Blog : Loco ! Loco ! #myOM

Thierry B Audibert, membre de la communauté phocéenne, propose sa vision de la situation après la semaine agitée que vient de connaître l'Olympique de Marseille.

"C'est peu de dire que la conférence de presse de Bielsa aura eu l'effet d'une bombe sur le tableau opaque de notre football national. L'Argentin en moins d'une heure nous a décalaminé tout çà ! Il est intéressant de voir comment se positionnent les uns et les autres.

Si la presse, par l'intermédiaire de ses leaders, incite maintenant "Labourne" à rappeler son autorité en écartant le rebelle, le peuple bleu et blanc dans son ensemble et presque comme un seul homme se range derrière l'entraîneur.
La situation est assez unique et prouve une nouvelle fois que non, l'Olympique de Marseille n'est définitivement pas un club comme les autres, ce qui avouons-le vient tout aussi bien flatter notre fierté que nous emboucaner à la marge.
En essayant d'y voir clair dans ce pastis qui pourrait peser sur les performances de l'équipe, souhaitons que non, on perçoit ce qui peut se passer dans les prochains jours.
Nous nous réjouissons tous de la prise en main de l'équipe par ce coach atypique, fiévreux, passionné, méthodique, mais nous devons nous souvenir que c'est à Vincent Labrune que nous devons sa présence.
Ceci étant dit, nous aurions voulu lire autre chose dans ce choix judicieux que la simple envie de se sortir d'une impasse personnelle par la création d'une parenthèse sans lendemain. Bielsa n'était pas homme à s'embarquer dans une aventure sans l'élaboration et sans sa participation active à un projet fort et clair.
Si Bielsa a exprimé sa déception de ne pas voir l'effectif se dessiner selon les contours qu'ils avaient défini ensemble, rien à ce jour n'indique que l'homme de main de Margarita ne s'est pas efforcé de donner satisfaction à son entraîneur.
Les premiers mots de Labrune passeront sûrement par une série d'explications, joueur par joueur, établissant certaines difficultés à acter les arrivées souhaitées, soit en raison d'un budget trop limité, ou bien de la fameuse taxe à 75% qui agit comme un épouvantail rendant notre championnat beaucoup moins attractif.
Mais on ne comprend pas pourquoi le président n'a pas tenu informé son entraîneur de façon serrée. Comment a-t-il pu laisser un tel homme, dont il connaît pourtant les exigences, au point qu'on dit que Bielsa lui fait peur, en dehors des informations basiques que celui-ci était en droit d'obtenir avant tout le monde ? On veut bien que le mercato soit un moment intense et chronophage, mais pas au point de dispenser celui qui le pilote de témoigner son respect au personnage le plus important du club après lui.
Labrune estime peut-être que le club appartient à la famille Louis-Dreyfus, point final, ce qui l'exonère de rendre des comptes aussi bien à son entraîneur qu'à ses supporters.
Disons-le tout net, s'il donne cette impression par le moindre de ses propos dans ses prochaines interventions, il va déchanter rapidement et le club deviendra vite ingouvernable.
Le choix de Bielsa était le bon, pourquoi ne pas l'avoir accompli jusqu'au bout ?
Pour ce qui est de Bielsa, on peut se poser la question de l'opportunité de ce déballage.
Je fais partie de ceux qui pensent qu'il a bien fait.
Cet homme agit en toute intégrité, ce que les médiocres qui se sont placés dans tous les cercles de pouvoir ne peuvent pas admettre, porteurs qu'ils sont de notions élastiques et toutes personnelles du concept de vérité. Guy Béart dans sa chanson le disait déjà : "le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté", et si l'on suit leur raisonnement, Bielsa devrait prendre la porte.
Il n'en est pas question !
Ce que recèle la conférence de Bielsa c'est que la première chose à faire pour remettre l'Olympique de Marseille sur les rails est de placer la Vérité au cœur de ses processus. L'épisode du loft est détestable. Une véritable hérésie du point de vue du management. Bielsa a envoyé un message clair à ses joueurs qui pouvaient en douter, il n'est pour rien dans cette gestion humaine désastreuse, ce qui devrait un peu plus les rassembler autour de lui, je veux y croire. Il reste ensuite à ceux qui auront compris dans le même temps, s'ils ne le savaient pas déjà, qu'ils n'entraient pas dans ses choix de tenter de se placer à la hauteur de ses exigences, qui sont aussi les nôtres.
Que la Bonne Mère fasse maintenant que Bielsa reste en place.
Cet homme qui met le football au-dessus de tout nous a fait l'honneur de prendre en main les destinées de notre équipe. Nous voulons voir ici, dans notre écrin somptueux du Vélodrome et sur toutes les pelouses du championnat, la mise en place de ses idées et de son travail. Nous voulons une équipe qui en soit une, unie dans l'effort, la créativité et la performance. Fougueuse. Une équipe qui nous ressemble.

Pour cela, nous demandons à Bielsa de rester et de continuer à demander plus de moyens.
À Labrune et Margarita nous demandons à ce que les besoins de Bielsa en terme d'effectif soient satisfaits dès le prochain mercato.
Qu'il n'y ait surtout pas de retour en arrière.
Et tant pis si cet homme génial nous rend tous "Loco, Loco, Loco", comme dans la chanson du marseillais El Chato (oncle de Pancho Abardonado), avec lequel pour la petite histoire nous avions remporté le doublé coupe-championnat dans le championnat de Marseille FSGT en minimes pour notre club de La Maurelette, cité des quartiers Nord. C'était il y a 40 ans, El Chato jouait gardien de but.

Vive le grand Marcelo Bielsa... et le grand Roger Magnusson !"

Thierry B Audibert