao Moutinho. Le premier est fidèle à ce qu'il fait depuis plus de dix ans. Il est partout, il tacle, ne perd pas le ballon et sait mettre le pied quand il faut. Il peut, de plus, glisser un cran derrière pour dépanner. Quant au second, il retrouve actuellement la classe qui faisait de lui le patron du milieu de Porto et de l'équipe nationale. Il possède l'art de jouer simple, ce qui est peut-être le plus compliqué.
Enfin, devant, les Monégasques ont perdu lourd mardi avec la blessure de Dimitar Berbatov. À 33 ans, le Bulgare n'est peut-être plus ce qu'il était, mais son incroyable facilité technique peut encore vous briser sur un contrôle ou un coup de patte. Tant mieux pour la défense marseillaise. Jardim aura tout de même du choix, avec Valère Germain, Anthony Martial ou Lucas Ocampos. Pas du deuxième choix. Sur les ailes, on ne présente plus les Dirar ou Ferreira-Carrasco. De la vitesse et du dribble de premier plan.
Bref, Monaco est en train de se (re)constituer une colonne vertébrale et peut faire mal à tout le monde dans ce championnat, leaders compris. Leur actuelle septième place ne correspond absolument pas à leur valeur sur le terrain et c'est ce qu'ils mettront un point d'honneur à démontrer dimanche, sous les yeux d'une principauté en émoi suite à la naissance des jumeaux princiers mercredi dernier. Un challenge à la hauteur de la troupe de Bielsa qui voit là l'occasion de consolider sa place de leader, bien sûr, mais aussi d'éloigner encore un peu plus un vrai concurrent au podium. Un concurrent également dans ce que l'on a appelé le "projet Dortmund", car Monaco, sans en avoir l'air, a aussi bâti une équipe très jeune avec des cracks entre 18 et 23 ans. La perspective d'un vrai grand match du dimanche soir. On en salive déjà !
> En vidéo ci-dessus, le Talk Show consacré à Monaco - OM.