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Gignac et l'OM : la série de l'année
SaisonPublié le 10/12 à 07:00

Gignac et l'OM : la série de l'année

La situation de l'attaquant, en fin de contrat en juin prochain, est plus passionnante à suivre qu'une série télévisée.

Après tout, c'est ce qui fait le sel de l'OM. Des histoires sur-commentées, à multiples rebondissements, mais dont la véritable version n'est jamais révélée, même des années après. Qui peut dire aujourd'hui qu'il connaît la réelle raison du départ d'Eric Gerets ? Dans ce monde où le bouche-à-oreille est roi et les sources, officieuses mais toujours bien placées, sont légion, une simple saison de football équivaut à 24 épisodes d'une série où l'on ne s'ennuie jamais. Force est de constater que la dernière saison phocéenne part sur de très bonnes bases narratives : après "Joey Barton, le prêté qui veut rester à vie à l'OM" et "qui sera l'entraîneur du projet Dortmund ?", le "Gignac va-t-il prolonger dans le club de son coeur ?" a démarré sur les chapeaux de roue.

"Previously on..."

Résumé des épisodes précédents. Lorsqu'il signe à l'OM, André-Pierre Gignac clame ce qu'il a toujours clamé : qu'il a le sang bleu et blanc. Il a aussi, du coup, un salaire de 300 000 euros brut et une pancarte d'un transfert à 18 millions d'euros dans le dos. C'est que les dirigeants marseillais n'ont cédé Niang à Fenerbahçe qu'à la mi-août et que la piste menant à Luis Fabiano à Séville a échoué. En position de force, Olivier Sadran, le président de Toulouse, négocie donc un paiement échelonné pour céder son attaquant au prix fort. Gignac fait une première saison moyenne, mais juré, la seconde sera meilleure, le club compte même bâtir la nouvelle équipe autour de lui. Cependant, au dernier jour du mercato 2012, le club l'envoie à Fulham pour négocier un prêt. Amauri doit le remplacer à l'OM. Mais l'information fuite dans la presse le matin. L'agent de l'Italo-brésilien en profite pour faire monter les enchères. Labrune refuse de céder. Gignac est du coup de retour à Marseille, plus défiant que jamais envers le coach qui a voulu s'en débarrasser au dernier moment. La saison sera galère, le joueur devant aussi se battre avec une pubalgie. En fin d'exercice, il confie tout de même à des proches : "La saison prochaine, je vais marquer des buts. La suivante aussi. Et à la fin, ils me prolongeront". Dès les premiers mois de sa troisième année, il parvient à retourner le public en sa faveur. Il termine la saison avec 18 buts, sans tirer les penalties, et en ayant été blessé deux mois au pied. Mais son staff rêve à l'intersaison de le remplacer par Bafétimbi Gomis. Gignac connaît bien le natif de La-Seyne-sur-Mer depuis le plus jeune âge. Il accuse le coup et traverse un automne compliqué. Mais il se remet vite à marquer. Fin mars, Labrune assure qu'il va parler de sa situation avec son agent plus tard, que ce n'est pas la priorité du club. Il est peut-être trop tard : Gignac finit la saison avec 22 pions au compteur, et il n'est plus qu'à douze mois de la fin de son contrat.

Le dernier épisode

Premier arrivé ou presque pour la préparation, le buteur repart sur les mêmes bases. Il sait que son cas fait forcément parler mais il ne s'étale pas sur le sujet. Bon client mais rare avec les médias, il sait comment mener la danse. Mardi dernier, une interview de lui dans un média italien est dévoilée. La petite annonce auprès des écuries italiennes passe mal chez les supporters de l'OM. Alors, le soir même, Gignac soigne le message en zone mixte, après le nul à Lorient. Il le complète par une apparition dimanche après la victoire contre Metz dans le debrief sur Canal+À chaque fois, une constante, le maintien de Bielsa, qui pourrait être un des paramètres qui l'inciteraient à rester et à prolonger son contrat. C'en est trop pour la direction du club, qui explique, via un "dirigeant de l'OM", sur RMC : "C'est uniquement de la com'". Pourtant, quelques lignes plus loin, la stratégie de l'état-major est dévoilée, via une déclaration de Vincent Labrune : "Sportivement, la question ne se pose pas : je prolonge Gignac. Il est quand même à 12 buts en 17 matches ! Et même avec la qualité de Batshuayi, on ne peut pas fonctionner avec un seul avant-centre. Si on perd Gignac, cela m'obligera, quoiqu'il arrive, à acheter un autre attaquant. Donc, l'enjeu n'est que financier". Le message est clair et peut se traduire ainsi : "Nous on veut bien prolonger Gignac, mais on ne peut mettre que 200 000 euros par mois, donc s'il aime vraiment l'OM..."

Fin à rallonge ?

Le meilleur coup de communication, c'est donc peut-être celui qui consiste à faire croire que c'est l'autre qui en fait un. Ce n'est pas spécifique à Marseille. Mathieu Flamini et Arsenal, David Beckham et le Real Madrid, Michael Ballack et le Bayern Munich : nombreux sont les clubs et les joueurs à avoir joué au ballon prisonnier, en ne cessant de se renvoyer la balle dans les derniers mois de leur engagement. Entre Gignac et l'OM, les discussions vont donc se poursuivre, aussi par voie de presse, entre rumeurs de transferts (Galatasaray pourrait dans les prochains jours lui proposer un salaire de quatre millions d'euros par an selon Football365.fr) et déclarations en "off". Chacun essaiera de faire comprendre du mieux possible sa décision au public, qui ne saura jamais vraiment le fin mot de l'histoire sur les intentions initiales des uns et des autres. Comme dans les bonnes séries. Ou comme avec Eric Gerets.

> Retrouvez dans la vidéo ci-dessous la mise au point de Gignac sur son avenir après le match à Lorient.