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Marcelo Bielsa est-il OM-compatible ?
SaisonPublié le 08/04 à 07:00

Marcelo Bielsa est-il OM-compatible ?

Le technicien n'a pas encore signé à l'OM. Mais avant de l'imaginer avec le survêtement bleu et blanc, est-il compatible avec ce club si particulier ?

Contrairement au cahier des charges initialement pensé par Vincent Labrune dans la quête de son entraîneur idéal, Marcelo Bielsa ne parle pas français. Mais après tout, est-ce vraiment important ? Depuis quelques jours, tout Marseille parle le Bielsa, apprenant sur le bout des doigts les schémas tactiques et la vie de l'Argentin. L'excitation et l'impatience font souvent bon ménage lorsqu'un supporter s'apprête à vivre une expérience qu'il n'a que trop vu chez les autres par le passé. Mais attention à ce que l'aveuglement ne s'invite pas. Et parce qu'il existe différentes folies, différentes ferveurs selon le point de vue, autant bien se poser la question : Marcelo Bielsa est-il OM-compatible ?

Avec la direction ?

Bien que la proposition d'embauche qui a été remise au technicien ce week-end n'ai pas été rendue publique, il y a fort à parier qu'au niveau des prérogatives, ce ne soit pas vraiment ce qui était écrit dans le papier qu'a paraphé Elie Baup en juillet 2012. Si Vincent Labrune et José Anigo minimisent autant qu'ils peuvent le mécontentement des supporters, ils sont conscients que leur situation devient délicate. Quand le président assure qu'il fait tout pour s'assurer la venue d'un grand coach, il sous-entend également qu'il est prêt à mettre en sourdine ses envies d'être le roi du mercato français. Quand il regarde son bilan sur les trois dernières saisons, depuis son accès à la fonction suprême, Labrune sait qu'il a été le plus performant lors de l'opération dégraissage avec la gestion des départs d'Azpilicueta, MBia, Diarra, Brandao puis Rémy et Kaboré. Anigo souhaitant avant tout "être heureux" selon les dires de son supérieur hiérarchique, Bielsa devrait pouvoir bénéficier de coudées franches. Tout du moins au début et s'il a des résultats. Ensuite, il faudra voir s'il accepte qu'on s'attribue un peu son succès, une tradition locale, qu'il a cependant déjà connue en Argentine.

Avec les joueurs ?

Les exigences du technicien ne sont pas uniques au monde. Guardiola, pour ne citer que lui, demande les mêmes. Mais si le technicien du Bayern y arrive en lieu et place de tous les autres, ce n'est pas seulement parce qu'il énonce l'idée. Il faut convaincre tout un vestiaire de presser comme des damnés à chaque perte de balle. Est-ce possible dans un vestiaire où l'on regarde le destinataire avant de faire une passe et où l'on passe ses nerfs sur une porte quand on apprend qu'on sort à la mi-temps ? C'est la plus grosse interrogation. Exigeant avec ses joueurs, Deschamps avait dû composer avec un directeur sportif qui conseillait à certains de ses éléments de lever le pied, comme le rapportait La Provence récemment. Si Bielsa apparaît comme l'unique patron du sportif, il a une chance de tirer, enfin, la quintessence des jeunes pépites recrutées en 2013.

Avec la formation ?

Formateur dans l'âme, Bielsa a réussi à faire éclore des phénomènes un peu partout où il est passé, de Gabriel Batistuta à Alexis Sanchez en passant par Iker Muniain. Pourquoi pas à l'OM, alors que les jeunes pousses locales ne cessent d'être ignorées ? C'est une opportunité à saisir, mais elle ne viendra que dans un second temps. C'est d'abord au technicien à impulser une dynamique, par des résultats et un style, et aux espoirs de se fondre ensuite plus facilement dans le moule.

Avec les supporters ?

De par sa nationalité, Bielsa débuterait avec un avantage certain. L'exemple récent de Lucho, pas vraiment exaltant ses six premiers mois, en atteste. Un joueur suisse sans tatouages n'aurait peut-être pas eu un chant personnalisé au bout de deux passes décisives. Si les anecdotes croustillantes sur Bielsa se succèdent en ce moment, elles le sont après coup. Pas le fruit du hasard, sur le moment. Bielsa tient à protéger son vestiaire, quitte à se montrer aussi peu glamour qu'Elie Baup en conférence de presse. Et il ne faudra pas compter sur lui pour s'épandre sur les plateaux télés. L'homme ne donne pas d'interview en dehors des points presse, officiellement pour ne pas faire de différences entre petits et grands médias. Mais cela tombe plutôt bien : lassés par les exercices de communication, les supporters veulent du jeu et rien d'autre.