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Blog : Jean Ferrara nous a quittés
Autour de l'OMPublié le 26/03 à 10:12

Blog : Jean Ferrara nous a quittés

Le blog de Thierry B. Audibert

Notre club, l'Olympique de Marseille, vient de perdre l'un de ses chantres les plus importants de ces 50 dernières années. Jean Ferrara nous a quittés sans bruit, au début d'une trêve internationale qui doit se terminer par ce classico qui le faisait vibrer à l'avance, lui qui avait l'Olympique de Marseille au plus profond du coeur, ce club dont il a contribué par ses écrits à forger et diffuser le mythe dans l'esprit des aficionados du département. C'était l'époque où tout marseillais amateur de foot qui se respecte commençait sa journée par l'achat de son quotidien régional et se dirigeait direct vers les pages consacrées au club, avant un peu plus tard de lire les deux autres journaux au bistrot. C'était bien avant internet.

Jean Ferrara officiait au Provençal, il termina au Soir et à Radio Maritima. Avec ses collègues du Méridional et de la Marseillaise, il donna bien des tourments aux présidents, entraîneurs, joueurs, qui se succédèrent à la tête du club quand les uns et les autres ne se montraient pas en situation de placer l'OM au plus haut. La presse sportive marseillaise faisait alors la pluie et le beau temps. Il s'était formé au contact des plus grandes plumes du Provençal, Lucien d'Apo et Maurice Fabreguettes, entre autres. Il fût l'ami de toutes les stars qui portèrent le maillot blanc, écrivant un livre sur deux d'entre eux : Skoblar et Papin. Des ouvrages qui s'arrachèrent. C'était le temps du bonheur.
Par je ne sais quelle force obscure, une grande partie de ce que la vie avait donné à "Jeannot", elle le lui a repris de manière implacable. Ce fatal 5 mai 1992, alors que devait se jouer au stade de Furiani la très attendue demi-finale entre Bastia et l'OM. Il fit partie, avec ceux qui rendirent l'âme ce soir-là, des plus grosses victimes de la catastrophe. Il eut droit à une vie sauve grâce à une exceptionnelle constitution gagnée au prix d'années de culturisme, mais une vie cassée, les opérations plus douloureuses les unes que les autres s'enchainèrent presque sans fin. Il n'est d'ailleurs pas insensé de dire qu'avec son départ, ce drame affreux, encore très présent dans la mémoire de tous, vient de livrer son dernier décès. Furiani signa le début d'une descente aux enfers seulement adoucie par l'amour des siens. Car Jean aura par la suite beaucoup souffert, physiquement et psychologiquement (il expliqua tout cela en détail sur son blog), mais il surmonta une grande partie des évènements dramatiques qui se succédèrent grâce à une impressionnante force de caractère. Il n'y a pas si longtemps, il avait eu le plaisir d'être arrière-grand-père.

On venait de lui souhaiter son anniversaire.L'ami Yvon, particulièrement bien inspiré de lui avoir rendu visite la semaine dernière me l'avait signalé en bonne forme malgré des problèmes de connexion internet, ce qui m'avait réjoui, car j'avais déjà cru les dernières heures de Jeannot arrivées quand je le vis cloué sur un lit d'hôpital à Apt, il y a quelques années, avant qu'il ne revienne à Cassis tout d'abord, à Marseille ensuite, mais je m'en veux d'avoir été particulièrement absent ces derniers mois.

À ses fils, ses belles-filles, ses petits enfants, je présente mes plus sincères condoléances, désolé de ne pouvoir être à leurs côtés pour l'inhumation de ce jour. J'aurais heureusement eu le plaisir de dire à Jean que je lui devais sûrement une partie de ma passion pour l'OM, et que j'aurais appris à lire dès mon plus jeune âge avec ses articles quotidiens sur le club. Nous sommes dans la région plusieurs milliers dans ce cas, tous un peu orphelins de MR Jean Ferrara. Ses billets sur les matchs que certains continuaient de lire sur son blog étaient des modèles. Ils étaient solidement charpentés, mais leur structure ne se laissait pas voir facilement. Il n'avait pas son pareil pour créer un agréable rapport de proximité avec ses lecteurs. Il ne laissait aucun détail en route. Je n'ose pas demander à ce qu'une minute de silence soit observée en sa mémoire, car l'institution, surtout ceux qui la dirigent, ne semble pas en être trop affublée. Ce serait bien qu'on donne son nom à la tribune de presse du Vélodrome. Nous partagions avec Jean la même admiration pour Roger Magnusson dont il disait que c'était finalement le joueur qui l'avait le plus impressionné. Il s'était spontanément inscrit sur la page facebook que j'avais lancé pour que l'OM invite le suédois pour son 70e anniversaire. 

Jean, je penserai à toi tant que j'aimerai l'OM... jusqu'à la mort qui emporte tout.

Thierry B. Audibert

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