Bielsa, vraiment suicidaire ?

Dans les minutes qui ont suivi la déroute face à Lorient, vendredi dernier au Vélodrome (3-5), le mot est revenu à plusieurs reprises. Marcelo Bielsa est donc "suicidaire". Un terme déjà utilisé cette saison, notamment lors de sa fameuse conférence de presse du mois de septembre, où il s'en prenait à son président de manière inédite, surtout pour un entraîneur fraîchement arrivé. Aujourd'hui, on ne parle plus de sa fronde face à l'autorité, mais de ses choix tactiques, désormais décriés à tous les matches.

"Bielsa est trop rigide", "Bielsa ne sait que s'adapter au schéma adverse", "Bielsa ne fait pas jouer Doria", "Bielsa protège Thauvin"... bref, pour ses détracteurs, l'Argentin va dans le murs avec ses principes, et l'OM avec. Les consultants du Talk Show se sont posé la question, et les avis sont partagés.

D'un côté, Bernard Rodriguez, se voit conforté dans ses prévisions, qu'il assène depuis le début de la saison : "J'aurais préféré me tromper, mais pour moi, cette équipe n'a pas progressé dans son organisation, elle a même régressé. Regardez Ripoll à Lorient ! Son 4-4-2 ne marchait plus, il a changé et a choisi de contrer au Vélodrome. Il sait que l'OM attaque avec beaucoup de joueurs, il n'est pas bête". Autre reproche entendue vendredi, le positionnement d'André Ayew au poste de latéral gauche. Une curiosité qui aurait fait jaser dans le vestiaire.

Dans l'autre sens, Thierry Trésor refuse de voir l'Argentin porter seul le fardeau de la défaite : "On dit Bielsa suicidaire, peut être, mais contre Lorient ce sont surtout les joueurs que j'ai vus suicidaires". Il est évident que Bielsa n'est pas à l'origine des innombrables erreurs individuelles produites face aux Merlus, et plus généralement, des carences individuelles de l'effectif. Mais on peut reprocher à au coach marseillais une certaine rigidité, y compris face aux demandes de ses joueurs.

Florian Germain, suiveur de l'OM pour RMC, rapporte sur le plateau du Talk cette confidence recueillie à la mi-temps d'OM-PSG : André Ayew et André-Pierre Gignac seraient allés voir Bielsa pour lui dire que l'équipe ne s'en sortirait pas avec le marquage individuel. Conséquence ou pas, les deux joueurs, qui pourtant avaient fait une grosse première mi-temps, sont sortis peu après. Preuve en tous cas que l'Argentin reste fidèle à ses principes, contre vents et marées, voire parfois contre l'évidence.

Cette rigidité, que l'on appelait simplement "méthode" il y a encore quelques semaines, est en train de se retourner contre l'Argentin, au fil des défaites. Phénomène somme toute normal dans ce cas-là. Mais de là à l'accuser d'aller dans le mur volontairement, il y a un pas que l'on ne franchira pas. Hors de question de lui faire porter le chapeau tout seul.