Le paradoxe André Ayew
Il a cristallisé une partie des critiques l'an passé pour son manque de percussion, et cette année ?
Être joueur de football est un métier parfois compliqué. Vous passez en effet rapidement de la lumière à l'ombre ou de l'ombre à lumière au bénéfice d'une action complètement manquée ou totalement réussie... Certains rétorqueront que vu le pognon que ces messieurs gagnent, on ne va pas pleurer sur leur sort... pas totalement faux.
C'est un peu ce qu'a connu André Ayew. Lui qui fait partie "des bijoux de famille", pour reprendre l'expression de Pape Diouf, qui était l'âme de l'équipe il y a deux ans, est passé à un statut de travailleur infatigable, mais manquant cruellement de percussion. Dès lors, nombre de supporters se sont interrogés sur ses réelles qualités ou son apport concret à l'équipe olympienne. Il faut dire que lorsque son pendant se nomme Morgan Amalfitano, il y a beaucoup de boulot effectué par les joueurs de couloir, mais beaucoup moins de créativité... Le rendement offensif s'en ressent forcément.
Oui, mais voilà, la donne a changé. Un certain Dimitri Payet est arrivé pour occuper le couloir droit et partager les clés de l'animation offensive avec Mathieu Valbuena. Si on rajoute l'arrivée d'Imbula qui se projette énormément vers l'avant sans compter les débordements incessants de Benjamin Mendy, on constate que l'équipe est beaucoup plus portée vers l'offensive. Quid de A.Ayew dans tout cela ? Il ne percute toujours pas autant qu'un Alessandrini ou qu'un Thauvin. Mais le football est un sport d'équipe et le collectif a besoin de joueurs aux profils complémentaires. Dès lors, on peut imaginer aisément que lorsque Benjamin prendra son couloir gauche pour effectuer un amour de centre dont il a le secret, A.Ayew pourra sans difficulté compenser en coulissant dans une position plus reculée et ainsi apporter un équilibre précieux à l'équipe.
Le paradoxe dans cette histoire, c'est que ce joueur décrié hier pour son manque de percussion va être indispensable aujourd'hui pour assurer la cohérence défensive de son équipe, occupant un poste hybride dans le couloir offensif gauche plutôt comme un troisième milieu de terrain, poste qu'il affectionne, que comme un attaquant. Concluons en disant que n'étant plus le centre des attentes des supporters sur le plan de la créativité offensive, ces derniers vont pouvoir apprécier à leur juste valeur ses qualités naturelles que sont sa combativité, sa mentalité de gagneur et de leader. N'oublions pas tout de même sa capacité à être présent dans la surface et son timing hors norme dans le jeu aérien, car on en oublierait presque qu'il a marqué 12 buts et effectué 3 passes décisives l'an passé. Ayew est loin d'être seulement un porteur d'eau ou un travailleur de l'ombre. Il peut être aussi bougrement décisif !
La grande majorité des joueurs est dépendante du système de jeu et des partenaires avec lesquels ils évoluent pouvant tour à tour, avec les mêmes qualités, être considérés comme des points faibles ou comme des points forts...